Chers amis,
Quand on parle de santé aujourd’hui, on ne parle, Dieu merci, plus seulement d’un bien-être physique. Il est maintenant acquis que la bonne santé est à la fois physique mais aussi émotionnelle, voire spirituelle.
C’est d’ailleurs la définition qu’en a retenu l’OMS depuis 1946 : « un état de complet bien-être physique, mental et social » qui « ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »1
J’aime à penser que nous devons cette définition large de la santé à la pionnière de la médecine occidentale moderne : Hildegarde de Bingen.
Léonard de Vinci, version féminine
Hildegarde était une humaniste avant l’heure, à la manière d’un Léonard de Vinci, version féminine.
S’intéresser à cette femme hors du commun, c’est se plonger dans les sciences, les arts, la médecine et la spiritualité.
Car Hildegarde de Bingen était tout à la fois : abbesse, astrologue, femme politique, scientifique, éducatrice, musicienne de grand talent, et naturopathe avant l’heure !
En 1106, elle entre au couvent des Bénédictines de Disibodenberg, en Rhénanie, à l’âge de huit ans. Elle y suivra son instruction puis prendra le voile à quatorze ans (le 1er novembre 1112).
À 38 ans, elle en devient l’Abbesse (Mère supérieure), et cinq ans plus tard elle reçoit de Dieu l’ordre de mettre par écrit les visions qui l’accompagnent depuis son enfance.
Selon ses dires, ces visions ne surviennent pas dans l’extase mais dans un état éveillé. Elle évoque « quelque chose comme un nuage lumineux dans lequel je vois des images et j’entends des mots ».2
Hildegarde prétend recevoir alors un aperçu des mystères de la création et des forces curatives de la nature.
Mais elle ne prétend pas avoir le pouvoir de guérir. Selon elle, c’est bien Dieu qui soigne par son entremise.
Pour soigner l’âme, il faut retrouver le chemin de la vertu
Pour Hildegarde de Bingen, l’état naturel de l’Homme est la santé.3
C’est en se perdant sur le chemin du péché qu’il devient malade.
Tout comme de mauvais aliments finissent par polluer l’organisme et provoquer la maladie, l’être qui se perd dans le péché et les errances corrompt son âme, se coupe de Dieu, et dépérit peu à peu.
Pour retrouver le chemin de la santé et de l’harmonie, il faut d’abord renouer avec une vie vertueuse.
Pour nous qui vivons dans un monde laïc, cette vision de la santé spirituelle peut paraître dépassée.
J’y vois pour ma part quelque chose de tout à fait moderne : vivre une vie vertueuse, c’est vivre une vie orientée vers le bien et en accord avec son cœur.
En toutes choses, soyez joyeux !
Hildegarde de Bingen est très attachée au bien-être psychologique.
Selon elle, notre santé ne peut s’épanouir sans un élément fondamental : la joie.
L’Abbesse porte un regard attentif sur tout ce qui conditionne notre tristesse et notre joie de vivre.
Pour elle, la santé n’est pas forcément l’absence de maladie, elle tient plutôt en une célébration de la vie, en une capacité à vivre et à faire le bonheur.
Elle est en cela parfaitement en phase avec la définition de la santé de l’OMS dont je vous parlais plus haut.
Hildegarde ose parler des sujets les plus tabous
Psychologue avant l’heure, Hildegarde devine que bien des désordres psychiques proviennent de pulsions sexuelles réprimées.
Dans un Moyen-Âge où la pénitence, la culpabilité, la peur du jugement divin conditionnent les actes les plus banals, elle, ose plaider pour le plaisir !
Elle permet aux diacres les “pratiques sexuelles solitaires” (elle parle d’onanisme, qu’elle interdit toutefois aux prêtres), elle n’hésite pas à aborder des sujets comme l’impuissance, l’éjaculation précoce, les pollutions nocturnes, la qualité du sperme et même l’éjaculation féminine, désignée sous le nom de spuma (écume).
Hildegarde démystifie aussi le sang des menstruations en affirmant qu’il ne souille aucunement ce avec quoi il entre en contact.
En tant que Mère supérieure de couvent de Disibodenberg, elle met un point d’honneur à veiller sur la santé de ses sœurs, mais aussi à accueillir les malades venus chercher secours en sa demeure.
Bien souvent, les femmes sollicitent ses lumières et lui confient sans crainte leurs préoccupations très intimes liées à la stérilité, à la sexualité ou à la mélancolie.
Écrire sur le sujet fut pour Hildegarde un moyen de répondre à toutes ces questions taboues auxquelles elle était confrontée au quotidien.
Dans un autre souci de préservation de la santé, elle soutient que la pensée positive est un atout.
Selon elle, un esprit apaisé et positif maintient les humeurs (les liquides en circulation dans l’organisme) en équilibre, tandis que les pensées désagréables ont l’effet inverse.
