Les vertus santé du tai-chi-chuan

Dès que j’ai un moment de libre, j’aime aller flâner dans les allées de l’un des nombreux parcs proches de chez moi ou de mon lieu de travail.

Ce sont des lieux calmes, propices au repos, à la rêverie, tant nécessaires dans notre société qui ne cesse de courir après le temps.

Et parfois, le matin, à l’ombre des marronniers, je m’arrête un moment pour observer un petit groupe de personnes absorbées dans l’exécution d’une chorégraphie aux mouvements amples et lents.

Le simple fait de les regarder m’apaise comme par magie.

Ces « danseurs », concentrés à l’extrême, pratiquent en fait un art martial millénaire chinois : le tai-chi-chuan ou taiji quan.

Une méditation en mouvement

En chinois ancien, Taiji exprime l’extrême polarité universelle de laquelle sont issus le Yin et le Yang, tandis que Quan signifie « poing fermé » ou « arts de la main fermée ».

Ainsi, certains traduisent le terme tai-chi-chuan par « poing du grand faîte » ou plus simplement le « grand faîte », faisant référence à une notion d’équilibre entre le yin et le yang.

Selon la légende, cette discipline remonterait au XIIIe siècle et aurait été créée par un moine, qui aurait compris la complémentarité du principe féminin et masculin en assistant au combat entre une grue et d’un serpent.

Le tai-chi-chuan est considéré comme un art martial faisant appel au Qi (aussi appelé « Souffle »), cette énergie vitale qui circule dans l’organisme et contribue à son équilibre.

En pratique, le tai-chi consiste à enchaîner des mouvements fluides et amples afin de faire circuler le Qi.

C’est un véritable art de vie, qui participe à l’épanouissement du corps et à l’apaisement de l’esprit.

Personnellement, en assistant à cette lente mais puissante chorégraphie, je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’agit d’une forme de méditation en mouvement.

Un art accessible à tous

L’apprentissage des mouvements peut nécessiter un certain temps afin d’acquérir les bons gestes, mais le tai-chi est l’une des rares activités physiques accessibles à tout âge.

Danielle a 86 ans, et elle a « un genou qui grince », comme elle aime à dire.

En période de crise, il lui arrive même de marcher avec un déambulateur, mais elle vit toujours chez elle, dans son petit appartement à deux pas de l’un des parcs que j’aime tant fréquenter.

Un jour, j’ai eu la curiosité de lui demander ce qui l’avait amenée à pratiquer le tai-chi.

Sa réponse ne s’est pas faite attendre :

C’est à la fois la curiosité, le besoin de participer à une activité de groupe et les conseils rassurants de son médecin qui l’ont convaincue.

Danielle s’est lancée et vient une fois par semaine prendre un bol d’air et faire sa séance sous la tutelle de Florent, le professeur qui guide le petit groupe avec un sourire parfois moqueur, mais toujours bienveillant.

Elle s’amuse des pitreries de Louis, le benjamin de la bande (8 ans), et partage ses souvenirs avec Francine, Jacques et Maria qui sont peu ou prou de sa génération.

Florent insiste d’ailleurs sur ce point : « La pratique avec des partenaires est essentielle. C’est l’occasion d’entretenir une vie sociale, bien sûr, mais aussi de bénéficier d’un élan commun, comme dans une troupe de danseurs ou de musiciens. Se synchroniser, trouver la juste distance, le bon tempo… »

Lorsque je lui ai demandé quelles étaient les contre-indications à la pratique du tai-chi, il m’a répondu qu’il y en avait très peu ; « Le but est d’utiliser le corps et le souffle de façon harmonieuse, nous ne sommes pas dans la recherche d’une performance physique. »

A ce titre, il existe même une forme de tai-chi qui se pratique assis, pour les personnes qui ont des problèmes de mobilité handicapants au niveau des membres inférieurs.

L’université de Harvard le recommande à ses étudiants

Le tai-chi est une méthode de relaxation et une pratique physique douce, basée sur des mouvements lents, qui mettent l’accent sur l’ancrage du corps.

L’exécution des mouvements chorégraphiés se fait dans un état d’esprit alerte mais avec calme.

Je recommande presque systématiquement le tai-chi lorsqu’on me demande quel est, à mon sens, le meilleur exercice qui soit.

Et je ne suis pas le seul !

En effet, les experts en santé de Harvard, dont le chercheur médical et professeur de tai-chi, Peter Wayne, stipulent que sa pratique améliore l’équilibre, la coordination, réduit l’anxiété, entretient la concentration et améliore le bien-être général^[1].

Bien que le tai-chi soit doux, il mobilise des éléments clés de la condition physique : la force musculaire, la souplesse, l’équilibre et, dans une moindre mesure, l’endurance.

Il ouvre aussi la voie à une philosophie de vie, qui permet de se recentrer, dans une société qui, à l’inverse, disperse en permanence notre énergie aux quatre vents.

Une liste de bienfaits impressionnante

Une publication toute récente a également confirmé une nouvelle fois l’intérêt du tai-chi en terme de prévention des chutes, notamment en cas de maladie de Parkinson^[2].

Cela avait déjà été démontré lors d’une ancienne étude, datant de 2012, où des patients atteints de maladie de Parkinson avaient suivi des cours de tai-chi, deux fois par semaine, pendant 24 semaines^[3].

Trois groupes avaient alors été constitués : un premier, qui pratiquait la gymnastique douce (stretching), un second, qui réalisait des exercices de résistance musculaire, et un dernier, qui faisait du tai-chi.

Au total, 381 chutes ont été observées en 6 mois chez les patients inclus.

Parmi ces 381 chutes, 186 ont été rapportées dans le groupe pratiquant du stretching, 133 dans le groupe réalisant des exercices de résistance musculaire et seulement 62 dans le groupe faisant du tai-chi !

Sur le plan physique, l’enchaînement des mouvements effectués en tai-chi permet d’améliorer :

• La souplesse articulaire : le tai-chi permet d’étirer doucement les muscles et les tendons, ce qui permet de réduire les raideurs et d’améliorer l’amplitude des mouvements ;
• La force musculaire : pratiqué régulièrement, les effets du tai-chi peuvent être comparés à ceux de la marche rapide ;
• La coordination dans l’espace, l’équilibre ;
• La circulation sanguine^[4], notamment en cas d’hypertension ;
• La santé cardiovasculaire^[5] ;
• L’oxygénation des tissus.

Cette discipline permettrait aussi de soulager les douleurs dues à la polyarthrite rhumatoïde ou à la fibromyalgie^[6].

Enfin, sur le plan mental, le tai-chi permet de mieux gérer les périodes de stress ou d’anxiété.

Il n’existe pas de contre-indications à la pratique du tai-chi, à condition d’avoir un professeur qualifié.

L’enseignement du tai-chi-chuan nécessite l’obtention du certificat de qualification professionnelle (CQP) « moniteur d’arts martiaux ».

Alors si, comme Danielle et ses amis, vous êtes curieux et souhaitez tester le tai-chi, vérifiez bien que votre enseignant possède ce certificat.

Et si vous ne savez pas par où commencer vos recherches, rendez-vous sur ce site pour trouver un club proche de chez vous.

Et vous, pratiquez-vous le tai-chi ?

Avez-vous des questions à me poser sur ce sujet ? Laissez-moi un commentaire et je vous répondrai avec plaisir.