Les bienfaits du rire

Avec L’Odyssée, L’Iliade est considérée comme la première œuvre littéraire occidentale.

Dans le premier chant, pour apaiser la relation tendue entre un Zeus irrité et une Héra grincheuse, Héphaïstos tente tout d’abord un sourire prudent, qui, après absorption du doux nectar, se transforme en « rire inextinguible ».

Un rire de délivrance.

Car c’est bien là la fonction première du rire : nous libérer de nos tensions, qu’elles soient physiques ou mentales.

Le rire est l’une des formes de communication les plus fondamentales de l’être humain.

Il survient à la faveur d’une situation comique, mais est aussi la manifestation d’un soulagement après un danger écarté, ou encore une manière de désamorcer un conflit social.

Or, aujourd’hui, nous rions trois fois moins que dans les années 50 !

Le rire est le propre de l’Homme ?

Le neurobiologiste américain Robert Provine^[1] estime que nous avons jusqu’à 30 fois plus de chances de rire en présence d’autres personnes que seuls.

C’est peut-être là que se situe le problème.

Nous évoluons dans une société de plus en plus individualiste où les interactions sociales se sont profondément transformées.

En réalité, nous sommes ensemble tout en étant seuls.

Il suffit d’observer l’attitude des voyageurs dans le RER ou le métro.

Tous dans la même galère, mais chacun dans son monde, les yeux rivés sur son portable, un casque sur les oreilles.

Le message est clair : laissez-moi tranquille, je n’ai aucune envie de communiquer avec vous.

Il est loin le temps des copains que l’on retrouve au bistrot ou des réunions familiales dominicales.

De plus, le peu de rire qui subsiste a changé.

Le rire complice, amical, fondé sur le jeu et le partage, a laissé place à un rire de plus en plus teinté de mépris, d’agressivité et d’amertume.

Vous avez remarqué à quel point les comiques d’aujourd’hui se sont emparés d’une forme d’humour acerbe, politisé, voire carrément sordide ?

Nous en sommes réduits à nous esclaffer devant des propos tissés d’aigreur, de sarcasme et d’ironie.

Le rire innocent a laissé place à celui du ressentiment.

Triste constat en vérité, car ce type de rire pollue notre santé plus qu’il ne la soigne.

Peut-être devrions-nous nous inspirer de nos lointains cousins, les primates.

Car non, le rire n’est pas le propre de l’Homme.

Les observations et études des primatologues ont montré que certains grands singes, et particulièrement les plus jeunes, ont des mimiques faciales et des vocalisations qui s’apparentent au rire.

Ainsi, on retrouve une forme de rire chez les jeunes chimpanzés, les bonobos ou les gorilles lorsqu’ils jouent, sautent de branche en branche ou se courent après.

Cette forme de jeu et de rire est très importante pour les jeunes : elle constitue un apprentissage social et se manifeste lorsque l’animal se sent en sécurité et heureux.

Tout l’inverse du rire dénaturé que nous exprimons de plus en plus, nous, êtres humains.

Retrouver le goût de rire

Quoi de mieux qu’un fou rire partagé avec des amis ?

Mes fous rires les plus mémorables ont tous été spontanés, inattendus.

Il serait bien triste de devoir attendre le spectacle du dernier comique à la mode pour rire.

Quelle façon plus artificielle de déclencher le rire !

Réapprenons l’autodérision, le plaisir malin de partager une pensée loufoque, la joie de retrouver l’espace d’un instant la spontanéité de notre enfance.

Le culte de l’image et notre propension au narcissisme nous éloignent du rire de façon dramatique.  Car rire, c’est faire tomber l’armure. C’est se montrer sans fard. C’est lâcher prise, perdre le contrôle !

Aïe, aïe, aïe, pour beaucoup c’est tout simplement impensable !

Pour eux, le rire ne s’exprime que dans l’expression figée d’une image fabriquée, destinée à séduire les réseaux sociaux.

Que nous sommes loin de la fraîcheur du rire libérateur !

Brisons l’armure, que diable !

Soignez-vous en riant !

