Troubles articulaires : connaissez-vous l’ozonothérapie ?

Un grand merci à vous !

Suite à ma lettre sur les méthodes de soin employées par Rafael Nadal pour venir à bout de ses rhumatismes, vous avez été nombreux à me parler d’une autre approche.

C’est une approche peu orthodoxe qui consiste, comme les injections de PRP (plasma riche en plaquettes), à se piquer avec son propre sang, enrichi avec quelque chose…

Enrichi en quoi ? En ozone et en oxygène purs.

L’ozone, celui qui faisait un trou dans la couche ?

Petit rappel de chimie : l’ozone (O₃) est un gaz formé de trois atomes d’oxygène.

À l’état naturel, il forme une couche protectrice dans la haute atmosphère, mais est peu présent dans les basses couches, là où nous vivons. Il est d’ailleurs toxique, notamment pour les voies respiratoires, c’est pourquoi on parle de pics d’ozone en cas d’épisodes de pollution atmosphérique.

C’est pourtant le plus oxygéné de tous les gaz, et c’est d’ailleurs une des “vertus” mises en avant, parfois sur un mode presque philosophique, par ses plus ardents défenseurs : il permettrait d’oxygéner notre organisme.

Découvert par un Allemand, au milieu du XIX^ème siècle, l’ozone a rapidement été utilisé pour ses propriétés antiseptiques. On l’employait pour stériliser les salles d’opération ou désinfecter des plaies, notamment pendant la Première Guerre mondiale.

Aujourd’hui encore, une de ses principales utilisations est la purification des réseaux d’eau potable^[1].

Mais comment ça fonctionne pour les troubles articulaires ?

L’ozone utilisé est un mélange d’ozone pur, en très petite quantité, et d’oxygène pur. La concentration en ozone varie selon les traitements de 0,05 à 5 % d’ozone.

Comme pour les PRP, la première étape consiste à prélever du sang du patient.

Celui-ci peut être réinjecté au patient, en circuit fermé, après avoir été enrichi en ozone. On parle alors de grande autohémothérapie ou d’ozonation veineuse extra-corporelle. Elle permet un apport d’ozone plus important que la petite autohémothérapie, durant laquelle le sang est prélevé, ozonisé, puis réinjecté grâce à une seringue, en intramusculaire ou intraveineux.

L’injection d’ozone directement en intraveineux est beaucoup plus rare, car elle doit se faire très lentement et comporte plus de risque d’effets secondaires.

Hernies discales : déjà des preuves

S’agissant du traitement des douleurs discales, en 2010, des chercheurs américains ont publié une analyse de douze études scientifiques^[2] qui démontre la validité de l’ozonothérapie, voire sa supériorité par rapport aux opérations pour la hernie discale. Réunies, ces études portaient sur pas moins de 8 000 patients.

Les auteurs ont conclu que l’injection d’un mélange d’oxygène et d’ozone au niveau du disque présentant la hernie est aussi efficace pour réduire la douleur et restaurer la fonction des vertèbres qu’une intervention chirurgicale.

L’avantage étant bien sûr l’absence de risques et de complications liés à l’opération, et une récupération plus rapide !

Une étude italo-américaine menée en 2014 a confirmé le bénéfice de cette approche sur le long terme pour près de 75 % des patients^[3]. Plus récemment, en France, une autre étude a confirmé que l’ozonothérapie permettait de réduire la taille des hernies, avec un taux de réussite à 8 semaines de 82 %^[4].

Pour les douleurs articulaires chroniques, des signes prometteurs

Les injections d’ozone peuvent également aider à lutter contre les douleurs articulaires chroniques dues à l’usure des cartilages, qu’elle soit d’origine inflammatoire dans le cas de l’arthrite, ou mécanique quand il s’agit d’arthrose.

Un essai clinique a été conduit avec 98 patients souffrant d’arthrose au niveau du genou : 63 d’entre eux ont bénéficié d’injections d’ozone dans l’articulation douloureuse, 35 autres ont reçu de l’air en guise de placebo.

Résultats : les personnes ayant reçu les injections d’ozone ont vu leurs douleurs s’atténuer et ont retrouvé une meilleure fonction de leur genou^[5].

L’effet oxydant de l’ozone… a (aussi) un effet anti-oxydant !

Comment ça marche ?

L’apport d’oxygène dans l’organisme, à travers l’ozone, permettrait d’activer les systèmes de défense du corps contre le stress oxydatif, de façon localisé, là où il provoque ou aggrave des inflammations.

L’ozone est très réactif. Il oxyderait très rapidement les lipides présents dans notre organisme, générant un stress oxydatif d’intensité modérée et transitoire, qui activerait les défenses antiradicalaires là où elles sont nécessaires.

