Courir après la jeunesse éternelle, pas une si bonne idée - Nouvelle Page Santé

Courir après la jeunesse éternelle, pas une si bonne idée

Pour bien vieillir, prenez soin de vos télomères

Nous vivons à une époque où avancer en âge n’est pas toujours synonyme de souffrance et de désespoir.

La science et le soin que nous apportons à notre santé mettent chaque jour davantage à notre portée une vieillesse plus active et plus sereine.

Malgré tout, vieillir fait peur.

Observer son corps qui répond peu à peu moins bien, sa tête qui n’est plus aussi vive, constater que l’on est moins présent à son entourage n’est pas facile.

Pour autant, devons-nous courir après la “jeunesse éternelle” comme certaines recherches récentes  essaient de nous le promettre ?

A quelle heure biologique vos cellules sont-elles programmées pour s’arrêter ?

Ce sont souvent les détails les plus insignifiants qui conduisent aux plus grandes découvertes.

En 1971, le biologiste russe, Alekseï Olovnikov, émet pour la première fois l’hypothèse que la durée de vie maximale des cellules en culture dépend du raccourcissement progressif de leurs télomères.

Ces télomères, de petites structures situées au bout des chromosomes, agiraient comme une horloge biologique déterminant la durée de vie des cellules.

Jusqu’alors on pensait que leur seul rôle consistait à éviter que les chromosomes ne s’effilochent, un peu comme le ferait un lacet dénué de protection en plastique.

Leur existence avait été démontrée dès les années 1930, mais leur composition et leur façon de fonctionner restaient énigmatiques.

Pourtant, ce « capuchon » en apparence anodin devait, bien des années plus tard, faire souffler un vent d’enthousiasme dans les rangs des scientifiques.

Une question de vie ou de mort

Nos cellules connaissent un cycle de vie plus ou moins long.

Elles se divisent un certain nombre de fois avant de mourir, c’est le phénomène de l’apoptose (une sorte de ”suicide cellulaire”).

Ainsi, chaque jour plusieurs dizaines de milliards de cellules disparaissent et sont remplacées par de nouvelles cellules.

Ce mécanisme est vital car il permet à notre organisme tout entier de se régénérer en permanence.

Il y a plusieurs facteurs complexes qui conduisent les cellules à déclencher le processus d’apoptose, et les télomères en font partie.

Quand elle diminue, nous vieillissons

Dès 1985, Elisabeth Blackburn (prix Nobel de médecine), Carol Greider et Jack Szostak identifient la télomérase, une enzyme qui permet la synthèse et la croissance des télomères.

Tout au long de sa carrière (ses recherches lui vaudront un prix Nobel de médecine en 2009), Elizabeth Blackburn s’appliquera à démontrer que la télomérase joue un rôle crucial dans le vieillissement cellulaire.

En effet, à mesure que l’activité de la télomérase diminue, une certaine érosion des télomères se manifeste et ces derniers raccourcissent.

Au bout d’un certain temps cela peut mener à la perte d’informations génétiques nécessaires au fonctionnement cellulaire et à terme à la mort de la cellule.

Le facteur temps joue un rôle essentiel dans la dégradation des télomères : les télomères les plus courts sont généralement observés chez les personnes âgées alors que les nouveaux nés possèdent les télomères les plus longs.

Le raccourcissement des télomères aurait donc un lien avec le vieillissement et la dégradation progressive de notre organisme.

C’est la taille qui compte !

De récentes études1 démontrent qu’en donnant un coup de fouet à la télomérase il serait possible de stopper le raccourcissement des télomères et ainsi d’inverser un vieillissement prématuré.

Car la recherche a montré que l’érosion des télomères cause deux problèmes principaux.

Le premier c’est un vieillissement prématuré.

Le Docteur Chantal Autexier, chercheuse aux Fonds de recherche du Québec a notamment mené une étude2 qui fait le rapprochement entre les télomères et les syndromes de vieillissement prématuré chez l’homme.

Le raccourcissement des télomères serait aussi responsable des effets délétères dus au vieillissement naturel comme la cataracte, l’arthrose, l’ostéoporose3, l’athérosclérose4, le grisonnement des cheveux ou encore la neuro-dégénérescence.

