Savez-vous quelle est la plus grande épidémie de notre temps ?
Une épidémie autrement plus importante que les grands épisodes de peste ou de grippe espagnole.
Une épidémie qui prend de l’ampleur chaque année, qui touche en France 22,5% des hommes, 18,5% des femmes, et 40 % des plus de 50 ans aux États-Unis.
Une épidémie qui touche aussi bien les enfants et les adolescents que les adultes.
Ce fléau, dont on parle finalement assez peu au regard des dégâts qu’il provoque, porte un nom barbare : le syndrome métabolique.
Un mal récent
C’est en 1923 que le Dr. Eskil Kylin, un médecin suédois, décrit un syndrome associant hypertension artérielle, hyperglycémie et hyperuricémie (taux sanguin élevé d’acide urique, qui entraîne par exemple les crises de goutte).
En 1956, le Pr Jean Vague associe à ce syndrome l’obésité abdominale. C’est une date importante, car nous savons à présent que la graisse abdominale joue un rôle majeur dans le syndrome métabolique. On l’appelle d’ailleurs parfois le « syndrome de la bedaine ».
Pour compléter le tableau, ce n’est qu’en 1988 que l’insulinorésistance entre à son tour dans la définition du syndrome, par le biais du Dr. Gerald M. Reaven.
Hypertension + hyperglycémie et insulinorésistance (diabète) + taux de lipides élevé + graisse abdominale : nous avons là le quatuor diabolique qui constitue aujourd’hui ce que l’on appelle le syndrome métabolique.
Trois pathologies intimement liées à la sédentarité et à la malbouffe…
Pour diagnostiquer un syndrome métabolique, les médecins mesurent par conséquent le tour de taille, la tension artérielle, la glycémie à jeun ainsi que les taux de lipides.
À noter que, concernant le tour de taille, même les personnes qui ne sont pas en surpoids et qui semblent minces peuvent stocker un excès de graisse dans l’abdomen.
Si le tour de taille est trop important (supérieur à 94 cm chez les hommes et 80 cm chez les femmes)[1], on passe systématiquement à la mesure de la tension artérielle, des taux de sucre et de lipides à jeun.
Les points de repère pour les médecins sont : une glycémie à jeun supérieure ou égale à 100 mg/l, associée à une tension supérieure ou égale à 130/85 mm Hg, à un taux de triglycérides sanguins à jeun supérieur ou égal à 150 mg/dl.
On ne parle de syndrome métabolique que si un tour de taille trop important est associé à au moins deux autres paramètres qui seraient en dehors des clous (glycémie et tension, par exemple).
Un mal silencieux mais dangereux
Le syndrome métabolique, en tant que tel, ne cause pas de symptômes particuliers.
Pourtant, il est bel et bien là, et accomplit son œuvre désastreuse lentement mais sûrement.
Il augmente ainsi considérablement le risque des maladies suivantes :
● Maladies cardiaques (infarctus, AVC) ;
● Maladies du foie (stéatohépatite non alcoolique, cirrhose) ;
● Maladie des reins chroniques ;
● Apnée du sommeil ;
● Troubles gynécologiques (syndrome des ovaires polykystiques) ;
● Cancer du sein (risque de décès plus élevé) ;
● Troubles de l’érection.
Les personnes souffrant du syndrome métabolique auraient un risque de décès presque deux fois plus élevé que la population générale (1,82)[2].
Des conseils de prévention basiques
Les spécialistes dispensent en général toujours les mêmes conseils pour prévenir le syndrome métabolique ou pour stopper sa progression.
Le principal : modifier en profondeur les habitudes de vie à long terme.
Cela passe par une alimentation plus saine et la reprise d’une activité physique régulière.
Concernant l’alimentation, il s’agit de limiter au maximum l’alcool (facteur important de surcharge pondérale), le sel, et les plats ultra transformés qui contiennent trop de mauvaises graisses et de sucre.
Il faut revoir le contenu de son assiette et faire la part belle aux légumes et légumineuses, qui doivent constituer les trois quarts des portions. Le dernier quart est réservé aux protéines animales (viande, poisson).
Il est recommandé de privilégier les viandes maigres (lapin, poulet, parties les moins grasses du bœuf) et les poissons gras comme la sardine, le maquereau ou le saumon, riches en oméga-3.
Pour ce qui est de pratiquer une activité physique, le mieux est de se consacrer à une activité d’endurance comme la marche rapide, le footing, le cyclisme ou la natation (au moins 30 minutes par jour, 5 fois par semaine).
Ce type d’effort est meilleur pour la santé cardiovasculaire et pour perdre du poids.
Si vous êtes sédentaire depuis longtemps, reprenez le sport de façon progressive, sans forcer. Augmentez jour après jour l’intensité et la durée de votre activité.
Il est aussi conseillé de réduire le stress, qui est un facteur souvent négligé mais favorisant le syndrome métabolique.
Pour cela, diverses techniques sont à notre disposition : yoga, respiration, contact avec la nature et les animaux, méditation, etc.
Enfin, il est recommandé de faire régulièrement des bilans de santé, car, comme je vous le disais, le syndrome métabolique est relativement silencieux.
Il est donc essentiel d’avoir un suivi médical, afin de dépister précocement les facteurs de risque (hypertension artérielle, hypercholestérolémie, hyperglycémie, diabète…).
Dans ma prochaine lettre, je rentrerai dans les détails au sujet de la graisse abdominale, qui joue un rôle majeur dans le syndrome métabolique.
Vous risquez d’être surpris par ce que j’ai à vous dire à ce sujet !