Récemment, j’ai fait quelques travaux de rénovation chez moi.
La salle de bain, en particulier, avait besoin d’un bon rafraîchissement.
J’ai donc fait appel à des spécialistes, et la première question qu’ils m’ont posée est : « on enlève le bidet bien sûr ? »
« Ah non ! Laissez donc mon bidet là où il est ! » leur ai-je répondu.
Ma réaction épidermique leur a semblé insolite, voire comique, mais croyez-moi : j’ai de très bonnes raisons de vouloir garder mon bidet !
Je vous les donne tout de suite.
Avons-nous perdu toute notion d’hygiène ?
Je pose la question parce que l’usage du bidet remonte au début du 18ème siècle.
Son inventeur est Christophe des Rosiers, un ébéniste de la famille royale.
C’est donc à la cour de France que le bidet a été utilisé pour la première fois.
C’était à l’époque une avancée majeure en matière d’hygiène et le bidet a d’abord été considéré comme une commodité de luxe.
Par la suite, il s’est petit à petit démocratisé et Napoléon Bonaparte appréciait tellement son bidet qu’il l’emmenait systématiquement avec lui lors de ses campagnes.
Avec le temps, les bidets en céramique ont fini par être présents dans la plupart des salles de bain, y compris dans les grands hôtels.
Leur fonction principale était de soigner son hygiène intime après un passage aux toilettes ou une relation sexuelle.
Si vous avez plus de 40 ans, le bidet n’a rien d’incongru pour vous.
Il a forcément fait partie du décor dans la salle de bain, que ce soit chez vous, chez vos parents, ou chez vos grands-parents.
Cependant, depuis quelques années, le bidet n’est plus à la mode.
C’est ringard et ça ne sert à rien.
Vraiment ?
Vous pensez donc avoir les fesses vraiment propres en utilisant du papier toilette après votre passage aux toilettes ?
Arrêtez-vous un instant sur cette question et vous allez sans doute changer d’avis.
Hygiène sèche ou humide ?
Il fut un temps où l’on se méfiait de l’eau.
On la considérait comme un vecteur de maladies et il n’était pas question de faire trempette.
On se lavait superficiellement avec un linge légèrement humide ou carrément sec.
C’est ce qui nous fait dire aujourd’hui qu’à la Renaissance l’hygiène était déplorable.
Il est attesté par les historiens que les odeurs corporelles du passé seraient insupportables pour notre odorat devenu si délicat.
Alors, comment se fait-il que le papier toilette (une toilette sèche pour les fesses donc) nous semble plus hygiénique qu’un passage par le bidet ?
Cela reste un mystère pour moi, mais ce n’est pas le cas pour une majorité d’entre nous.
Vous vous souvenez de ces scènes hallucinantes de personnes remplissant le coffre de leur voiture de papier toilette durant la pandémie de Covid ?
Incroyable !
Moi, j’avais mon bidet et ces scènes d’hystérie me laissaient sans voix.
Si nous prenons un peu de recul, vous conviendrez que l’hygiène intime « sèche », c’est-à-dire sans eau, n’est pas des plus efficaces, surtout après être allé à la selle.
En plus, cela peut avoir des conséquences fâcheuses comme par exemple l’apparition de prurit anal.
Par ailleurs, si vous avez des hémorroïdes ou des fissures anales, l’usage de papier toilette ne va pas arranger votre cas…
Le frottement et les matières fécales mal nettoyées peuvent provoquer ou aggraver ces problèmes.
Les multiples avantages du bidet
Vous l’aurez compris : l’intérêt principal du bidet repose sur une hygiène plus douce et plus efficace de la région périanale, tout en limitant les risques d’infection.
Mais pas que.
Le bidet facilite aussi la vie des personnes qui ont des limitations physiques.
Je pense aux personnes âgées, obèses, arthritiques ou souffrant de la maladie de Parkinson.
Les femmes enceintes bénéficient également grandement de la présence d’un bidet dans leur salle de bain.
Durant la grossesse, de grands bouleversements surviennent et des besoins spécifiques en matière d’hygiène intime peuvent se présenter.
La flore vaginale peut être perturbée et c’est ainsi que les femmes enceintes sont plus susceptibles de développer certaines infections, comme les infections urinaires et les infections vaginales.
Une bonne hygiène intime est donc essentielle pour maintenir un équilibre sain et prévenir les désagréments liés à ces déséquilibres.
Avoir un bidet, c’est aussi se donner la possibilité de pratiquer facilement les bains dérivatifs chers à France Guillain.
Selon elle, cette technique devrait être pratiquée au quotidien par chacun, au même titre que le brossage des dents.
L’idée principale consiste à refroidir la zone du périnée afin d’en tirer des bénéfices pour la santé.
En stimulant cette zone, on remet en mouvement divers organes dont les intestins.
Cela permet de relancer la circulation sanguine et lymphatique et de soulager des maux tels que la constipation, l’incontinence, l’insomnie, la fatigue, l’inflammation, le stress, etc.
Pour pratiquer, il vous suffit de vous installer à califourchon sur votre bidet.
À l’aide d’un chiffon doux ou d’une éponge, appliquez de l’eau fraîche (entre 10°C et 15°C) sur la zone périnéale.
Ce bain doit durer de 10 à 15 minutes pour être efficace.
Notez que cette pratique doit se faire à jeun ou au moins deux heures après un repas.
Je vous donne aussi une astuce qui fonctionne très bien si vous souffrez d’hémorroïdes, à condition d’avoir… un bidet !
Remplissez ce dernier d’eau fraîche à laquelle vous ajouterez une décoction d’hamamélis.
Celle-ci se réalise ainsi : 50 grammes d’hamamélis dans un litre d’eau à faire bouillir avec un couvercle durant 15 minutes. Laissez refroidir et filtrez.
L’hamamélis est une plante astringente aux propriétés anti-inflammatoires qui fonctionne très bien localement, par voie topique (application locale sur la peau ou une surface externe).
Vous pouvez pratiquer ce bain de siège une à deux fois par jour durant une quinzaine de minutes.
Une notion écologique non négligeable
Les bidets permettent d’éviter l’utilisation de papier hygiénique et ce n’est pas un détail en matière d’écologie.
Les Américains, à eux seuls, utiliseraient 36,5 milliards de rouleaux de papier hygiénique chaque année, ce qui représente quelques 15 millions d’arbres !
Cela implique également des quantités d’eau considérables pour produire le papier et 253 000 tonnes de chlore pour le blanchiment.
Sans compter les quantités importantes d’énergie et de matériaux utilisées pour l’emballage et le transport vers les points de vente.
Il faut aussi penser que les tonnes de papier qui se retrouvent dans les égouts finissent soit incinérées, soit dans des sites d’enfouissement où elles émettent du méthane, un gaz à effet de serre encore plus nocif que le CO2[1].
Alors, si vous n’avez pas (ou plus) de bidet dans votre salle de bain, il me semble judicieux soit d’en réinstaller un, soit d’installer une douchette WC (dont le jet vous permettra de vous nettoyer sans avoir à quitter vos toilettes), ou encore d’investir dans des toilettes avec jet d’eau intégré (les fameuses toilettes japonaises).
Une autre solution plus économique consiste à installer un abattant WC muni d’un jet d’eau.
On en trouve entre 50 et 250 euros dans les magasins de bricolage (Leroy Merlin, ManoMano, Bricorama…).
Et vous, avez-vous toujours un bidet chez vous ? L’utilisez-vous toujours ?
Partagez votre expérience avec moi en commentaires !
