Développez votre boussole sensorielle
Avoir les sens aiguisés ne sert pas uniquement à accéder pleinement aux plaisirs de la vie.
Des sens affûtés nous permettent également de mieux ressentir les messages que notre corps nous envoie. Et par extension, d’avoir une meilleure conscience de ce qui est bon pour nous et de ce qui ne l’est pas.
Si les sens déclinent avec l’âge, il est important de garder en tête qu’ils se comportent comme nos muscles : si nous les négligeons, ils s’émoussent !
Voici donc comment les muscler pour en faire de véritables boussoles, à tout âge.
Vos sens sont un don de la nature inestimable
Nos sens font un peu partie des meubles comme on dit.
Je veux dire par là que nous ne mesurons pas toujours leur importance.
Nous sentons, nous entendons, nous touchons, nous voyons, nous goûtons, sans vraiment réaliser à quel point ces dons de la nature sont merveilleux et irremplaçables.
Pourtant, notre survie et notre apprentissage du monde en dépendent. Ce n’est pas rien.
C’est souvent à l’occasion de la perte de l’un d’eux que nous réalisons à quel point ils sont importants et le vide que leur absence laisse dans notre existence.
Inexorable déclin ?
Une étude1 menée par des chercheurs de l’université de Chicago révèle l’étendue du déclin sensoriel chez les personnes seniors.
94% des 3000 participants, âgés de 57 à 85 ans, présentent au moins un déficit sensoriel, 38% au moins deux, et 28% au moins 3 !
Le sens le plus souvent impacté est le goût (74% des participants affichent un déficit).
Le toucher est également concerné : seuls 30% des sujets de l’étude conservent un sens normal du toucher, et il est très réduit chez 32%.
Cette érosion des sens ne se résume pas à un inconfort, elle peut générer de réels problèmes de santé.
La perte de goût, par exemple, expose aux risques d’intoxications alimentaires, un odorat moins aiguisé nous prive d’un système d’alerte important (songez à une fuite de gaz que vous ne percevriez pas).
Plus inquiétant encore, les chercheurs envisagent la dégradation des sens comme les prémices du déclin cognitif2.
En effet, l’information sensorielle participe à la conscience de notre propre corps, en délimitant ce qui est soi de ce qui est extérieur à soi.
Lorsque nous touchons un objet, nous prenons conscience de la part de nous-même qui touche cet objet et l’expérience tactile nous apprend autant sur nous-même que sur l’objet touché.
Perdre ses sens c’est se perdre soi-même et se détacher du monde.
A méditer.
L’alimentation et le yoga pour préserver sa vue
Voici quelques pistes pour préserver la santé de vos yeux :
- N’abusez pas des écrans.
- Protégez-vous des UV en portant des lunettes de soleil dès que la luminosité est trop forte.
- Surveillez votre tension pour éviter de fragiliser les vaisseaux de vos yeux.
- Évitez à tout prix la cigarette, dont les effets oxydants fragilisent vos yeux.
La macula est la zone centrale de la rétine où convergent les rayons lumineux. Elle est composée de photorécepteurs visuels appelés « cônes » qui permettent la précision de la vision ou encore la distinction des couleurs.
La macula de nos yeux est très riche en pigments composés notamment de lutéine et de zéaxanthine.
Ces deux caroténoïdes antioxydants sont donc essentiels pour garder une bonne vue.
Vous les trouverez dans :
- les légumes vert foncé (chou vert, épinards, persil, cresson, brocoli, poivrons…) ;
- les aliments de couleur jaune orangée (kaki, pêche, oranges, baies de goji, tomate, courges…) ;
- le jaune d’œuf.
On les trouve aussi dans des compléments alimentaires :
- 6 mg de lutéine par jour en prévention ;
- 10 à 15 mg de lutéine ou 10 à 20 mg de zéaxanthine par jour pour ralentir la progression d’une DMLA.
Le yoga (ou le Qi-Gong des yeux) est également un excellent moyen de préserver la vision. Il permet de muscler, renforcer, vasculariser, apporter une meilleure convergence, lubrifier et détendre les yeux.
