Manger du pollen pour…contrer les allergies !

Chaque année, à la même période, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour mon cousin Mathieu.

Allergique depuis toujours, il redoutait l’arrivée du printemps comme d’autres redoutent l’hiver rigoureux.

Dès le mois de mars, c’était un enfer.

Impossible pour lui de faire un footing en forêt sans revenir les yeux rouges et le nez bouché.

Et je me souviens qu’il se préparait comme un guerrier avant la bataille : antihistaminiques (sur lesquels je reviendrai plus bas), mouchoirs par dizaines et lunettes de soleil pour éviter que le pollen ne s’infiltre partout.

Le simple fait d’ouvrir une fenêtre par une belle journée devenait une stratégie millimétrée pour éviter la catastrophe.

Et il n’est pas seul à mener ce combat.

Aujourd’hui, près de 30 % des adultes en France souffrent d’allergies aux pollens, un chiffre qui a triplé en 30 ans^[1]. La pollution, les changements climatiques et l’évolution des modes de vie n’ont fait qu’aggraver la situation.

Mais ce qu’il ne savait pas (et il n’est sûrement pas le dernier à l’ignorer), c’est que le pollen n’est pas seulement son ennemi.

Il pourrait aussi devenir son meilleur allié.

Le paradoxe du pollen : allergène ou remède ?

On l’accuse de tous les maux, et pourtant, il existe deux types de pollen bien distincts.

• Le premier, le pollen anémophile, est celui que le vent transporte partout et qui déclenche ces fameuses allergies.
• Mais il y a aussi le pollen entomophile, récolté par les abeilles, que l’on appelle aussi pollen d’abeilles. Et c’est là que tout change.

Ce pollen d’abeilles est un véritable trésor nutritionnel, et contrairement à son homologue anémophile, il ne provoque pas d’allergies saisonnières. Au contraire, il pourrait même aider à atténuer les réactions allergiques en aidant le corps à mieux tolérer les allergènes.

Aristote en était déjà convaincu : « La ruche est une pharmacie »^[2], disait-il.

Et il ne croyait pas si bien dire.

Mais avant de passer en revue la richesse du pollen d’abeilles, j’aimerais retracer un peu les étapes de sa formation et de sa transformation par ces architectes de la ruche.

Comment les abeilles fabriquent-elles le pollen ?

Si l’on associe facilement les abeilles au miel, leur rôle dans la collecte et la transformation du pollen reste plus méconnu. Voici comment elles procèdent :

1. La collecte du pollen

Les abeilles butineuses visitent les fleurs non seulement pour récolter le nectar, mais aussi pour collecter le pollen. Contrairement au nectar, qu’elles aspirent avec leur trompe, le pollen est capturé grâce aux poils situés sur leur corps. Une abeille visite en moyenne 50 à 100 fleurs par vol^[3].

Une fois le pollen capté, elle le rassemble en petites masses sur ses pattes arrière, dans des structures spécialisées appelées corbeilles à pollen (ou corbicules)^[4]. Pour mieux agglomérer le pollen et le transporter plus facilement, elle le mélange à une infime quantité de nectar et de sécrétions salivaires, formant ainsi des pelotes de pollen.

Une butineuse peut rapporter jusqu’à 15 mg de pollen par voyage !^[5]

2. Le transport et le dépôt à la ruche

Une fois sa récolte terminée, l’abeille retourne à la ruche et dépose ses pelotes de pollen dans les alvéoles, où d’autres abeilles ouvrières prennent le relais.

Elles tassent ces pelotes dans les alvéoles et y ajoutent des enzymes salivaires, ce qui amorce la transformation du pollen en pain d’abeille.

3. La transformation en « pain d’abeille »

À ce stade, le pollen subit un processus naturel de fermentation lactique, similaire à celle utilisée pour les légumes lactofermentés^[6]. Cette fermentation est essentielle pour plusieurs raisons :

• Elle améliore la biodisponibilité des nutriments, rendant le pollen plus facilement assimilable par les abeilles.
• Elle prolonge la conservation du pollen, qui pourrait sinon se détériorer rapidement.
• Elle inhibe les micro-organismes pathogènes grâce à l’acidification du mélange.

Ce pollen fermenté est appelé pain d’abeille, et il constitue la principale source de protéines de la colonie. Il est crucial pour le développement des larves et le maintien en bonne santé des abeilles adultes.

4. L’utilisation par la colonie

Le pain d’abeille est principalement consommé par les jeunes abeilles nourricières, qui en tirent les nutriments nécessaires à la production de gelée royale.