Le rire a des vertus thérapeutiques indéniables.

Ce n’est pas moi qui le dis, mais la science !

Voici ce que différentes études ont pu démontrer :

● Le rire booste les défenses immunitaires^[2] [3] :

Le rire stimule le système immunitaire en augmentant la production d’anticorps, notamment au niveau du nez et des voies respiratoires.

● Le rire est la meilleure arme contre le stress^[4] :

Rire à gorge déployée nous fait sécréter des endorphines, qui ont un effet anti-stress puissant.

Parallèlement, le rire fait baisser le taux de cortisol, hormone du stress.

Sachant que le stress est le troisième facteur de risque d’infarctus derrière le tabac et l’hypertension, ne vous privez surtout pas d’une bonne tranche de rire : vous n’en tirerez que des bienfaits pour votre santé cardiovasculaire.

● Rire protège notre cœur :

Lorsque nous rions, sous l’effet de la respiration accélérée, plus d’oxygène est capté, les pulsations cardiaques augmentent, ce qui accélère la combustion des graisses du sang.

Ensuite, une fois le rire calmé, la fréquence cardiaque diminue et la tension artérielle baisse.

La recherche a montré que le rire permet de bénéficier d’effets comparables à l’exercice physique.

Une équipe de chercheurs dirigée par le docteur Michael Miller de l’université du Maryland a notamment constaté ces effets sur le système cardiovasculaire^[5].

Selon le docteur Miller, « L’ampleur du changement observé dans l’endothélium – tissu tapissant la paroi interne des vaisseaux – est similaire chez des personnes qui rient à ce que nous pourrions voir chez celles se livrant à une activité physique intense ».

« Nous ne recommandons pas pour autant d’arrêter l’exercice, mais bien rigoler un quart d’heure par jour tout en faisant de l’exercice trois fois par semaine doit probablement être une bonne combinaison pour le système vasculaire. »

● Rire calme la douleur^[6] :

Cela résulte de la sécrétion d’endorphines qui a lieu lorsque nous rions. Ce n’est pas pour rien qu’on fait venir des clowns dans les hôpitaux pour les enfants^[7]. Les résultats sont spectaculaires !

● Le rire, c’est la vie !

Une vaste étude menée au Japon a montré que le risque de mortalité, toutes causes confondues, était significativement plus élevé chez les sujets qui riaient le moins^[8].

Pour résumer, le rire procure un relâchement des muscles et entraîne une libération d’hormones bénéfiques pour la santé.

Un rire franc déclenche des sensations euphoriques par activation du centre de récompense dans le cerveau.

David Servan-Schreiber, décédé d’une tumeur cérébrale, louait les vertus du rire : «  Même quand on est atteint d’une maladie mortelle, il reste de nombreuses occasions de rigoler, et je recommande chaudement de les saisir toutes au vol. »

Un conseil dont je me fais volontiers le relais aujourd’hui.

Essayez le yoga du rire !

S’il est une leçon que le médecin Madan Kataria a retenu de sa longue carrière, c’est que ses patients les plus joyeux guérissent indéniablement plus rapidement que les autres.

Avec son épouse, professeure de yoga, ils décident alors de lancer le yoga du rire en 1995.

Depuis, cette pratique a trouvé un large public puisque des milliers d’adeptes réguliers sont recensés dans plus de 115 pays !

Le postulat est scientifique : le corps ne ferait pas la différence entre un rire spontané et un rire simulé, les bienfaits physiologiques et psychologiques sont absolument les mêmes.

Ainsi, même si vous devez vous forcer dans un premier temps, vous serez vite happé par le rire contagieux de vos voisins et vous quitterez la séance avec tous les bienfaits attendus.

Si vous voulez vous renseigner et trouver où pratiquer près de chez vous, je vous invite à suivre ce lien : https://www.formation-yogadurire.fr/notre-concept/

Pensez-vous rire suffisamment dans la société anxiogène qui est la nôtre ?

Je suis impatient de lire vos commentaires à ce sujet, et peut-être quelques histoires propres à déclencher quelques rires chez nos lecteurs !