Tout ce qu’il faut savoir sur l’allergie à l’iode

Suite à ma lettre sur le rôle de l’iode dans la santé, j’ai reçu quelques commentaires qui m’ont interpellé, comme celui de Jacqueline, qui me dit :

« Ok, je me rends compte que cette molécule est super importante, mais comment faire quand on est allergique à l’iode ? »

Non, chère Jacqueline, vous n’êtes pas allergique à l’iode, car cette allergie n’existe tout simplement pas.

L’iode est indispensable au bon fonctionnement du corps humain.

Si vous étiez allergique à ce micronutriment, vous ne pourriez tout simplement pas vivre.

On le retrouve notamment dans la composition des hormones thyroïdiennes, qui assurent de multiples fonctions dans l’organisme (régulation de la température corporelle, croissance, développement du système nerveux, etc.).

Alors pourquoi, avant un scanner, vous demande-t-on toujours : « Êtes-vous allergique à l’iode ? »

La réponse est simple : il s’agit tout simplement d’un abus de langage.

Je vous explique tout cela ci-dessous.

Une confusion sciemment entretenue ?

Lorsque vous devez passer un examen d’imagerie médicale, on vous incite fortement à accepter une injection de produit de contraste, censée permettre d’obtenir des résultats plus précis.

Vous pouvez bien entendu refuser.

Au mieux, on vous fera comprendre que ce n’est pas une bonne décision. Et au pire…

Voulez-vous que je vous raconte le pire ?

Mon histoire est véridique : il y a deux ans, un problème de santé m’oblige à passer un scanner en urgence.

Je me rends à mon rendez-vous, assez anxieux, un peu déboussolé même, car mes soucis sont assez sérieux.

Sur mon ordonnance, il est spécifié noir sur blanc : scanner sans injection.

Je le précise à nouveau sur les papiers à remplir avant l’examen.

Je me prépare alors pour passer le scanner, lorsqu’un infirmier vient me voir et me demande : « Vous avez apporté le produit pour l’injection ? »

Je lui réponds que l’examen doit se faire sans, et que cela est bien signalé sur mon ordonnance.

L’infirmier me regarde, un peu gêné, et me demande de patienter.

Il revient 10 minutes plus tard et me dit : « le radiologue ne veut pas vous faire le scanner dans ces conditions. »

Je proteste mollement (je sais qu’il en a le droit, ce qui est un comble !), mais je demande à lui parler.

Refus catégorique.

C’est tout juste s’ils ne m’ont pas mis à la porte !

Imaginez mon état de stress et d’inquiétude.

J’ai dû reprendre un rendez-vous ailleurs, et cette fois, l’examen s’est parfaitement déroulé, sans injection et sans anicroche.

Cette anecdote pour dire deux choses :

1. Il y a une incitation systématique, voire une quasi-obligation à se faire injecter un produit dont on ne connaît pas la composition exacte. Business is business ? Je pose innocemment la question.

2. Si je refuse systématiquement les injections (sauf si c’est absolument nécessaire et justifié), c’est parce que ce sont bien les produits qu’elles contiennent qui causent les réactions allergiques (parfois mortelles), et non l’iode, comme on cherche à nous le faire croire.

Ça, personne ne vous le dira.

L’iode aura bon dos en cas de souci…

Décryptage des « allergies » à l’iode

Même si l’allergie à l’iode n’existe pas, on peut tout de même être allergique à des produits qui en contiennent (médicaments ou aliments).

Cependant, ne perdez pas de vue que le système immunitaire ne réagit pas à l’iode lui-même, mais à des substances allergènes retrouvées dans ces produits.

Cela donne des symptômes plus ou moins graves, qui vont de simples rougeurs à des difficultés respiratoires ou digestives, et peuvent aller jusqu’à un choc anaphylactique grave qui doit être pris en charge très rapidement.

Concernant les produits de contraste, plusieurs études ont rapporté des effets secondaires consécutifs à leur injection^[1].

Mais on n’a pas encore identifié la ou les substances allergènes.

Quelques précautions à prendre néanmoins :

•  Si vous avez déjà présenté une réaction anormale lors d’une précédente administration de produit de contraste, signalez-le à l’équipe médicale avant l’examen.

•  Si vous faites un jour une réaction à l’un de ces produits, je vous conseille de noter la référence du produit concerné et de consulter un allergologue pour identifier précisément l’origine de l’allergie.

Demandez-lui un courrier ou une carte mentionnant cette allergie, et conservez ce document précieusement.

Des alternatives pourront alors vous être proposées :

•  Si vous êtes asthmatique ou présentez un terrain dit « atopique » (qui se manifeste, par exemple, par de l’eczéma, de l’urticaire, un rhume des foins, des conjonctivites allergiques…), vous avez plus de risque de faire une réaction, alors signalez-le.

•  Après l’injection, soyez attentif aux symptômes suivants : gonflements, démangeaisons, érythème, urticaire… et informez aussitôt l’équipe médicale.

Deux autres allergies sont faussement imputées à l’iode : l’allergie aux produits de la mer, et aux antiseptiques iodés.

Dans le premier cas, il s’agit en réalité d’une allergie alimentaire, due à une protéine animale produite par les poissons et les crustacés.

Si vous êtes concerné, vous savez qu’il vaut mieux éviter complètement ces aliments et leurs dérivés (beurres de crabe, farines de poisson, sauces à base de poissons, etc.).

Aujourd’hui, on sait qu’avoir une allergie alimentaire, quelle qu’elle soit (produits de la mer mais aussi œufs, lait, fruits à coque, etc.), augmente le risque d’allergie aux produits de contraste utilisés pour les scanners ou IRM.

Encore une fois : l’iode n’a rien à voir là-dedans.

Le seul vrai responsable est un terrain allergique général.

Dans le cas d’une allergie aux antiseptiques iodés, comme la Bétadine®, on parle encore une fois d’une allergie qui n’a rien à voir avec l’iode, mais avec une molécule chimique propre à ce produit comme la polyvinylpyrrolidone, aussi appelée povidone.

Et vous, pensiez-vous être allergique à l’iode ?

Avez-vous, vous aussi, déjà coché cette fameuse case avant un examen… sans vraiment savoir pourquoi ?