Au détour d’une de mes lectures, j’ai lu une phrase qui m’a enthousiasmé mais qui a aussi piqué ma curiosité :
« L’organisme humain est capable de fabriquer tous les médicaments de la création. Il est capable de fabriquer des antidépresseurs endogènes [à l’intérieur du corps, des tissus, ndlr], des anticancéreux endogènes, de la morphine, des anti-inflammatoires… ».
Cette phrase est du psychiatre et docteur en neurosciences Patrick Lemoine, l’un des rares spécialistes français de l’effet placebo.
Un mystère grandiose
Qui de la poule ou de l’œuf est venu en premier ?
Comment est apparu le premier organisme vivant ?
Comment expliquer les guérisons miraculeuses de Lourdes ?
Notre monde est plein de mystères insondables et merveilleux.
Le lien entre le corps et l’esprit fait partie de ces énigmes qui ne sont pas encore clairement élucidées.
Pourtant, les faits sont là : nous sommes capables de nous guérir par la seule force de notre pensée.
Incroyable mais vrai !
Si cette aptitude n’est pas encore bien comprise, les scientifiques émettent quelques hypothèses.
Ils avancent qu’une structure cérébrale apparaît essentielle dans la capacité qu’a l’esprit à soigner le corps.
Une partie du phénomène se jouerait en effet dans le cortex préfrontal, cette région, située en avant du cerveau, qui est le siège du contrôle cognitif.
Or, on sait par exemple que chez des malades atteints d’Alzheimer, dont le cortex préfrontal dégénère, l’effet placebo disparaît.
L’espoir et l’anticipation d’un bénéfice thérapeutique futur est purement et simplement désactivé.
Ce début de réponse reste cependant bien mince pour rationaliser les guérisons inexpliquées de cancers avancés ou de tétraplégie irréversible1.
Pour ma part, je trouve que le mystère a du charme.
Faut-il toujours absolument chercher à comprendre ?
Peut-être, mais nous pouvons aussi simplement nous réjouir de savoir que cet extraordinaire pouvoir réside en chacun de nous.
Le simple fait d’en être conscient est en soi une belle source de bien-être et d’émerveillement non ?
L’effet placebo, la preuve la plus étudiée
L’effet placebo est connu de tous, aussi bien des médecins que du grand public.
Même si ses mécanismes ne sont pas complètement compris, ses effets sont tellement puissants qu’il est impossible de nier son existence.
Il faut savoir que les scientifiques sont aujourd’hui contraints de l’intégrer dans toutes leurs études cliniques.
Pour prouver l’efficacité d’un médicament, ils doivent systématiquement comparer son effet à celui d’un placebo.
C’est donc une capacité naturelle, presque magique, que nous possédons tous et qui est reconnue comme telle par le monde, pourtant très sceptique, de la science.
Les effets biologiques du placebo ont été démontrés pour la première fois par le neuroscientifique Jon Levine, en 19782.
L’expérience menée à l’époque était très simple :
Un analgésique ou un placebo était donné à des patients à qui on avait extrait des dents de sagesse.
Bien évidemment, tous pensaient avoir reçu un puissant anti-douleur.
Parmi les patients sous placebo, 39 % ressentaient un soulagement de leurs douleurs dentaires.
Plus étonnant, lorsque Levine leur injectait de la naloxone, un composé qui bloque les récepteurs à la morphine dans le cerveau, les patients qui avaient réagi au placebo signalaient l’apparition de douleurs.
La naloxone avait bloqué l’effet placebo !
C’est comme si leur cerveau avait produit des antalgiques naturels, des endorphines qui se seraient fixées sur les mêmes récepteurs que la morphine dans le cerveau.
En bloquant l’action des endorphines, la naloxone avait tout simplement annulé leur effet antalgique, comme elle l’aurait fait si les patients avaient réellement reçu de la morphine.
Ces résultats ont été confirmés par bon nombre d’études depuis.
Voilà pourquoi Patrick Lemoine, dont je vous parlais au début de ma lettre, estime que l’effet placebo a pour fondement l’activation de substances thérapeutiques endogènes créées de toute pièce par le malade.
Comment ?
Nous n’avons toujours pas la réponse.
Reste qu’aujourd’hui, un effet placebo important a été constaté dans une variété de pathologies, parmi lesquelles la maladie de Parkinson, la dépression, la douleur, l’allergie, l’hypertension, l’insomnie et même les infections !
Des techniques émergentes de plus en plus reconnues
Parmi les techniques qui attirent l’attention des scientifiques, la plus étudiée est sans doute le neurofeedback.
Ses effets sont observés de près dans le traitement de différents troubles.
Des centaines d’études se sont ainsi penchées sur ce que l’on peut en attendre en cas d’hyperactivité avec déficit de l’attention, d’anxiété, de dépression, d’épilepsie, d’insomnie, de toxicomanie, de schizophrénie, de troubles d’apprentissage, de dyslexie, de gestion de la douleur, etc.
Même si des réserves sont encore émises (durée du traitement, effets sur le long terme), des résultats concluants ont été indubitablement constatés3.
La technique vise à donner au patient un certain contrôle sur des zones spécifiques de son cerveau.
Celui-ci doit se concentrer sur une idée, une sensation (une douleur par exemple) ou une tâche et visionner sur un écran son activité cérébrale en temps réel.
Il peut ainsi s’entraîner à modérer les signaux électriques envoyés par les neurones qui lui seraient nocifs et stimuler ceux qui lui apportent du mieux-être.