• Les ouvrières adultes en consomment également, mais en quantité moindre, pour maintenir leur vitalité et leur capacité de travail.
• La gelée royale est ensuite sécrétée par les glandes hypopharyngiennes des nourricières, et utilisée pour nourrir les larves et la reine.

En d’autres termes, le pollen récolté par les butineuses nourrit indirectement toute la ruche, puisqu’il permet non seulement de nourrir les larves et les ouvrières, mais aussi de produire la gelée royale qui est l’aliment exclusif de la reine.

Le pollen est donc un élément vital pour la ruche, mais vous vous en doutez, il est également plein de ressources pour nous également.

Le pollen d’abeilles : un superaliment insoupçonné

Le pollen d’abeilles est souvent présenté comme l’un des aliments les plus complets de la nature. Et pour cause :

• Il est riche en protéines et en acides aminés essentiels, ce qui en fait un excellent complément pour les sportifs ou les personnes fatiguées.
• Il regorge de vitamines (notamment du groupe B), de minéraux et d’oligo-éléments, indispensables à une bonne santé générale.^[7]
• Il soutient le microbiote intestinal, ce qui est crucial pour renforcer l’immunité et limiter l’inflammation.
• Il agit comme un régulateur naturel du système immunitaire, aidant le corps à mieux réagir aux agressions extérieures.
• Il possède des propriétés anti-inflammatoires, pouvant aider à réduire certains maux chroniques et douleurs articulaires.

Quid des antihistaminiques alors ?

Les antihistaminiques sont souvent la première réponse aux allergies saisonnières.

S’ils peuvent soulager les symptômes, ils n’agissent pas sur la cause et peuvent provoquer des effets secondaires comme la somnolence.

À long terme, ils ne modulent pas la réaction du système immunitaire et ne préviennent pas les futures réactions allergiques.

Le pollen d’abeilles, en revanche, agit comme un régulateur immunitaire naturel, permettant d’atténuer progressivement les réactions allergiques tout en apportant un cocktail de nutriments essentiels.

Comment bien consommer le pollen d’abeilles ?

Comme je viens de le souligner, le pollen d’abeilles est un véritable concentré de nutriments, mais encore faut-il savoir comment le consommer pour en tirer tous les bienfaits.

Il existe deux principales formes de pollen d’abeilles disponibles sur le marché :

● Le pollen sec : il est le plus courant et se trouve en magasins bio, pharmacies ou grandes surfaces spécialisées. Toutefois, le séchage altère légèrement certaines de ses propriétés nutritionnelles, notamment en réduisant sa teneur en enzymes et vitamines sensibles à la chaleur. C’est la forme idéale pour commencer en douceur et habituer son organisme à ce nouvel aliment.

● Le pollen frais : plus difficile à trouver, il est directement conservé au congélateur après récolte. Son principal atout réside dans sa richesse nutritionnelle intacte. Une fois habitué au pollen sec, il est recommandé de passer progressivement au pollen frais pour maximiser ses bienfaits.

Le pollen frais peut être consommé à jeun le matin, en laissant fondre sous la langue pour une meilleure assimilation. Le pollen sec, quant à lui, doit être réhydraté avant consommation en le laissant tremper une dizaine de minutes dans un liquide comme de l’eau, un jus de fruit ou une boisson végétale.

La ruche regorge d’autres trésors !

Bien évidemment, le pollen d’abeilles est loin d’être le seul cadeau offert par les abeilles.

Le miel : c’est le plus connu des produits de la ruche. Il est naturellement antibactérien, antioxydant et cicatrisant. Il aide aussi à apaiser les maux de gorge, favoriser la digestion et renforcer le système immunitaire. Certains miels, comme le miel de thym ou de manuka, sont particulièrement puissants pour leurs vertus antiseptiques. (Il existe tellement de variétés, c’est fascinant et bien choisir son miel change la vie !)

La propolis : c’est une résine récoltée par les abeilles sur les bourgeons des arbres et utilisée pour assainir la ruche. Elle est antiviral, antifongique et antibactérienne, parfaite pour les infections ORL, les maux de gorge et même les problèmes de peau.

La gelée royale : c’est la nourriture exclusive de la reine, rien que ça ! Puissant tonifiant naturel, elle renforce l’immunité, booste l’énergie et a même des effets sur le vieillissement cellulaire et la mémoire.

Chaque produit de la ruche possède ses spécificités et ses vertus uniques. L’intérêt qu’ils suscitent depuis des millénaires en dit long sur leur efficacité.

Et vous, utilisez-vous déjà des produits de la ruche ? Pour quel usage ?

Partagez-moi vos expériences en commentaire !