Le second problème que posent des télomères plus courts, c’est le déclenchement de maladies.

Des gériatres nord-américains5 ont comparé deux groupes de centenaires dans l’optique d’analyser la possibilité d’un lien entre l’état de santé et la longueur des télomères.

Dans le premier groupe, les individus ne souffraient d’aucune pathologie particulière.

Dans le second groupe en revanche les sujets étaient atteints d’un ou plusieurs problèmes de santé (hypertension, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde, démence, cancer, maladie pulmonaire, diabète…).

La mesure de la longueur des télomères a été faite à partir de lymphocytes sanguins et a démontré que les centenaires en bonne santé présentaient des télomères environ 35 % plus longs que ceux qui souffraient de pathologies.

Mais avec cette découverte une question se pose : est-ce la bonne santé qui est associée à la longueur des télomères… ou la longévité ?

Télomérase : Dr Jekyll ou Mr Hyde ?

Les chercheurs se demandent actuellement si en maintenant les télomères dans leur état d’origine, on ne pourrait pas parvenir à une sorte d’immortalité cellulaire et donc atteindre l’éternelle jeunesse.

La piste paraît prometteuse mais lorsqu’on se penche sur la façon dont se forment les cancers, le doute s’installe.

En effet, les cellules cancéreuses présentent la faculté de ne jamais entrer en état de sénescence.

Ces cellules trompe-la-mort bénéficient d’une réactivation permanente de la télomérase qui leur permet d’être extrêmement résistantes et propres à se diviser indéfiniment !

Elles se mettent alors à proliférer ce qui donne naissance à la tumeur primitive puis plus tard aux métastases qui vont coloniser les tissus environnants.

Forcément cela mène à la question suivante : utiliser la télomérase comme élixir de jouvence pourrait-il engendrer des cancers en cascade ?

Eh bien la réponse est mitigée.

Cette question légitime hante les nuits de nombreux chercheurs.

Leurs travaux6 sont parfois rassurants. Le biologiste Woodring Wright qui a participé à ces recherches affirme par exemple :

« Nous démontrons clairement que l’ajout de télomérase dans des cellules humaines en culture ne provoque pas leur évolution en cellules cancéreuses. » 

Son équipe est parvenue à multiplier des cellules humaines plus de deux cents fois au-delà de leur espérance de vie programmée sans pour autant noter l’apparition de cellules cancéreuses.

Selon le Dr Wright, la télomérase permet uniquement aux cellules cancéreuses de continuer à se multiplier mais elle n’est pas à l’origine de leurs caractéristiques malignes.

Malheureusement d’autres spécialistes se montrent moins enthousiastes…

C’est le cas d’Elizabeth Blackburn, dont j’ai évoqué les recherches précédemment, qui qualifie la télomérase de « Docteur Jekyll et Mister Hyde ».

Voici ce qu’elle nous dit à ce sujet : « il n’existe aucun médicament qui augmente de façon sûre l’activité de la télomérase chez l’homme car nos cellules courent toujours un risque de devenir cancéreuses, processus que la télomérase facilite.»7

L’hygiène de vie ou la véritable cure de jeunesse

La piste de la jeunesse éternelle par le biais de la télomérase me semble encore trop fragile et risquée.

En revanche, tout faire pour conserver des télomères solides et longs est une bonne piste pour nous préserver d’un vieillissement prématuré.
Et bonne nouvelle : c’est à la portée de tout le monde !

Je m’appuie encore une fois sur les propos d’Elizabeth Blackburn :

« Nous savons qu’augmenter la télomérase n’est pas une bonne solution. Mais il en existe d’autres qui ne coûtent rien et qui peuvent favoriser la préservation des télomères : faire de l’exercice, bien dormir, trouver le moyen de faire face le mieux possible aux situations stressantes. »

En d’autres termes, avoir une bonne hygiène de vie pourrait être la clé.

Des études ont mis en évidence le lien entre notre mode de vie et les fonctions télomériques8.
Elles ont démontré que les personnes étant soumises à des stress psychologiques importants et continus voient leurs télomères se raccourcir de façon significative.