L’injection d’ozone favoriserait ainsi la production d’enzymes comme la superoxyde dismutase, la catalase ou la glutathion peroxydase, capables de neutraliser les radicaux libres qui contribuent au vieillissement et au développement de pathologies chroniques

En résumé, comme l’écrivait déjà en 1911 l’un des pionniers en ozonothérapie, le Docteur Charles Beaufils : “L’action de l’ozone s’exerce surtout par un réveil de la défense naturelle de l’organisme^[6]”.

Et en dehors des troubles articulaires ?

Car l’ozonothérapie a eu son heure de gloire durant l’entre-deux guerres, ou de nombreuses maladies ont été traitées avec cette technique, notamment les maladies infectieuses.

Depuis une vingtaine d’années, on observe un regain d’intérêt, lié au développement de machines permettant de produire de l’ozone à des fins médicales à moindre coût et avec des dosages beaucoup plus précis et stables.

En Italie et en Allemagne, l’ozonothérapie bénéficie d’une reconnaissance académique qui n’existe pas en France, et est l’objet de nombreuses recherches^[7].

Comme par le passé, ses vertus antiseptiques sont toujours exploitées pour soigner des plaies, des brûlures ou des blessures provoquées par une opération chirurgicale, des abcès ou les dommages cutanés associés à une radiothérapie. Elle est couramment employée par les dentistes pour traiter les caries et faciliter la cicatrisation après intervention.

L’ozonothérapie est indiquée pour traiter les plaies rebelles des patients souffrant de complications liées au diabète^[8].

Enfin, l’ozone nous sauvera peut-être des souches résistantes aux antibiotiques. Des chercheurs de l’université de Changsha en Chine ont récemment montré que le gaz pouvait venir à bout du staphylocoque doré résistant à la méticilline^[9].

Signalons enfin de nombreuses recherches dans le domaine des maladies cardiovasculaires, ou l’ozone permettrait d’améliorer l’oxygénation dans le cas des maladies cardiaques ischémiques, pathologies où le cœur ne reçoit pas suffisamment d’oxygène^[10]. L’ozonothérapie permettrait de réduire les douleurs et les risques de récidive^[11].

Une publication récente, faite par une équipe pluridisciplinaire, a fait le point sur l’état de la connaissance en matière d’usage thérapeutique de l’ozone.

Elle conclut ainsi : “L’ozonothérapie peut modifier l’évolution de plusieurs maladies et troubles, avec le potentiel de s’appliquer à de nombreuses autres^[12]”.

Pourtant, à l’heure actuelle, aucune des grandes agences réglementaires, en Europe ou aux Etats-Unis, ne valide l’utilisation d’une ou de l’autre variante de l’ozonothérapie.

Comment peut-on se soigner avec l’ozonothérapie ?

Il n’est pas certain que votre médecin soit capable de vous renseigner sur les bienfaits potentiels de l’ozonothérapie, notamment pour vos troubles articulaires. En France, très peu de praticiens sont formés.

Mais chez nos voisins belges, allemands, suisses et italiens, cette approche est considérée avec beaucoup moins de méfiance, voire fait partie du panel officiel de la médecine.

L’ozonothérapie ne se pratique pas que sous forme de piqûres de sang ozonisé. Il existe également :

• des bains d’ozone, concernant le traitement de lésions de la peau, à l’aide de sacs étanches où circule le gaz ;
• de l’huile ozonisée, pour des applications locales ;
• de l’eau ozonisée, utilisée en stomatologie ;
• de l’oxygène ozonisé peut être insufflé dans les cavités, notamment rectales.

Enfin, on voit se développer depuis peu une technique appelée thérapie à haute dose d’ozone (OHT), aussi appelée “10 pass”. Elle consiste à réinjecter dix fois de suite 200 ml de sang du patient ozonisé, pendant environ une heure. Ceci permet d’augmenter la dose d’ozone introduite dans le corps (soit 140 mg pour un traitement complet).

Ce traitement aurait des vertus extraordinaires. Une clinique américaine qui le propose à ses patients annonce : l’OHT est utilisée pour traiter les infections, les inflammations, les maladies auto-immunes, la fatigue chronique, la fibromyalgie, les douleurs chroniques, la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, les infarctus, la maladie de Lyme, l’herpès, la grippe, la pneumonie, le zona.

Une séance coûte environ 1 000 $. Attendez peut-être confirmation de l’intérêt par des études scientifiques.

P.S. : La question simple que vous pourriez vous poser aujourd’hui ?

Vous avez eu recours à une forme ou une autre d’ozonothérapie, ou vous connaissez des gens qui ont testé ? Partagez votre expérience !