Aussi loin qu’elle peut remonter dans le temps, Marion a l’impression d’avoir vécu avec une anxiété diffuse chevillée au corps.
D’aucuns diraient pourtant qu’elle a la belle vie.
Elle a grandi auprès de parents aimants, plutôt aisés financièrement.
Après de brillantes études, elle a réalisé son rêve et a réussi à se faire un nom dans le monde de la mode.
Elle file le parfait amour avec Théo depuis une dizaine d’années et ils ont ensemble deux merveilleux enfants.
Marion a tout pour être heureuse, elle se le répète tous les jours, mais depuis quelque temps, ses crises d’angoisse se sont accentuées au point qu’elles ont fini par la pousser à chercher de l’aide.
Elle ne s’attendait pas à s’engager sur un chemin aussi fascinant que troublant en poussant la porte d’un psychologue aux convictions un peu particulières.
À n’y rien comprendre
Il n’y a rien de pire que de se retrouver plongé dans un état d’anxiété persistant sans en comprendre la raison.
Car, dans ce cas, comment lutter contre ce sentiment ?
Il n’y a rien à quoi se raccrocher, rien de concret contre quoi lutter, aucune mauvaise pensée à raisonner.
Un enfer qui nous plonge dans une forme d’impuissance et de résignation.
C’est exactement de cette façon que Marion a vécu pendant des années avec ses tourments intérieurs : dans la résignation.
« J’ai appris à vivre avec », « Ce doit être dans ma nature », « Ça va bien finir par passer »… voilà ce qu’elle pouvait dire à Théo lorsqu’ils en parlaient.
Imaginez l’inconfort et l’épuisement que cela peut provoquer au quotidien.
L’anxiété n’est pas un trouble à prendre à la légère.
C’est un sentiment de peur qui vous ronge, une inquiétude permanente, des pensées qui s’emballent jusqu’à l’irrationnel.
Comme si cela n’était pas suffisant, de cet état psychologique perturbé découlent souvent divers symptômes physiques comme des douleurs somatiques, de la fatigue chronique, des troubles digestifs, des problèmes cardiovasculaires…
Si vous êtes comme Marion, ne cédez surtout pas au découragement.
Cela peut prendre du temps mais si on fait la démarche de briser ce cycle infernal, on finit toujours par découvrir que l’anxiété généralisée a TOUJOURS une origine bien définie.
La mémoire dans la peau
Marion a fait un long chemin pour comprendre ce qui pouvait bien provoquer son mal-être.
Le jeu en valait la chandelle car elle a enfin pu retrouver une forme de paix qui lui semblait inaccessible.
Si je remonte quelques années en arrière, elle n’avait jamais entendu parler de l’analyse transgénérationnelle ni de la psycho-généalogie.
Alors, lorsque le psychologue avec lequel elle avait pris rendez-vous lui a parlé de la façon dont il allait procéder, elle s’est trouvée un peu désarçonnée.
Il lui a fallu quelques séances pour adhérer aux propos de son thérapeute qui cherchait à lui faire comprendre à quel point notre histoire familiale peut influencer nos vies.
Un peu réfractaire à l’idée au début, Marion a dû se rendre à l’évidence rapidement : ces séances lui faisaient du bien, et ses angoisses prenaient enfin du sens !
Il faut dire que l’histoire familiale de Marion est un peu particulière, mais j’y reviendrai plus tard. Avant cela, vous vous demandez peut-être ce qu’est l’analyse transgénérationnelle ?
Si vous voulez explorer le sujet en profondeur, je vous recommande chaudement le livre d’Élisabeth Horowitz : Mon corps généalogique (Les éditions Trédaniel).
Quant à moi, je vais essayer de vous en expliquer les grands principes.
La psycho-généalogie ou l’analyse transgénérationnelle est issue des travaux de plusieurs thérapeutes, mais c’est à Anne Ancelin Schützenberger que l’on doit l’essor de cette discipline, grâce notamment à son livre : « Aïe, mes aïeux ! » (Éditions Desclée De Brouwer).
Nos parents et nos ancêtres nous transmettent des valeurs, de l’amour, des connaissances, et bien entendu des caractéristiques physiques, mais ils nous lèguent également leurs traumas les plus profonds.
Un héritage plus ou moins lourd à porter…
Ainsi, des événements importants dans l’histoire familiale se répercuteraient à-travers les générations, affectant notre corps et notre psychisme au point de faire muter notre ADN !
On rejoint ici les dernières découvertes autour de l’épigénétique.
C’est ce que souligne Élisabeth Horowitz au terme de 25 années de recherche et de pratique.
Si nos gènes sont définis à la naissance, leur fonctionnement, lui, n’est pas figé[1].
L’expression de nos gènes, qui détermine entre autres certains paramètres de santé, peut être activée ou inactivée par l’expérience et/ou l’environnement.
