Les polluants éternels nous rendent-ils obèses ? - Nouvelle Page Santé

Les polluants éternels nous rendent-ils obèses ?

L’obésité gagne du terrain chaque jour à travers le monde.

D’après l’OMS, le nombre d’obèses a presque triplé depuis 19751.

C’est un triste constat auquel n’échappent pas les pays européens.

En France, 47,3 % des adultes seraient obèses ou en surpoids !

Comment expliquer de tels chiffres ?

L’alimentation ?

Certes, mais elle n’est pas la seule responsable.

La piste des « polluants éternels » est maintenant sérieusement envisagée.

Les perfluorés, cet ennemi invisible

Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) forment un groupe de composés fluorés qui ont été largement utilisés dans l’industrie.

On les retrouve aussi bien dans les produits ménagers que dans l’ameublement, les textiles, certains adhésifs, et même dans des produits cosmétiques.

Nous y sommes exposés chaque jour, que ce soit via notre alimentation ou dans notre environnement.

Or, ces substances toxiques persistent dans notre organisme et finissent par s’y accumuler.

Leurs molécules sont très stables du fait de la combinaison entre des atomes de carbone et de fluor.

Elles résistent à la lumière, se diluent à peine dans les graisses et l’eau, et ne sont pas biodégradables.

Bref, il est très difficile de s’en débarrasser, que ce soit pour notre organisme ou dans la nature.

Ce n’est pas pour rien qu’on les appelle les « polluants éternels ».

Aux États-Unis, on sait que 98 % de la population a des traces de différents perfluorés dans le sang2.

Chez nous, ce n’est pas mieux. L’étude française de biosurveillance Esteban montre qu’en 2019, la totalité des 744 adultes et 249 enfants de l’échantillon en présentent également des traces dans le sang3.

Plus inquiétant encore, dès 2011, il a été constaté que les enfants de la cohorte ELFE en avaient dans l’organisme avant même leur naissance4 !

Des risques multiples

Leurs effets néfastes sur la santé sont bien documentés.

Les PFAS peuvent notamment perturber l’équilibre hormonal et entraîner un gain de poids. C’est loin d’être leur seul méfait.

Une étude complète des risques liés aux perfluorés sur la santé humaine a été menée en 2020 par l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments)5.

Et le moins que l’on puisse dire est que les résultats sont inquiétants.

Jugez par vous-même :

  • Un système immunitaire affaibli. C’est l’effet qui a été le plus clairement démontré par les études épidémiologiques.
  • Plusieurs études fournissent des preuves claires d’une association entre l’exposition aux perfluorés et l’augmentation des taux de cholestérol.
  • Les perfluorés se concentrent dans le foie et peuvent perturber son fonctionnement.
  • Les perfluorés sont fortement suspectés d’être des perturbateurs endocriniens avec des conséquences sur les hormones sexuelles, sur la fertilité, le métabolisme de la thyroïde et celui des lipides.

Une étude en particulier insiste sur les risques d’une exposition précoce à ces substances toxiques6.

Clairement, pour l’EFSA, l’exposition aux perfluorés pendant la grossesse, mais aussi l’allaitement, peut influer sur le poids, le système immunitaire et le développement futur de l’enfant, notamment sur les risques d’obésité.

Une prise de conscience salutaire ?

On sait que l’obésité est multifactorielle (facteurs génétiques, alimentaires, manque d’exercice), mais jusqu’à présent les polluants éternels n’avaient jamais vraiment été mis en avant.

Une étude danoise publiée cette année avance même que la prise de poids chez les personnes dont les taux de composés perfluorés dans le sang sont élevés n’a aucun lien avec leur alimentation7.

Cette preuve supplémentaire de l’influence des perfluorés sur la pandémie mondiale d’obésité a du bon puisque cinq États membres (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Norvège et Suède) proposent désormais d’interdire les PFAS.

Cette évaluation pourrait déboucher sur une réglementation dès 2025.

En France, le gouvernement a récemment saisi l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) afin de mettre en place une veille et de déterminer des normes précises à respecter.

Une bonne chose sur le principe, mais qui mettra du temps à porter ses fruits…

Que faire en attendant ?

Bien sûr, le fait que l’exposition aux polluants influe sur l’obésité ne nous dispense pas de faire attention à notre alimentation et de pratiquer une activité physique régulière.

Pour le reste, voici quelques mesures préventives assez simples à mettre en place :

  • Ayez recours à des systèmes de filtration pour l’eau que vous consommez (carafes, osmoseurs, rayonnement UVA…).
  • Prenez le temps de cuisiner avec des produits frais, de saison, locaux et bio. Vous éviterez ainsi les pesticides et autres ajouts alimentaires qui empoisonnent la nourriture industrielle.
  • Cuisinez avec des matériaux sains : pyrex, acier inoxydable, fer, fonte, pierre à griller, plancha…
  • Débarrassez-vous autant que possible des contenants en plastique.
  • Privilégiez des produits ménagers d’origine naturelle comme le bicarbonate, le savon noir, le vinaigre blanc.
  • Choisissez des cosmétiques composés uniquement d’ingrédients naturels.
  • Fuyez les parfums d’intérieur.
  • Évitez les revêtements de sol plastifiés, préférez le parquet naturel ou le carrelage.
  • Privilégiez l’étiquette A+ pour les peintures, matériaux et autres produits. Elle est apposée sur les moins polluants. En principe, les peintures écologiques contiennent des produits 100 % naturels qui peuvent être d’origine végétale (huiles de lin, de tournesol, pigments végétaux…) ou minérale (craie, chaux, poudre de marbre, terre, ocres, oxyde métallique, argile…)
  • Pour votre linge de lit ou de table et pour vos vêtements, choisissez des fibres naturelles comme le chanvre, le lin ou le coton.

Et pour finir, un petit coup de pouce de la nature

Certaines plantes agissent comme un filtre biologique capable d’assainir et d’améliorer la qualité de l’air de votre intérieur.

Voici quelques exemples :

Le ficus a un bon pouvoir d’absorption pour les COV (Composés organiques volatils). Il élimine l’ammoniac. Il aime la lumière et sera heureux dans votre salon.

Le chlorophytum trouvera sa place n’importe où dans la maison car il a besoin de peu d’éclairage et de peu d’arrosage.

Le lierre se plaît dans les pièces lumineuses.

Le philodendron fait partie des plantes dépolluantes les plus efficaces, mais il est aussi toxique ! On évitera donc de le placer dans les maisons où il y a des enfants et des animaux.

L’anthurium, enfin, sera placé idéalement à proximité des endroits où l’on stocke les produits ménagers comme la cuisine ou la salle de bains.

J’espère que cette lettre vous aura été utile.

Vos commentaires sont toujours les bienvenus.

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Sources :

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