Nous sommes en 1994 et la nouvelle fait le tour du monde : on vient de découvrir ni plus ni moins le secret de la jeunesse éternelle !
Cette chimère après laquelle on court depuis toujours est enfin là, à la portée de tous.
Aux États-Unis, le Professeur Samuel Yen vient de publier les premières études sur une hormone aux pouvoirs extraordinaires : la DHEA.
Trente ans après, l’enthousiasme est un peu retombé, il faut bien le dire.
Que sait-on aujourd’hui des véritables effets de la DHEA ?
L’hormone de tous les miracles
Je n’exagère pas quand je dis que la découverte des effets de la DHEA sur le vieillissement a provoqué un véritable émerveillement.
On en parlait alors comme d’un miracle médical capable de ralentir, voire d’inverser, le vieillissement !
J’en veux par exemple pour preuve le livre du biochimiste Stephen Cherniske : The DHEA Breakthrough: Look Younger, Live Longer, Feel Better.
Un ouvrage parmi bien d’autres vantant sans retenue tous les atouts de la DHEA.
On peut y lire notamment que grâce à quelques pilules vous pourrez :
« retrouver l’énergie débordante dont vous jouissiez dans la vingtaine et la trentaine », bénéficier d’ « une protection contre le cancer, les maladies cardiaques, le diabète et l’ostéoporose », « booster votre libido, vaincre la dépression, stimuler votre mémoire, perdre du poids tout en développant votre masse musculaire… »
« La DHEA peut faire tout cela et bien plus encore ! » avance Stephen Cherniske.
Doucement papillon ! Revenons aux bases si vous le voulez bien.
La DHEA en clair
La DHEA est l’abréviation de « DeHydroEpiAndrostérone ».
Il s’agit d’une hormone qui permet la synthèse des hormones sexuelles (comme les œstrogènes, la progestérone, la testostérone etc.)
Elle est fabriquée par les glandes surrénales tout au long de la vie.
En réalité, la fonction de la DHEA n’est pas complètement élucidée.
On sait que sa production diminue avec l’âge et qu’elle présente quelques effets positifs dans des cas bien particuliers.
Quand on l’interroge sur les effets réels de la DHEA, le Pr Baulieu, qui a été l’un des premiers à étudier cette hormone, avant-même Samuel Yen, nous ramène à la raison sans pour autant nier certains effets[1].
Voici ce qu’il en dit :
« Il n’y a pas de miracle. La DHEA ne va pas guérir tous les maux des personnes âgées mais elle peut améliorer certains aspects de la santé. »
« En fait, si l’état de santé est normal, moyen, ça n’a aucun effet. En revanche, ce type d’hormone agit quand quelque chose va mal. »
Voilà qui est intéressant !
Alors que peut-on attendre de la DHEA ?
Maintenant que toute attente déraisonnable est écartée, il est temps d’évoquer l’utilité de la DHEA, car elle peut s’avérer efficace dans certains cas.
Vous pouvez envisager une supplémentation si votre peau souffre du temps qui passe.
Si elle est sèche ou prématurément ridée, par exemple.
La DHEA sera également utile si vous souffrez d’une diminution musculaire importante (sarcopénie).
Pour rester dans le cadre des troubles liés à l’âge, plusieurs études ont montré des effets positifs (en particulier chez les femmes de plus de soixante-dix ans) sur la préservation de la densité osseuse et la stimulation du désir sexuel[2] [3].
Peu de bénéfices ont été constatés chez les femmes plus jeunes ou chez les hommes quel que soit leur âge[4].
Chez les hommes, la DHEA aurait montré un léger effet positif contre les troubles de l’érection, notamment chez les personnes souffrant d’hypertension artérielle.
Un léger effet sur le bien-être psychologique a également été relevé quelque soit le sexe.
Dans le cadre du traitement du lupus, l’intérêt de la DHEA a été confirmé par plusieurs études : des doses élevées de DHEA (de l’ordre de 200 mg par jour) permettent de diminuer la dose de corticoïdes (cortisone) prescrits pour contrer cette maladie[5].
Ce genre de traitement est à suivre avec l’aval de votre médecin bien entendu, car le dosage est très élevé.
Il pourrait également vous conseiller la prise de DHEA en prévention si vous avez tendance à flirter avec le diabète.
Elle contribue en effet à ralentir l’apparition de la résistance à l’insuline, souvent annonciatrice d’un diabète de type II[6].
De faibles taux plasmatiques de DHEA ont été associés à l’obésité, à la dyslipidémie et à l’hypertension artérielle, suggérant une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire en cas de déficit[7].
Dans ces cas, de réels bénéfices ont été observés avec une dose minimale de 10 à 25 mg par jour.
Par ailleurs, il pourrait être judicieux de faire mesurer son taux de DHEA en cas de fatigue inexpliquée ou de stress chronique.
La posologie conseillée pour une supplémentation est variable.
En théorie, il faudrait, pour obtenir des résultats, environ 20-50 mg/jour de DHEA pour les hommes et 10-30 mg/jour pour les femmes.
Notez qu’en France, la DHEA ne peut être obtenue que sur présentation d’une ordonnance à un pharmacien, qui la conditionnera en gélules.
En général, les médecins ne sont pas vraiment encouragés à en prescrire.
Cependant, rien ne vous empêche d’en commander sur Internet (elle est considérée comme un complément alimentaire dans beaucoup de pays).
Toutefois, cela reste sous votre seule responsabilité.
Les effets à long terme d’une supplémentation en DHEA supérieure à 50 mg par jour sont inconnus et pourraient causer des effets indésirables importants.
La DHEA n’est pas réservée aux personnes âgées !
Sachez que le taux de DHEA diminue régulièrement dès l’âge de 25 ans, parfois drastiquement.
Demandez à votre médecin de vous prescrire un dosage si :
- vous êtes anxieux ou triste, sans raison ;
- vous êtes constamment fatigué ;
- vous avez tendance à prendre du poids facilement ;
- vous avez les muqueuses ou la peau trop sèches ;
- votre libido est en berne ;
- votre mémoire a tendance à vous faire défaut ;
- vous perdez de la masse musculaire.
Parce que la DHEA est le précurseur chimique des hormones sexuelles, il est probable que son administration provoque une augmentation de leur taux sanguin.
Par conséquent, son usage est déconseillé chez les personnes qui souffrent ou ont souffert de cancers liés aux hormones ou qui ont des antécédents familiaux concernant ces cancers.
La prise de DHEA est contre-indiquée chez les femmes enceintes, celles qui allaitent et chez les enfants.
La prise de DHEA doit se faire sous contrôle médical : les taux sanguins d’hormones sexuelles, de cholestérol et de sucre doivent être suivis régulièrement.
Vous l’aurez compris, la DHEA n’est pas un remède miracle, mais elle peut offrir un certain confort lorsqu’elle est bien utilisée.
J’espère que ces quelques précisions vous auront été utiles.
Qu’en pensez-vous ? Prenez-vous de la DHEA ? Si oui, quels bienfaits en avez-vous retiré ?
N’hésitez pas à échanger avec moi en commentaires !