Mon amie Marie voyage beaucoup.
Elle adore son travail d’hôtesse de l’air, qui lui a déjà fait faire le tour du monde plusieurs fois. Mais, avec les années, elle a de plus en plus de mal à gérer le jet-lag, cette fatigue due au décalage horaire.
À 20 ans, pas de problème : on récupère vite, on s’adapte, on a de l’énergie à revendre. Mais à 40, c’est une autre histoire…
Après des années compliquées, Marie a finalement trouvé la solution : une meilleure hygiène de vie, un repas léger la veille du départ, un peu de marche en forêt, une sieste.
Et son arme secrète : la mélatonine.
Grâce à elle, Marie a retrouvé un sommeil réparateur et vaincu ses insomnies.
Ce qu’elle ne sait pas encore – mais qu’elle va découvrir en lisant cette lettre -,c’est qu’au-delà de son action sur le sommeil, la mélatonine offre de nombreux bienfaits, dont on ne parle jamais.
L’hormone du sommeil ? Oui, mais pas seulement
On a tendance à minimiser le rôle de la mélatonine dans l’organisme.
On la réduit souvent à son rôle d' »hormone du sommeil ». Pourtant, c’est loin de se limiter à cela.
C’est l’épiphyse, une toute petite glande pas plus grosse qu’un grain de café, qui produit la mélatonine.
Pendant longtemps, de nombreux scientifiques et médecins croyaient que cette glande n’avait aucune fonction. Qu’il s’agissait d’un simple vestige de notre évolution…
Elle a même gardé une aura mystique très longtemps. Au 17ème siècle, dans son Traité de l’Homme, Descartes affirmait qu’elle n’était rien de moins que “le siège de l’âme” !
Dans les textes sacrés védiques du yoga, on l’associe au 3ème œil, le chakra Ajna, symbole de perception spirituelle.
Quant à la mélatonine, il faudra attendre les années 80 pour que son rôle principal soit scientifiquement validé : elle régule nos cycles circadiens, qui permettent de synchroniser le cycle veille/sommeil avec le rythme jour/nuit.
Depuis, pour la plupart d’entre nous, la mélatonine est uniquement associée au sommeil.
Mais en réalité, elle stimule ou régule bien d’autres processus au sein de l’organisme : l’immunité, l’humeur, la libido, le vieillissement…
Voyons tout cela de plus près.
Une hormone multifonction
La mélatonine est présente dans tous les systèmes vivants, y compris les plantes.
Une de ses particularités ? Sa production est inhibée par la lumière, mais elle augmente jusqu’à 10 fois la nuit !
Tous les secrets de la mélatonine n’ont pas encore été percés ou compris.
Cependant, elle semble intervenir à différents niveaux :
➜ Elle régule notre sommeil en ralentissant l’activité cérébrale. C’est son action la plus connue et la plus documentée scientifiquement.
➜ Elle diminuerait les risques d’infarctus et de thrombose en réduisant le risque de formation de caillots sanguins. Son activité anti-inflammatoire et antioxydante en ferait une alliée contre les maladies cardiovasculaires[1].
➜ Elle renforcerait notre immunité en augmentant la production d’anticorps. Ainsi, vers deux ou trois heures du matin, quand le niveau de mélatonine est à son pic, le nombre de cellules immunitaires s’accroît de manière considérable dans le sang. Cette action immuno modulatrice pourrait même être utilisée dans les thérapies contre le cancer[2].
➜ Elle participe à l’équilibre du microbiote intestinal[3].
➜ Elle agirait sur les douleurs neuropathiques comme la migraine, la fibromyalgie, etc.[4]
➜ Elle pourrait se révéler efficace pour traiter l’épilepsie (attention : ne pas en prendre à l’heure actuelle pour cette pathologie, cela demande encore des recherches)[5].
