Il y a quelques années, j’avais en mémoire, comme vous sans doute, bon nombre de numéros de téléphone.
Aujourd’hui j’avoue ne plus en connaître par cœur que deux ou trois.
La faute à la technologie, aux smartphones, à Internet, avec eux, plus besoin de s’embêter.
Oui, mais… au passage notre mémoire en a pris un sacré coup.
Etes-vous dépendant de votre mémoire transactive ?
Les nouvelles technologies ont profondément changé notre manière de vivre au quotidien, notre façon d’apprendre et d’utiliser nos facultés d’attention.
Avec Internet, si nous avons besoin d’une information, quelle qu’elle soit, il nous suffit de quelques clics pour l’obtenir.
A quoi bon la mémoriser puisque nous pouvons la retrouver à l’envie ?
Le disque dur de l’ordinateur fait également office de mémoire externe. Nous y stockons tout ce que nous avons peur d’oublier : des textes, des documents administratifs, nos rendez-vous, nos cours, nos recherches…
Cela allège notre cerveau et nous donne un sentiment de sécurité, tout est stocké, archivé, classé.
Cette démarche d’externalisation de la mémoire a un nom : cela s’appelle la « mémoire transactive ».
Votre mémoire est fragile
De nombreux facteurs agissent sur notre mémoire : notre alimentation, nos capacités d’attention, les problèmes de santé comme la dépression, l’apnée du sommeil, les séquelles d’un traumatisme crânien ou encore l’alcoolisme.
Récemment, il a même été découvert que les personnes ayant souffert d’un Covid long ont cinq fois plus de risque d’avoir des troubles persistants de la mémoire1.
Les chiffres sont éloquents : jusqu’à 24 % des personnes qui sont passées par la case coronavirus continuent de rencontrer des difficultés cognitives, de vitesse de traitement de tâches et de concentration, plusieurs mois après leur guérison.
La mémoire est donc extrêmement fragile et elle peut facilement s’altérer.
Il faut en prendre le plus grand soin et, pour cela, se méfier d’un ennemi bien envahissant aux apparences sympathiques dont je vous parlais plus haut : Internet.
Selon une étude menée par une équipe internationale de chercheurs2, se perdre pendant des heures dans les méandres du web pourrait produire des modifications dans notre cerveau allant jusqu’à altérer notre mémoire.
Nous n’arrivons plus à retenir des informations importantes
Les modifications dans notre cerveau lors d’une utilisation abusive d’Internet (que ce soit sur ordinateur ou sur smartphone) ont un réel impact sur :
- notre capacité d’attention ;
- notre processus de mémoire ;
- et nos interactions sociales.
Tout cela est notamment dû au flot d’informations plus ou moins voulues qui nous submerge lorsque nous surfons.
Cet afflux de notifications, de données et de publicités réduit notre capacité à rester concentré sur une seule tâche.
Car la plupart d’entre nous n’arrive pas à gérer la surcharge d’informations (et c’est bien normal).
Or, « l’utilisateur moyen de smartphone vérifie son téléphone toutes les six minutes et demie (c’est-à-dire jusqu’à 150 fois par jour) ».
Résultat : l’information qui vient d’arriver est constamment remplacée par une autre.
Le sens de toutes ces informations se perd dans la masse et les connecter entre elles revient à construire un puzzle cohérent avec des pièces provenant de différentes boîtes.
Zaldy S. Tan, directeur de la Clinique des troubles de la mémoire au Beth Israel Deaconess Medical Center à Boston attire notre attention sur le fait suivant :
C’est exactement ce qu’il se passe lorsque nous zappons d’une information à l’autre.
Nous ingurgitons un tel nombre d’informations que nous n’en retenons finalement aucune, même pas celles qui sont les plus intéressantes.
Comment les jeunes deviennent vieux
Autre impact délétère d’internet : la diminution de notre capacité de concentration.
L’usage frénétique d’Internet augmenterait les troubles de déficit de l’attention (TDHA) selon Michael Pietrus, psychologue à l’université de Chicago3, touchant 11 % des jeunes entre 4 et 17 ans et 20 % des étudiants aux États-Unis.
Le stress peut expliquer en partie ce chiffre, mais il est intéressant de savoir que la surinformation est une cause de stress courante dans notre société.
Vous l’avez sans doute remarqué depuis le début de la crise de la Covid : que vous soyez sur votre portable, sur votre ordinateur ou devant la télé, difficile d’échapper au flot d’informations à ce sujet.
Et au bout du compte, vous ne savez plus quoi penser, qui écouter ni quelle information retenir.
Déconnectez !
Tandis que certains nous parlent sans cesse du monde d’après, je vous conseille pour ma part de revenir au monde d’avant pour éviter de vous retrouver avec une mémoire de poisson rouge.
Encore une fois, tout est question de mesure et de bon sens.