Je rappelle que le concept de pensée positive n’est apparu en psychologie que dans les années 50 !
On sait aujourd’hui que la santé mentale est fortement liée à l’apparition de certaines maladies (cardiovasculaires, problèmes de peau, inflammations diverses, etc.).
La toute première naturopathe
Mais si Hildegarde est si célèbre de nos jours, c’est parce qu’on a reconnu en elle la toute première naturopathe occidentale.
Il y a presque 1000 ans, elle prônait déjà la nécessité d’avoir une alimentation saine.
On retrouve par exemple chez elle des notions de diététique : être mesuré dans les proportions.
Mais on retrouve encore la notion de plaisir : elle évoque les aliments de la joie qui sont autant un ravissement pour le corps que pour l’âme.
Ses favoris sont l’épeautre, le fenouil, les châtaignes…
Parmi les principes appliqués en naturopathie on retrouve également :
- La nécessité d’entretenir un rapport harmonieux avec la nature ;
- L’attention particulière qui doit être apportée au sommeil ;
- Les notions d’hygiène ;
- Le souci d’avoir une bonne digestion et des éliminations régulières.
Il s’agit de trouver l’harmonie dans la voie du juste milieu.
Le plaisir toujours, mais sans excès.
Un esprit curieux qui fait encore référence
Elle partage aussi avec de nombreux praticiens de santé naturelle une curiosité aiguisée.
Elle s’est notamment prise de passion pour la botanique en décrivant en détails des espèces végétales qu’elle estimait dénuées de qualités nutritives ou thérapeutiques.
Elle était une observatrice attentive et attendrie de la nature au sens plus large : des simples (cultivées entre les murs de son abbaye), de la faune et de la flore rhénane.
Ainsi, les eaux des fleuves et des rivières de la région sont évoquées dans ses écrits comme bienfaitrices pour le corps.
Hildegarde prête attention également aux pouvoirs curatif ou préventif des pierres (lithothérapie).
Pour compiler tout son savoir, elle a beaucoup écrit.
Ses ouvrages retracent en quelque sorte 30 années de visions et de recherches.
Trois grands livres sur la santé ont été rédigés de son vivant.
Dans Le manuscrit perdu à Strasbourg (enquête sur l’œuvre scientifique d’Hildegarde), Laurence Moulinier suppose que le Liber subtilitatum diversarum naturarum creaturarum, un traité de sciences naturelles tenant en un seul livre, rédigé entre 1150 et 1158, aurait été scindé en deux parties : Physica et Causae et Curae (titres donnés plus tard par les éditeurs).
Physica répertorie 513 animaux, plantes, éléments, métaux et pierres qui y sont décrits avec leurs propriétés médicinales.
Le Liber compositae medicinae ou Causae et Curae , traite de la santé et des maladies humaines.
Hildegarde y insiste sur l’hygiène, une bonne alimentation, le repos et les exercices physiques dans la grande tradition hippocratique.
Le troisième ouvrage d’importance rédigé entre 1158 et 1163 est le Liber vitae meritorum, une sorte de traité de psychothérapie.
Quelle joie de constater que les grands esprits traversent les siècles sans prendre une ride et qu’ils ont encore la capacité de nous apprendre des choses !
Hildegarde est pour moi à la fois la première naturopathe, mais aussi la première à incarner la médecine holistique.
C’est sans doute ce qui lui vaut une telle popularité de nos jours.
Elle est une des figures qui a marqué ma vision de la santé naturelle.
Et vous, connaissiez-vous cette grande dame ?
À bientôt,
Laurent Tessier des éditions Nouvelle Page
Bonjour
Quand vous dites que Hildegarde permet aux diacres les pratiques sexuelles solitaires, c’est faux et vous le savez bien….
C’est de la désinformation extrêmement grave qui ne s’appuie sur rien
Je suis très déçu , car je vous faisais confiance….et je m’aperçois avec stupéfaction de votre malhonnêteté….
Je vais me désinscrire
Prenez soin de vous et, à l’avenir , vérifiez vos sources
Jean-Marie
Bonjour Jean-Marie.
Je m’appuie toujours sur des sources fiables. Cette affirmation est explicitement citée dans la publication de Benoît Pivert : « Hildegarde de Bingen et sa médecine – Réflexions sur un engouement », Allemagne d’aujourd’hui, vol. 224, no. 2, 2018, pp. 45-61.
Si elle s’avère fausse je me permettrai de le faire savoir à l’auteur en question.
Bien à vous.
Place à l’Amour malgré les incertitudes provenant, elles, du Démon!
depuis plue de vingt que je suis les conseils de St Hildegarde
j’ai toujours à porter de main son livre prévention et guérison
merci Ste Hildegarde
Je connais en effet Hildegarde merci de nous avoir expliquer son histoire depuis sa jeunesse tres interessant,et son enseignement est fabuleux
Merci beaucoup pour ces informations passionnantes sur Hildegarde, au 12 eme siècle ! Surprenant.
