Je connais des personnes qui, assez jeunes, commencent déjà à avoir des problèmes de mémoire.
Je dirais qu’en moyenne, cela commence à partir de la cinquantaine.
Selon une enquête de l’institut Odoxa, près d’un senior sur cinq affirme avoir fréquemment des pertes de mémoire et un Français sur dix déclare avoir fréquemment des troubles de mémoire[1].
A contrario, je me souviens que mes grands-parents paternels jouissaient, à plus de quatre-vingts ans, d’une mémoire étonnamment vive.
Alors pourquoi les uns ont-ils du mal à se rappeler où ils ont rangé leurs clés de voiture la veille tandis que d’autres se souviennent avec une précision déconcertante certains événements lointains ?
Vous n’avez pas une mais plusieurs mémoires
La mémoire est une fonction de notre cerveau, qui permet d’analyser, de stocker et de restituer des informations attachées à diverses expériences ou événements.
Nous pourrions parler de mémoires au pluriel car il en existe plusieurs types.
Il y a, par exemple, la mémoire à court terme, qui nous permet de retenir un nombre limité d’informations pendant un laps de temps très court (environ 90 secondes).
Elle est très utile pour se souvenir d’un numéro de téléphone le temps de trouver de quoi le noter ou pour suivre une conversation sans en perdre le fil.
La mémoire à long terme, elle, stocke les informations de façon durable et parfois pendant toute une vie.
Elle peut aussi bien se référer à des expériences personnelles qu’à des souvenirs liés aux cinq sens, ou encore à des connaissances d’ordre général (nom des capitales des pays, dates historiques, etc.).
Enfin, un autre type de mémoire, appelée mémoire procédurale, nous permet d’acquérir certaines fonctions de façon pérenne, comme le fait de savoir faire du vélo ou de se servir d’une fourchette et d’un couteau par exemple.
Tout ceci semble tellement naturel et automatique qu’on en oublie à quel point les rouages de la mémoire sont complexes.
Et pourtant !
Les méandres de la mémoire
Pour mémoriser, le cerveau suit un cheminement complexe en trois étapes.
- L’encodage est la première de ces étapes. Il permet d’analyser, de sélectionner et de coder des informations de façon à ce que notre système cognitif puisse les traiter et les stocker.
- Deuxièmement, le stockage permet de consolider durablement ce souvenir. Il consiste à garder l’information en mémoire dans le but de pouvoir la réutiliser plus tard. Nous ne stockons évidemment pas toutes les informations que nous recevons. Certains facteurs sont déterminants pour que ce soit le cas. Comme par exemple le fait que l’information attire notre attention, que cette information nous paraisse utile, ou que nous ayons une bonne raison pour vouloir la retenir.
- La troisième étape est la récupération. Elle consiste à aller chercher dans notre base de données l’information dont nous avons besoin.
Ces trois étapes peuvent être altérées pour différentes raisons.
Cela débouche alors sur une difficulté ou une incapacité à mémoriser des événements récents (troubles de la mémoire à court terme), et/ou à retrouver des souvenirs lointains (troubles de la mémoire à long terme).
Avec l’âge, le vieillissement du cerveau engendre parfois ce genre de troubles.
Nous avons tous des oublis passagers, mais lorsque ces troubles de la mémoire deviennent persistants, il faut véritablement s’en inquiéter
En effet, ils peuvent être les prémices d’une démence débutante.
Par conséquent, il faut prendre le problème au sérieux lorsqu’une personne âgée présente des difficultés à retrouver son chemin dans un quartier familier, lorsqu’elle ne reconnaît plus les visages de ses proches, lorsqu’elle a du mal à trouver ses mots, ou lorsqu’elle perd des choses et est incapable de les retrouver.
Une prise en charge médicale pour avoir un diagnostic précis est alors indispensable.
Cependant, bien que nous redoutions toutes ces difficultés, « le déclin n’est pas inévitable » assure le Dr Richard Restak, neurologue et professeur à l’école de médecine et de santé de l’hôpital universitaire George Washington aux États-Unis, lui-même âgé de 81 ans et doté d’une mémoire de jeune homme !
