Plus de 10 000 personnes meurent chaque année en France suite à une mauvaise utilisation de médicaments[1] [2].
En comparaison, les morts dus aux accidents de la route sont trois fois moins nombreux !
À ces décès s’ajoutent plus de 130 000 hospitalisations.
Qu’il s’agisse d’un mauvais dosage, du non-respect de la posologie, d’un usage erroné ou de l’interaction entre plusieurs médicaments, les chiffres ont de quoi interpeller.
#Ozempic, le mot clé qui cartonne
Lorsque Julia, 17 ans, tape ce mot clé sur le réseau Tik Tok pour la première fois, elle se retrouve avec des milliers de vidéos à disposition.
Ce petit stylo injectable est l’une des stars du moment.
On y voit des jeunes filles expliquer comment manier le fameux stylo, ou faire part de leurs conseils sur la meilleure façon de l’utiliser, comme s’il s’agissait d’un simple gadget.
Le problème ?
La plupart de ces vidéos fournissent à Julia de fausses informations et l’incitent, en plus, à prendre des risques pour sa santé…
Entre les pseudos médecins, les pharmacies douteuses, les influenceuses de tout poil, et les starlettes au sourire ultra bright, on ne sait pas à qui prêter l’oreille en premier.
Depuis sa mise sur le marché, l’Ozempic (un médicament contre le diabète, autorisé depuis 2017 aux États-Unis et 2019 en France), fait un tabac, mais pas pour les bonnes raisons.
Son usage est malheureusement détourné à grande échelle.
Les promesses qu’il véhicule sont alléchantes, surtout pour une adolescente mal dans sa peau comme Julia.
Elle n’est pas obèse, loin de là.
Elle a bien quelques formes mais pas de quoi en faire une obsession.
Et pourtant… le regard des autres, et pire encore, le regard que l’on porte sur soi-même, peut être dévastateur à cet âge-là.
La moindre imperfection supposée prend parfois des proportions dramatiques.
Julia a pour référence les filles des magazines et de la télé-réalité. Autant dire des modèles complètement irréalistes.
Ses parents ont beau le lui dire : rien n’y fait.
Son objectif ? Perdre 8 kilos.
Alors, quand on lui dit qu’il existe un produit miracle qui permet d’atteindre cet objectif rapidement et sans effort… elle pense avoir trouvé le Graal.
Et le piège se referme.
Un détournement qui pose question
Après une première alerte en mars 2023, de nouvelles données fournies par l’Assurance Maladie confirment l’usage détourné grandissant de l’Ozempic.
Il serait passé de 0,7% en mai 2022, à 1% en septembre 2022 et à 1,4% fin mai 2023[3].
Ces chiffres ne tiennent compte que des personnes qui ont été remboursées par l’assurance maladie. Le nombre réel est sans doute bien plus élevé.
Cela pose trois problèmes majeurs :
- Le premier est qu’on constate de plus en plus de ruptures de stock dans les pharmacies. Ainsi, les diabétiques qui ont vraiment besoin de ce traitement en sont privés.
- Le deuxième doit nous interroger sur la façon dont ce médicament est prescrit. Il y a forcément beaucoup de complaisance (et d’irresponsabilité ?) de la part des médecins qui délivrent des ordonnances pour un usage détourné du médicament.
- Et enfin : la prise de ce médicament n’est pas anodine et peut entraîner de graves effets secondaires, surtout s’il est mal utilisé.
J’ajouterais un dernier point plus « philosophique » : jusqu’où sommes-nous capables d’aller ? Quels risques sommes-nous prêts à prendre pour correspondre aux standards imposés par les médias ?
La potion magique qui fait maigrir, si elle est inventée un jour, fera probablement la fortune de son créateur.
Plus de 6 Français sur 10 auraient déclaré avoir des kilos à perdre (62%)[4] !
L’étude « Les femmes et les régimes » réalisée par l’institut Harris Interactive pour le magazine Top Santé donne des chiffres encore plus inquiétants : 8 femmes sur 10 surveilleraient leur alimentation pour mincir[5].
86% d’entre elles souhaiteraient maigrir pour se sentir mieux dans leur corps et dans leur tête, et 72 % afin de plaire davantage…
Un risque bien réel
Ce n’est pas la première fois qu’un médicament est utilisé en dehors de son indication initiale, avec des conséquences parfois dramatiques.
Je pense forcément au tristement célèbre Mediator (un traitement contre le diabète lui aussi), dont la prescription abusive a causé entre 1 500 et 2 000 décès.
Tirera-t-on un jour les leçons des erreurs passées ?
Difficile à croire quand on voit la situation actuelle avec l’Ozempic.
Le manque d’information demeure la grande faille dans ce genre de phénomène de société.
Les médecins, les pharmaciens, et ceux qui encouragent l’utilisation de ce médicament sur les réseaux, ont le devoir d’exposer clairement les risques.
En effet, l’Ozempic fait partie de ces médicaments qui miment l’action des incrétines.
Les incrétines sont des hormones sécrétées par l’organisme en réponse à l’augmentation de la glycémie.
Elles stimulent la sécrétion d’insuline (hypoglycémiante) et inhibent celle de glucagon (hyperglycémiant) tout en ralentissant la vidange gastrique, ce qui procure une impression de satiété prolongée.
Nous avons assez de recul pour savoir que ces traitements présentent des effets secondaires non négligeables.
Le plus courant n’est pas très grave : il s’agit d’un simple inconfort gastro-intestinal.
Mais l’Agence du médicament évoque également des hypoglycémies et surtout des pancréatites[6] parmi les effets potentiellement graves.
Des chercheurs de l’université de Colombie-Britannique (Canada) ont également signalé d’autres complications graves : affections gastro-intestinales sévères (comme l’obstruction intestinale), pathologies biliaires et gastroparésie (ralentissement des mouvements de l’estomac)[7].
Et ce n’est peut-être pas tout.
La liste des effets secondaires pourrait encore s’allonger dans les mois qui viennent.
Les autorités sanitaires islandaises auraient par exemple identifié des pensées suicidaires et auto-agressives chez des personnes traitées par ce type de médicaments[8].
Cet usage détourné de l’Ozempic ressemble à s’y méprendre à un prochain scandale sanitaire.
Votre avis m’intéresse. N’hésitez pas à le partager en commentaires !
Le mal être, les influenceurs (ses) de tout poil, inclus la pub. sont devenues des modes de penser, de comportement.
Informer, prendre en compte, proposer des alternatives, donner l’exemple, aider à se construire un « moi » sont à PROPOSER.
A préciser, à démontrer, les influenceurs (ses) n’influencent que les influençables.
Et peut-être, peut-être que des propos forts même réfutés dans un 1er temps, seront acceptés, voire en références dans l’inconscient…
Et éviterons des prises de risques sans raisonnement construit.