➜ Elle possède un effet anti-dépresseur largement démontré[6]. En augmentant le taux de mélatonine, on agit sur le taux de sérotonine (neuromédiateur impliqué directement dans la dépression). Une cure de mélatonine est d’ailleurs souvent recommandée pour les dépressions dites « saisonnières », lorsque la lumière se fait plus rare.
➜ Elle protège de la neuro-dégénérescence. On sait que les personnes âgées en bonne santé sécrètent plus de mélatonine que celles du même âge atteintes d’Alzheimer. La mélatonine est l’un des rares antioxydants à pouvoir franchir la barrière entre le sang et les cellules cérébrales. Ainsi, une personne ayant une carence en mélatonine présente plus de risque de souffrir d’altérations cérébrales dues aux radicaux libres[7].
Une action directe sur la longévité ?
Une des découvertes les plus intrigantes sur la mélatonine concerne rien de moins que notre espérance de vie !
Plusieurs études récentes menées sur des animaux ont montré que la supplémentation en mélatonine pouvait augmenter en moyenne leur espérance de vie de 20 %.
Une équipe de chercheurs a notamment étudié les effets de la mélatonine sur la musaraigne musette, un petit insectivore nocturne[8].
En temps normal, ce dernier présente les premiers signes de vieillissement dès l’âge de 12 mois. Mais en lui administrant de la mélatonine en continu un peu avant 12 mois, l’apparition de ces premiers signes est retardée d’au moins 3 mois.
Ce gain est considérable si l’on considère la durée de vie de la musaraigne !
Comme la production de mélatonine tend à diminuer avec l’âge, la capacité de l’organisme à contrer le stress oxydatif et à se protéger contre les dommages causés par les radicaux libres diminue également.
La mélatonine pourrait donc être considérée comme un agent anti-vieillissement capital, à préserver dans l’organisme au fil des années.
Affaire à suivre…
Se supplémenter en mélatonine
Le but de ma lettre n’est pas de vous inciter à prendre de la mélatonine à tout prix.
Comme tout complément, elle s’adresse aux personnes en déficit ou souffrant de troubles bien précis.
La méthode la plus simple pour savoir si vous manquez de mélatonine est de passer par un laboratoire d’analyse.
Cependant, certains signes peuvent déjà vous mettre sur la piste :
- Troubles du sommeil avec perturbation du rythme circadien (décalage du rythme veille-sommeil) ;
- Insomnies fréquentes ou réveils trop matinaux ;
- Réveils nombreux, avec difficultés à se rendormir ;
- Tendance à la déprime ;
- Tensions musculaires avec sensation de fatigue persistante.
La mélatonine se présente habituellement sous forme de comprimés à sucer ou à avaler. La posologie varie selon la problématique à traiter.
Quoiqu’il en soit, 2 mg par jour est la recommandation usuelle maximale pour bénéficier des effets de la mélatonine en toute sécurité.
- Pour moins souffrir du décalage horaire, la dose recommandée est de 0,5 mg avant le coucher (entre une demi-heure et une heure avant).
- Pour les troubles du sommeil, la dose recommandée est de 1 mg à 2 mg avant le coucher.
- Dans le cadre d’insomnie sévère, la dose prescrite peut être augmentée jusqu’à 5 mg, mais il est alors essentiel de consulter un médecin.
Attention : la mélatonine est contre-indiquée chez les enfants, les femmes enceintes et allaitantes.
Les personnes souffrant de maladies inflammatoires, auto-immunes, d’épilepsie, d’asthme, de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité, de cancer, doivent éviter de prendre de la mélatonine ou demander conseil à leur médecin.
Idem si vous suivez un traitement médicamenteux au long cours, car des interactions avec certains médicaments peuvent exister.
Enfin, mieux vaut éviter de prendre le volant ou de réaliser des tâches qui demandent une attention soutenue dans les heures qui suivent une prise de mélatonine.
Et vous, connaissiez-vous tous les bienfaits de la mélatonine ?
N’hésitez pas à échanger avec moi en commentaires !