La mémoire ça se travaille !
Selon lui, il est possible d’entretenir sa mémoire de façon très simple.
Vous allez voir qu’il n’y a rien de sorcier.
Si vous suivez ces six conseils vous devriez protéger votre mémoire des ravages du temps.
- Lire des livres de fiction
Les romans sont un excellent moyen de faire travailler la mémoire.
Une lecture attentive joue sur des fonctions mentales importantes comme la concentration, l’empathie ainsi que la capacité à analyser et retenir des informations parfois complexes si le roman comprend beaucoup de personnages et de situations tortueuses.
Il faut à la fois retenir le fil de l’histoire, mais aussi les liens entre les personnages et les détails de l’intrigue.
Cela mobilise beaucoup de ressources en lien avec la mémoire.
La lecture stimule également l’imagination, ce qui peut contribuer à améliorer la mémoire.
- Associer les mots ou les noms avec des images
Si le nom de famille d’une personne est Blanc, visualisez un joli paysage enneigé et vous vous souviendrez plus facilement du nom de cette personne, même si vous ne la revoyez que des mois après.
Vous avez peur d’oublier d’acheter du pain ?
Le Dr Restak utilise une astuce très simple : il associe les livres de sa bibliothèque à des tranches de pain, ainsi, chaque fois que son regard se porte sur la bibliothèque, il se souvient qu’il doit aller acheter du pain.
- Jouez à des jeux d’esprit avec vos amis (et aussi lorsque vous êtes seul).
Les jeux faisant appel à la mémoire sont également plébiscités par le Dr Restak. Les jeux de cartes ou les échecs sont par exemple des activités qui aident à renforcer la mémoire. Travailler sa mémoire sans en avoir l’air et tout en s’amusant, quoi de mieux ?
- Se méfier du confort qu’apporte la technologie
Les appareils numériques, tels que les smartphones et les ordinateurs, font de nous des assistés permanents. Cela est confortable mais peut nuire à notre mémoire. Connaissez-vous par cœur les quatre ou cinq numéros de téléphone des personnes que vous appelez le plus ? Je suis prêt à parier que non. Il y a pourtant un temps pas si lointain où nous faisions l’effort de les mémoriser.
En réalité, la technologie ne devrait servir qu’à vérifier des informations que nous avons d’abord fait l’effort de retenir.
- Faites attention à votre alimentation
Le Dr Restak affirme que la clé est d’éviter certains aliments, tels que les aliments ultra-transformés. Selon lui, ils affectent la mémoire car ils ont une propension à impacter négativement la circulation sanguine à long terme, en provoquant de l’hypertension par exemple. Sans compter qu’ils contiennent toute une série de substances ennemies du cerveau (colorants, conservateurs, hormones, etc.)
- Laissez-vous aller à une petite sieste
Le Dr Restak s’appuie sur certaines études, qui ont montré que faire une courte sieste est essentiel pour booster la mémoire[2].
Lui-même avoue d’ailleurs faire une sieste tous les jours, car celle-ci l’aide à absorber les informations, à les consolider et à les encoder dans sa mémoire afin de pouvoir y accéder plus tard.
La durée idéale se situerait entre 20 et 40 minutes.
Alors ne culpabilisez plus !
Si mes grands-parents ont conservé une bonne mémoire toute leur vie, c’est sans doute parce qu’ils appliquaient eux aussi la plupart de ces principes :
Tous les deux lisaient beaucoup, mon grand-père jouait aux échecs et ma grand-mère à la belote (en plus d’être accrocs aux mots croisés), ils n’ont jamais possédé de portable ou d’ordinateur, mangeaient essentiellement les produits de leur jardin et la sieste était de mise chaque début d’après-midi !
Vous savez ce qu’il vous reste à faire !
Si vous souhaitez en apprendre plus sur les travaux de cet éminent spécialiste du cerveau, je vous recommande certains de ses ouvrages comme : The Complete Guide to Memory ou How to Prevent Dementia.
Et vous ? Appliquez-vous déjà certains des conseils du Dr Restak ?
Partagez toutes vos astuces pour une bonne mémoire en commentaire.
