Si je vous répète jour après jour dans mes messages l’importance de bien manger et de manger sainement, je vais aujourd’hui me faire l’avocat du diable, pour la bonne cause évidemment.
Car manger sainement, pour certaines personnes, devient une obsession… malsaine.
C’est le cas de Clara, une jeune femme qui s’est retrouvée prise dans le piège du “mieux manger à tout prix” :
« Manger sainement est devenu une obsession, un mode de vie, une religion (…) Ce n’était pas moi qui dirigeais, c’est la nourriture qui me contrôlait. (…) Mon énergie a chuté, mes cheveux sont tombés et ma peau a pris un ton grisâtre1. »
Même en termes de nourriture, l’excès de rigueur peut être mauvais pour notre santé.
Les signes d’alerte
Il y a une grande différence entre faire attention à son alimentation, avoir conscience des méfaits de la malbouffe sur la santé et se sentir profondément sali dès que l’on croque dans un morceau de saucisson.
Acheter bio, sélectionner ses aliments, en vérifier la provenance, la valeur nutritive, vérifier ensuite leur mode de conservation puis de cuisson ainsi que la meilleure manière de les préparer doit être une habitude.
Un peu comme se laver les dents le matin, c’est automatique.
Lorsque cela devient la seule et unique tâche importante de la journée, il y a un problème.
Pour la plupart d’entre nous, si nous oublions exceptionnellement de nous laver les dents, le ciel ne va pas nous tomber sur la tête.
Pour une personne souffrant d’orthorexie (c’est le nom savant que l’on donne aux extrémistes de la nourriture saine), manger un aliment qui ne correspond pas à ses critères est une véritable épreuve.
Elle se sent alors coupable, se rend même parfois malade et s’autoflagelle mentalement pour ce manquement vécu comme un échec.
L’obsession et la rigueur avec lesquelles ces personnes s’appliquent à elles-mêmes les règles d’une alimentation saine relèveraient pour n’importe qui d’une contrainte inimaginable.
Au début, on veut bien faire… et puis ça dérape
Tout débute souvent par le désir d’améliorer son état général de santé et de vaincre les maladies chroniques.
Doucement, toute notion de plaisir dans l’alimentation disparaît au profit de ce seul critère : cet aliment est-il bon ou mauvais ?
Bien souvent le classement dans la première ou la deuxième catégorie n’est pas très rationnel.
Très vite on se retrouve dans ce cycle infernal :
- on constitue ses repas avec très peu de groupes d’aliments différents (ce qui peut mener à des carences) ;
- on consacre plus de trois heures par jour à se nourrir sainement ;
- on détermine ses menus la veille, demande une organisation importante ;
- on ne comprend pas que les autres puissent se nourrir différemment ;
- l’isolement social s’installe insidieusement ;
- on ne ressent du bien-être et une paix intérieure que lorsqu’on mange sainement.
Lorsque l’orthorexie commence à se frayer un chemin dans votre vie, il faut agir sans tarder, sous peine de vivre un enfer comparable à l’anorexie ou la boulimie.
Un mal trop peu connu
Même si l’orthorexie est considérée, tout comme la boulimie ou l’anorexie, comme un trouble alimentaire majeur, sa reconnaissance par le monde médical est relativement récente.
La dénomination « orthorexia nervosa » a seulement été créée en 1997 par Steve Bratman.
Ce médecin américain était lui-même atteint de ce mal et s’est emparé du sujet.
Pour le moment, l’orthorexie n’est pas considérée comme une maladie à proprement parler.
En effet, elle n’est pas officiellement reconnue par les classifications internationales des maladies mentales ou la classification internationale des maladies.
Néanmoins, quelques profils à risque commencent à être identifiés :
- les idéalistes (spirituels ou non),
- les perfectionnistes,
- les sportifs de haut niveau,
- les grands angoissés,
- les hypocondriaques,
- les personnes ayant déjà eu des troubles alimentaires,
- les végétaliens et végans.
Tous sont plus susceptibles de tomber dans l’orthorexie (sans que ce soit une fatalité).
Il n’existe pas encore d’études très solides concernant le nombre de personnes touchées, mais on l’estime à environ 1 % de la population2.