Élisabeth Horowitz s’est aperçue que nos antécédents familiaux pouvaient même déclencher l’expression de certains gènes à la faveur de situations particulières.
Et plus le taux de ressemblances avec un ancêtre est important, plus il y a de chance pour que cela se produise et qu’une partie de son histoire s’exprime dans le corps de son descendant.
Les ressemblances peuvent être, par exemple, des prénoms qui se répètent au fil de la généalogie, le même jour de naissance qu’un aïeul, le même âge au moment du mariage, etc.
Un exemple ? une petite fille qui, à 6 ans, développe une pneumonie, une pleurésie et une psychose ; or, sa propre mère avait 6 ans lorsque son père est mort d’une pleurésie et d’une pneumonie avec méningite terminale.
Stupéfiant non ?
Selon Élisabeth Horowitz, plus le niveau de ressemblances est significatif et moins les personnes peuvent accéder à leur unicité.
Et c’est un réel problème !
Élisabeth Horowitz fait une comparaison qui résume bien le problème auquel on se heurte avec nos antécédents familiaux : on sait que la consanguinité favorise l’apparition de malformations congénitales, de maladies génétiques, de maladies cardiovasculaires, de diabète, de cancer, de retard mental, etc.
Eh bien ici, les effets sont exactement les mêmes !
De l’importance d’être unique
S’il faut retenir une chose de l’analyse transgénérationnelle, c’est qu’il est fondamental de se détacher de l’histoire familiale.
Simple en apparence… mais difficile dans les faits.
Cela peut prendre des années et nécessiter un travail de fond avec un psychologue pour sortir du magma généalogique.
Le cumul de l’identique est préjudiciable à la vie (génétiquement et psychologiquement), il n’apporte rien de nouveau, mais répète une situation qui n’a plus lieu d’être.
Pour illustrer mon propos, il est temps de revenir sur le cas de Marion.
Ce qu’il faut savoir, c’est que Marion a une histoire familiale pour le moins chargée : Une grande partie de sa famille est morte à Auschwitz durant la seconde guerre mondiale.
Or, des comportements anxieux et des problèmes de santé se manifestent couramment chez les descendants de celles et ceux qui ont été intensément soumis à la peur, à la faim, au désespoir, à la peur de mourir.
Ces expériences extrêmement violentes sont mémorisées dans l’inconscient familial et le scénario se joue encore au niveau cellulaire.
C’est pourquoi il est fondamental de prendre conscience des effets de notre histoire familiale et surtout de s’en détacher afin de pouvoir suivre son propre chemin sereinement.
Rien ne justifie que l’on porte les traumatismes de nos ancêtres, quel que soit l’amour qu’on leur porte.
Seriez-vous tentés de chercher dans votre histoire familiale les sources d’un malaise inexpliqué ?
Avez-vous déjà suivi ce type de thérapie ?
Cela vous a-t-il aidé ? Dites le moi en commentaires.
Indéniable hérédité, parfois lourde à porter. Après avoir lu « La famille, un trésor, un piège » d’Alejandro Jodorowski j’en suis intimement et profondément persuadé. Dommage que ce soit trop tard pour investiguer, êtres et mondes ayant quitté ce monde.
Bonjour
j’ai travaillé en psychogénéalogie et en constellations familiales mais n’ai pas terminé mes recherches
Bonjour, je me voie un peu dans cette histoire je suis Marion 2 a part que mes aïeuls ne sont pas mort à Auschwitz, c’est une belle histoire.
Tellement vrai !
Comment s’en libérer ?
Bonjour. Je le retrouve tout à fait dans ce récit. Il pourrait être le mien à qq détails près. J ai 53 ans et je vis cet enfer actuellement. Mon travail est compromis. Une vraie descente aux enfers en effet..Ma mère est également une personne très angoissée..je vais mener une enquête sur mes ancêtres.. merci pour cette histoire qui me rassure qq part..
Je pense que sa c’est vrai et que la « FAMILY CONSTELLATION » travailles tres bien avec ça
J’ai fait deux fois déjà des constellations familiales et suis une page Fb d’un italien qui a même écrit un livre sur “costellazione spirituale”‘qui va plus loin. C’est extrêmement fort et parlant , sans paroles 😁
Bonjour, oui, j’ai fait ce genre de démarche après avoir lu le livre « Aïe mes aïeux » de Anne Ancelin Schützenberger ; quelque temps après, j’étais en train de conduire et j’ai eu comme une énorme bouffée de chaleur et dans ma tête l’injonction « si tu te montres, on te tue » et l’image de moi dans une trachée de la guerre de 14 . Je n’ai pas arrété de conduire parce que j’étais restée lucide ! Mais ce qui était étrange après reflexion, c’est que mon aversion et incapacité à porter des vêtements ou objets avec la marque bien visible comme… Lire la suite »
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