En revanche, 4 facteurs permettant de préserver les télomères ont été identifiés :

  • L’adoption d’un mode de vie sain (10 % de longueur de télomère en plus par rapport à un groupe témoin n’ayant pas modifié ses habitudes de vie) ;
  • Une alimentation riche en antioxydants, en oméga 3, en vitamines A,C, E, B6, B9, et B12 ;
  • La pratique du jeûne ;
  • La pratique de la méditation.

Et vous, quels sont vos secrets pour rester jeunes et en bonne santé ?

A bientôt,

Laurent Tessier des éditions Nouvelle Page

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Sources :

Merci de ne poser aucune question d’ordre médical, auxquelles nous ne serions pas habilités à répondre.

En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que les éditions Nouvelle Page pourront l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.

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Blanc Régine
Blanc Régine
2 années il y a

j’ai 89 ans et suis en bonne santé,j’ai toujours fait du sport;tennis,natation ,golf,gym,danseetc…je n’ai jamais fumé,très peu d’alcool et j’ai été heureuse en ménage ,deux filles adorables.J’ai eu une bijouterie et j’ai pris ma retraite il y a 24 ans!je mange sainement et pratique le jeûne. j’ai un caractère plutot optimiste.depuis longtemps je fait du bénévolat,j’ai beaucoup d’amis .je viens d’avoir le Covid malgré mes 3 injections!!je n’ai qu’un souhait pourvu que ça dure encore longtemps dans cet état!

Malvezin jacques
Malvezin jacques
2 années il y a

Bonjour,
Bientôt j’aurai 85 ans et je poursuis mon activité de formateur en attelage hippomobile. Cette activité, qui nécessite une condition physique satisfaisante, implique également une disponibilité psychologique certaine pour assurer des cours intéressants.
Je ne prends pas d’aides médicamenteuses, mais je mène un rythme vital équilibré et une alimentation sans excès.
Voilà le témoignage que je souhaitais apporter à vos lecteurs pour les inviter à ne pas se considérer « hors course » et persévérer dans le maintient d’une activité captivante.
Cordiales salutations.

Jean Rémillard (Montréal, Québec)
Jean Rémillard (Montréal, Québec)
2 années il y a

J’aurai bientôt 76 ans et je ne me sens pas vraiment « vieilli », sauf pour ma mémoire qui aurait ralenti… Mais je fais facilement 40 km de vélo en ville en une journée (pas tous les jours…), ayant délaissé toute voiture il y a 10 ans alors que j’utilisais déjà surtout le vélo, même l’hiver. Je crois aussi que mon alimentation y est pour quelque chose: 5 fruits et légumes par jour, la plupart crus, dont une banane au (petit)-déj., en remplacement des confiotes. Aux autres repas, poivre + curcuma « orange » que j’achète en sacs de 1kg (!), thon (en boîte)… Lire la suite »

Marie-paule DUCOURTIL
Marie-paule DUCOURTIL
2 années il y a

Merci pour vos informations pertinentes que je lis avec intérêt ! J’ai 78 ans ,pratique et enseigne gym douce pour Seniors et Yoga . Cette discipline qui allie la présence au corps à la circulation de l’énergie, via le souffle, et le calme mental est un régénérant quotidien. Certains imaginent des postures ultra-acrobatiques, alors que la discipline demande de bien connaître son corps , de le respecter et de ne pas forcer ses limites du jour. Il s’en suit un bien-être général, un apaisement du mental, une vision apaisée de l’existence: sérénité et joie de vivre. Belle journée à vous.… Lire la suite »

Jacques Marsan
Jacques Marsan
2 années il y a

Je suis d’accord avec tout cela. Les Écritures Anciennes mentionne un certain Melchitsédek, l’apôtre St-Paul , dit de lui qu’il serait immortel. Plus près de nous, en Inde Ramalingua Swamigal aurait lui aussi atteint l’immortalité. Ça biographie est intéressante à lire.

Madeleine Mvom
Madeleine Mvom
2 années il y a

Je sais que pour rajeunir ,vivre longtemps, voilà à ma connaissance :manger 5 fruits et légumes chaque jour,être TOUJOURS positif, éviter le stress faire du sport, manger les Oméga 3,les fruits rouge sauvage, qui sont rares en ville, éviter le soleil, aller en promenade dans les collines et respirer l’air frais etc..

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