La consigne est simple : débranchez au maximum.
Si vous travaillez sur votre ordinateur : concentrez-vous uniquement sur la tâche qui nécessite l’usage d’internet sans céder aux sirènes du zapping perpétuel.
Une fois de retour chez vous : reprenez pied dans la « vraie vie », c’est-à-dire le lien social réel avec vos enfants, votre conjoint, votre famille, vos amis… sans écrans interposés !
Si votre activité professionnelle ne nécessite pas l’utilisation d’écrans, deux heures d’internet par jour suffisent amplement.
Dans tous les cas, les écrans sont à éviter en soirée pour favoriser un meilleur sommeil, ce qui limitera votre stress.
Pour les plus accros, il existe aujourd’hui une multitude d’applications et de logiciels disponibles pour restreindre l’utilisation d’Internet et l’accès aux smartphones.
Ces applications sont aussi très utiles pour faire en sorte que les enfants ne passent pas leur journée dessus.
5 activités pour se couper (sainement) d’internet
Elles sont simples et ne demandent aucun investissement particulier.
Elles vous permettront de réaliser une véritable coupure et de garder de bien meilleurs souvenirs qu’une après-midi à surfer sur votre portable.
1/ Pratiquez une activité physique ;
2/ Passez du bon temps en compagnie de personnes avec qui vous vous sentez bien ;
3/ Promenez-vous en forêt ;
4/ Lisez des (vrais !) livres ;
5/ Méditez ;
6 / Soyez créatifs : lorsque vous vous tournez vers vos pensées internes (mémoire autobiographique, mise en place de projets, pensées créatives), vous activez différentes régions de votre cerveau. Stimuler ce réseau est important pour notre équilibre psychique et émotionnel ainsi que pour la cohérence de la mémoire.
Et vous, comment faites-vous pour éviter de vous retrouver pollué par internet ?
A bientôt,
Laurent des éditions Nouvelle Page
A l’envi est la bonne orthographe, l’ensemble de l’article est plein de bon sens et une évidence depuis pas mal d’années…
Cordialement.
Personnelement je ne suis pas fan d’internet. Je regarde les E mails. Je ne surfe pas sur la toile. Il y autre chose à faire. Ménage, jardinage…
Bonjour, j’ai lu votre lettre et suis absolument d’accord avec le fait de la nécessité de décrocher de cet internet qui envahit nos vies.
vos conseils sont pertinents,
et pourtant, vous-même agissez à l’encontre de vos dires, puisque vous ne cessez d’envoyer des lettres et de nouvelles informations sur une multitude de sujets, des liens pour s’inscrire à de nouveaux programmes….
Ne croyez-vous pas que vous contribuer à cette asphyxie mentale tout en nous demandant de nous en protéger ?
Merci d’y réfléchir.
Bonne journée
Dominique
Acajou, vous avez raison …
Très pertinente cette remarque 👍🏽
Permettez-moi de vous féliciter et remercier vivement pour votre contribution à démonter les grands dangers par le fait d’être submergé par une masse foudroyante d’information (grâce aux NTIC) tout en proposant des solutions efficaces qui permettent de concilier entre deux nécessités opposées : l’accès à une masse considérable d’informations et la protection de notre intelligence notamment au niveau de la mémoire et la concentration. Tout cela, j’ai l’ai constater durant mes recherches touchant les méthodologies de recherche et la démystification de ce qu’est la gouvernance dont tout le monde en parle sans pour autant la distinguer du management. Vous avez le mérite… Lire la suite »
Bonjour Youcef, je tiens à vous remercier pour votre message. Bien à vous.
Même si un article semble intéressant, je ne lis parfois que le titre et me limite ainsi aux articles traitant de sujets importants ou qui me concernent personnellement : il faut faire des choix.
Je sélectionne les articles (j’en lis peu), je fais de la musique, j’écris de la musique, je donne bénévolement des cours de musique, je pratique la lecture et profite de la nature, et pourtant je navigue sur internet.
Bonjour à tous,
Pour déconnecter j’enlève toutes les notifications et met mon portable sur vibration en mode silence (il vibre très faiblement et ce sont des flashs lumineux qui m’informent que je reçois un message ou un appel).
Entièrement d’accord! C’est pour ça que pour ma part je n’ai pas de Smartphonede manière à ne pas « emmener » internet avec moi dans la rue. Je laisse internet « à la maison », où j’y consacre déjà trop de temps! (mais contraint…). Je suis consterné de voir dans le métro que 8 personnes sur 10 sont hypnotisées par leur Smartphone; plus de journaux, plus de bouquins, plus que cet engin omniprésent… Je fais parti des récalcitrants à cet objet; mais combien de temps cela va pouvoir être possible, du fait que tous les services publiques et les institutions nous poussent à faire… Lire la suite »