Bonjour, Merci de contribuer à mieux faire connaître les recherches d’Hildegarde de Bingen, et merci aussi pour vos autres articles. Mais … Vous écrivez : « Il est maintenant acquis que la bonne santé est à la fois physique mais aussi émotionnelle, voire spirituelle. » Ce « voire » est bien évidemment malvenu, surtout dans ce contexte. C’est en fait une question anthropologique : soit l’être humain n’est que corps & mental, et dans ce cas la médecine moderne qui l’objective est justifiée. Soit il est infiniment plus vaste et plus libre, Corps & Mental – Esprit (au sens de Corps Âme Esprit de… Lire la suite »
Bel hommage à Hildegarde. Une grande femme que je suis depuis longtemps à travers des recettes, des livres, des ouvrages, des récits, etc… merci
Bonjour et merciiiiii pour cette mise en lumière de Hildegarde magnifique naturopathe, poétesse, c’est ma Muse depuis fort longtemps, les médecines devraient s en inspirer,,,
Cher Monsieur Tessier, j’apprécie beaucoup la sagesse de vos commentères. Une simple information, vous pouvez consulter amazon.fr à la rubrique « luminosome », vous trouverez sans doute un une introduction « innocente » à la cosmogenèse, illusrée par quelque 500 microphotos. n’hésitez pas à me communiquer votre sentiment car je suis en train de rédiger un second volume d’applications pratiques. Je vous remercie pour votre attention
Dr G Doyen
le nom d’hildegarde ne m’est pas inconnu. Il est vrai qu’elle était une pionnière et une visionnaire en son temps et de plus étant une femme
Bonjour,
Très heureux de découvrir ce personnage très inspirant.
Merci de l’avoir partagé.
Bien à vous
Oui je connais et ses nombreux conseils naturopathe, pierres et leurs influences et protections…mais aussi le chant grégorien de Hildegarde que j’ai découvert avec une amie Claudine Gérez, une spécialiste de Hildegarde de Birgen, elle dance, fait des spectacles, vous la trouverez sur YouTube et sur Facebook Région Bourgogne.
J’ai découvert sur Internet « Les Jardins de Sainte-Hildegarde » où je me procure les produits qu’elle conseillait pour la santé, notamment l’épeautre et les biscuits de la joie. J’incorpore aussi à mon alimentation le fenouil, l’épice Galanga rouge et le pyrèthre d’Afrique ainsi que la racine pulvérisée de dictame. Ses recettes sont délicieuses et depuis que je me nourris ainsi, je me sens beaucoup mieux. Pour ceux et celles qui souhaiteraient faire comme moi, voici l’adresse ; Les jardins de Sainte-Hildegarde- Le Suquet – 24220 COUX ET BIGAROQUE ~ Tél.05 53 31 07 07 ~ http://www.lesjardinsdhildegarde.com
Ste.Hildegarde a été une abesse bénédictine,elle a écrit le livre <Phisica< ce Dieu lui fit voir les secrets de la création, elle reçoit cet ordre « ECRIS CE QUE TU VOIS! REVELE les Merveilles que tu expérimentes! Ecris-les et parle! le Dr.Gottfried Herzka est née en 1913 près de la station thermale de Bad Gastein il a beaucoup étudié fabricant des remèdes a partir de plantes pour soigner le cancer. C’est ainsi qu’il rencontre de bonne heure ste Hildegarde von Bingen, son livre ,,,voilà comme Dieu guérit,,,plus de 100000exemplaires en l’édition orig.le allemande ont déjà été vendus! en peu trouver ces… Lire la suite »
Bonjour, je sais que HDB a des protocoles assez stricts en terme d’alimentation et de soin, mais je pense que ses conseils sont valables pour aujourd’hui encote. Par contre, j’ai le semtiment que c’est assez elitiste au niveau des prix pratiques. Stephane, en grande peine
Cette femme inspirée me paraît avoir un bon sens exceptionnel, que l’on redécouvre actuellement… pourvu que ça dure!
Je ne la connaissais pas comme vous l’avez présentée . Mystique spirituelle et physique humaine . Les saints fûrent des pécheurs . L’onanisme n’est pas une grave faute sexuelle comme disent des théologiens mais évite une grossesse non désirée
oui! Mais pas dans une recherche approfondie. belle et grande Âme!
Oui, je connais cette grande dame qui m’a été présentée à travers ses livres lors d’ un séminaire de nutrition en février 1995 avec Daniel Maurin. Depuis je m’emploie en cuisine à appliquer ses principes
Où peut-on se procurer les écrits de Hildegard