Vous trouverez facilement sur YouTube des vidéos gratuites qui vous permettront de faire quelques exercices quotidiens3.
Les Editions Nouvelle Page ont également créé un programme de stimulation de la vision qui rencontre un succès incroyable. Vous pouvez le découvrir ici.
L’ouïe ça se muscle !
Les principales causes de surdité sont les otites à répétition, les atteintes vasculaires ou les traumatismes sonores.
Évitez au maximum de vous exposer à des bruits trop forts, notamment la musique au casque ou avec des écouteurs. Cette pratique, fort appréciée par les plus jeunes d’entre nous, présage d’une génération de futurs durs de la feuille !
Quelques conseils pour préserver votre audition naturellement :
Le toucher, le plus délicat des plaisirs
Les pathologies affectant le système nerveux central (accidents vasculaires, pathologies dégénératives, sclérose en plaques,…) peuvent affecter le toucher, et de façon plus courante ce sont les problèmes dermatologiques (séquelles traumatiques comme les brûlures, escarres, mycoses, zona et autres infections cutanées, …) qui sont en cause.
Que ce soit pour le développer ou le restaurer, il convient d’expérimenter le toucher en pleine conscience chaque jour.
Pour cela vous pouvez prendre un moment pour :
Alternez le chaud et le froid. Vous pouvez le faire sous la douche par exemple.
Pratiquez une activité qui fait appel au toucher : modelage, musique, cuisine (rien de plus agréable que de malaxer une pâte à pain !)
Le goût et l’odorat, une question d’éducation et de rééducation
La Covid a remis en lumière la dysgueusie (perte du goût) et l’anosmie (perte d’odorat) mais ce sont des sens fragiles qui s’émoussent facilement pour diverses raisons (maladies, médicaments, âge, tabagisme, alcoolisme,…).
Là encore, un entraînement régulier permet de retrouver des sensations que l’on croyait perdues.
Elle est basée sur les travaux de Thomas Hummel, chercheur à l’université de Dresde, grand spécialiste des troubles de l’odorat. Il s’agit de sentir quatre flacons d’huiles essentielles (citron, clou de girofle, géranium rosat et eucalyptus) le matin et le soir pendant douze semaines. Le protocole a fait l’objet d’une étude4 qui a permis à 73 % des patients d’obtenir une amélioration significative de leur trouble sous 28 jours ou plus. J’ai écrit une lettre complète sur ce sujet que vous pouvez consulter ici.
L’application Covidanosmie.fr est gratuite. Vous y trouverez toutes les informations pour entamer cette rééducation. Vous pouvez commander le kit de rééducation, pour 4 mois, en pharmacie ou directement via l’application.
Nous consommons trop souvent les mêmes aliments si bien que nous avons perdu l’habitude de surprendre nos papilles gustatives. C’est pourtant le seul moyen de les stimuler et de les renforcer.
Amusez-vous à préparer des pots contenant des herbes fraîches et des épices entières : curry, poivre, cumin, basilic, persil, menthe, …
Faites de même avec des aliments qui présentent les différentes saveurs : sucrée, acide, amère et salée.
Il ne vous reste plus qu’à faire travailler vos sens. Gardez en bouche les différents aliments que vous aurez choisis. Comment leur saveur évolue en bouche ? Sauriez-vous les reconnaître les yeux bandés ? Si vous les mélangez, arrivez-vous à les distinguer séparément ?
A force de pratique, vous verrez que votre sens du goût va s’affiner.
Nos sens nécessitent un entretien quotidien pour ne pas se détériorer.
Cela demande un peu de temps, mais les pratiques que j’ai évoquées avec vous présentent l’avantage de procurer du plaisir en même temps qu’un mieux-être. Ce n’est pas le cas de toutes les thérapies alors profitez-en, et n’oubliez pas : toujours en pleine conscience !
Et vous, où en êtes-vous avec vos sens ? Sont-ils toujours aussi aiguisés ? Pensez-vous à les entretenir ? Quels sont vos conseils à nos lecteurs ? Donnez-les en commentaire de ce message.
A bientôt,
Laurent des éditions Nouvelle Page