L’activité cérébrale est enregistrée et traduite par une image sur un écran ou un son diffusé par des haut-parleurs.
Avec ce retour (le feedback), le patient visualise ou entend ce qui se passe dans son cerveau et s’exerce à en prendre le contrôle.
L’armée américaine utilise par exemple cette technique pour soigner les soldats atteints de stress post-traumatique.
Une autre technique visant à utiliser les pouvoirs du cerveau est la psycho-neuro-immunologie.
Ce terme nous vient tout droit des années 1970, suite aux travaux du psychologue Robert Ader et de l’immunologiste Nicholas Cohen, qui ont étudié l’interaction entre le cerveau, les systèmes endocrinien et immunitaire et leurs pathologies associées.
Ils ont alors établi que nos pensées négatives ou un état d’esprit pessimiste influent sur le développement de certaines maladies.
A l’inverse, les émotions positives permettraient de prévenir ces pathologies.
Le stress chronique, par exemple, provoque la production de nombreuses hormones ,sur le long terme, peuvent affecter le système immunitaire et favoriser l’apparition de maladies auto-immunes.
Le maintien de l’homéostasie (équilibre interne de l’organisme) est assuré par trois grands systèmes : les systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire, qui communiquent entre eux de façon continue et précise.
Ainsi un corps sain repose sur un esprit sain.
J’entends par esprit sain, un esprit apaisé, en harmonie avec la vie, aimé et aimant.
Le psychiatre George Solomon, décédé en 2001, a pu constater à quel point ce qui pourrait être considéré comme une théorie présente des effets bien concrets.
Attaché à l’unité Norman Cousins de l’UCLA (University of California Los Angeles), il s’est consacré aux personnes atteintes du sida pendant longtemps.
Ses observations lui ont permis de constater que les malades les plus résistants à la maladie présentaient des aptitudes communes, à savoir : donner un sens à la vie, aimer coopérer, entretenir des amitiés profondes, aider autrui, compatir, ou encore accepter la maladie sans perdre le goût de vivre.
George Solomon a également travaillé avec des patients atteints de maladies mentales graves.
Après avoir étudié le métabolisme de schizophrènes dont l’esprit est coupé, non pas en deux, mais en trois, quatre, parfois en plus de dix personnages différents, il a constaté que le sujet, en fonction de sa personnalité du moment, voit le fonctionnement de son organisme changer, y compris son système immunitaire !
La personnalité X peut avoir des problèmes de diabète que la personnalité Y ne connaîtra jamais.
Cela peut paraître absolument impossible et pourtant…
La technique millénaire qui a fait ses preuves
Je veux bien sûr parler de la méditation.
Ses résultats sur la santé sont validés par la science depuis un bon moment déjà.
J’en parle longuement dans une des mes anciennes lettres :https://nouvelle-page-sante.com/que-se-passe-t-il-dans-le-cerveau-de-matthieu-ricard/
On sait par exemple que la méditation provoque des changements structurels et fonctionnels dans les réseaux cérébraux à grande échelle.
Vingt minutes de méditation par jour, y compris par des novices, pendant huit semaines, provoquent des modifications au niveau de la structure et du fonctionnement du cerveau.
Ces modifications cérébrales sont vraisemblablement en lien avec les effets sur la santé que procure la méditation.
Si rien ne le prouve de façon incontestable, toujours est-il que la méditation a montré des effets positifs sur la dépression, l’anxiété, les douleurs psychosomatiques, les troubles addictifs, les troubles de l’attention et la douleur4 5.
Les scientifiques, qui ont observé ce qu’il se passe dans le cerveau des méditants, se sont aperçu que tout l’encéphale semble « battre » en harmonie sous certaines fréquences.
C’est peut-être là qu’il faut creuser pour comprendre comment la méditation peut être à ce point bénéfique à la santé.
Nous avons en nous des pouvoirs d’auto-guérison qui révèlent peu à peu leurs secrets.
Avant d’en comprendre tous les mécanismes, attachons-nous à prendre soin de notre mental pour préserver notre santé.
Soyons aimants, positifs, généreux, sereins, curieux.
Célébrons la vie, notre vie à chaque instant !
Croyez-vous aux pouvoirs de l’esprit pour soigner le corps ?
A bientôt,
Laurent des éditions Nouvelle Page
Je souhaiterais surtout avoir moins envoi de courrier.
Merci de faire le nécessaire car je suis inondée de courrier.
Grand merci pour le soin mis à approfondir ce sujet si ample – et malheureusement pas assez souvent développé – et à nous montrer tant d’interrelations existant en l’être humain.
Il faut savoir que d’autres, qui ont fui leur pays pour cause de guerre civile, consacrent leurs recherches à détruire leur prochain, pour des motivations sur lesquelles il y aurait probablement beaucoup à dire.
Il s’établit ainsi une guerre d’influence entre les agresseurs, qui encouragent l’entourage (bizarrement coopératif) à réduire les échanges avec un individu dans le but de le rendre violent, et l’individu en question qui pratique la pensée positive, la sophrologie, la méditation, pour garder des réactions saines et un moral au meilleur de ses possibilités du moment.
Vraiment fascinant, merci, c’est comme si je recevais des clés dont je vais me servir pour agrandir le champs de ma conscience, et pour dire avec encore plus de vérité, que nous sommes, nous les humains, beaucoup plus « grands » qu’on le pense…
la note bibliographique 1 n’est pas fournie (après « tétraplégie »)