L’autotest de Bratman
Le docteur Bratman a mis au point un test destiné à évaluer les comportements qui relèvent de l’orthorexie.
Je vous invite à le faire si vous vous sentez concerné.
À partir de 4 réponses positives, le diagnostic d’orthorexie est probable. Une réponse positive soulève la question de l’orthorexie.
À partir du test de Bratman, une étude menée à l’université de Lausanne3 a donné des résultats inquiétants. Le but était de rechercher la fréquence de symptômes orthorexiques chez les patients de cabinets diététiques. 40 sujets ont été soumis au test et 52 % avaient répondu positivement à plus de 4 questions du test, 28 % à 4 d’entre elles !
Comment s’en sortir ?
Dans la mesure où le phénomène de l’orthorexie est encore relativement récent, il n’existe pas de prise en charge standardisée.
Je suis, moi aussi, démuni face à cela et mon action première consiste donc à faire de la prévention avec cette lettre.
Prendre conscience du problème est déjà un premier pas vers une prise de recul et la guérison.
Une prise en charge par des thérapies comportementales et cognitives (TCC), les thérapies d’Acceptation et d’Engagement (ACT)4, les thérapies basées sur la pleine conscience5 ou la méthode de l’intention paradoxale6 pourraient donner de bons résultats.
Ce que je peux ajouter c’est que l’aliment parfait n’existe pas !
L’orthorexique est à la recherche d’aliments qui soient parfaitement purs et bons pour la santé. Cette quête est une utopie.
L’orthorexique fonctionne avec la règle du tout ou rien : un aliment est pur ou ne l’est pas.
La réalité est que nos aliments sont tous sans exception composés de molécules, parfois bonnes et parfois moins bonnes.
La santé via l’alimentation réside dans l’équilibre et la variété.
Et je compléterais en disant que le plaisir de s’alimenter est sans doute le meilleur moyen de prendre soin de soi.
J’espère que cette lettre vous aidera si vous avez autour de vous des personnes qui pourraient être concernées par ce problème, ou pour vous-même.
À bientôt,
Laurent des éditions Nouvelle Page
Mon obsession pour l’élimination d’aliments ainsi que l’impossibilité de boire ne serait-ce qu’un petit verre de vin est né du fait que j’ai un colon irritable et je souffre également de crises hémorroïdes sévères à la suite d’absorption de certains aliments comme l’ail, l’oignon, le poivron, les épices, l’alcool et certains légumes ou salades un peu trop agressive pour mon intestin..Mais impossible de me souvenir à quel moment j’ai commencé à être obsédée par tout ça ! Et le plus fort de l’histoire c’est que y croyant j’ai toutes les mauvaises réactions dont certaines citées plus haut! Alors à la… Lire la suite »
bonjour, si l’aliment parfait existe, il est dans la nature. Ce sont tous les fruits, toutes les graines, tous les légumes. Il faut juste écouter son corps qui nous dit lesquels prendre lorsqu’il en a besoin. Relire « La guerre du cru » de Guy-Claude Burger. Il n’y a pas de mentalisation lorsque l’on suit notre odorat qui est le message de notre corps pour dire ce qui est bon pour lui (sniffer du cru bien sûr, le cuit n’a plus rien de « naturel »)
Notre estomac n’est pas fais pour manger cru et notre colon non plus bonjour les coliques
Oui c’est exactement ça la faute et souvent au nathurophate vous allez pour des douleurs coln ils vous font tout supprimer fruit sucre gluten et vous vou retrouvez avec 15Kg en moins et une ostéoporose…
J’ajouterais aux points soulevés, les exercices quotidiens au Gym … en y passant des heures …
Merci pour cet article mise au point sur le « manger sain à tout prix » qui peut devenir pathologique et ne plus permettre à certaines personnes de profiter de moments de partage (réunion de famille, mariage, soirée entre amis ) si nourriture/boissons ne correspondent pas à leurs critères. Je suis totalement d’accord avec vous. C’est important de manger sain le plus souvent possible mais ça ne doit pas virer à l’obsession et nous couper d’une vie sociale agréable. Totale tolérance par contre pour les personnes qui sont atteintes de pathologies qui leur imposent de suivre des régimes strict. Bon week-end et… Lire la suite »