Comme me le confiait dernièrement un ami naturopathe, de plus en plus de femmes qui viennent le voir en consultation s’interrogent sur les risques liés à l’utilisation des protections intimes.
Si on prend le temps de se renseigner un peu, on peut lire ici ou là que de nombreuses substances toxiques entrent dans leur composition.
Alors, comment faire le bon choix ?
Encore trop de substances qui font polémique
L’Anses, qui a été saisie en 2018 afin d’évaluer la sécurité des protections intimes, a estimé qu’il n’y avait pas de risque à les utiliser.
Le rapport note tout de même la présence de substances chimiques dans les tampons, les coupes menstruelles, les serviettes hygiéniques et/ou les protège-slips, mais « sans dépassement des seuils sanitaires1 ».
Le magazine 60 millions de consommateurs rejoint ce constat2.
Les experts sollicités par le magazine ont analysé la composition de 24 protections menstruelles. Ils ont détecté la présence de produits suspectés d’être cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou perturbateurs endocriniens.
« La plupart des marques ont souligné que leur présence n’était pas préoccupante », précise le journal.
Aurait-il été dans leur intérêt de dire le contraire ?
Plus inquiétant, même les marques dites « bio » n’étaient pas vierges de ces substances.
De petites quantités d’un dérivé du glyphosate, un pesticide interdit en France, a été trouvé dans l’une d’entre elles…
Même si seules des « traces » de produits toxiques ont été repérées, 60 millions de consommateurs et l’Anses invitent les fabricants à faire plus d’efforts pour les limiter au maximum et garantir l’absence de glyphosate et de dioxines, notamment dans les tampons.
Plusieurs catégories de protections intimes, pour un même problème
Au moment de leurs menstruations, un choix plutôt large de protections s’offre aux femmes : tampons, coupes menstruelles, serviettes hygiéniques, protège-slips, culottes menstruelles…
Les protections intimes à usage unique sont pour la plupart composées de produits d’origine naturelle (cellulose, coton), et/ou de substances synthétiques (polyoléfines).
Les coupes menstruelles, dont le procédé de protection est différent, sont composées d’élastomère thermoplastique ou de silicone de qualité médicale.
Certaines des substances controversées que l’on trouve dans ces protections proviennent de parfums, ajoutés, mais elles peuvent aussi provenir des traitements que subissent les matières premières comme le coton, ou encore résulter des procédés de fabrication.
C’est ainsi que des traces d’hydrocarbures, de phtalates, des substances allergisantes ou des pesticides contaminent les protections intimes.
Près de deux douzaines d’études ont été menées pour mesurer les contaminants environnementaux présents dans les différentes protections et toutes ont détecté des produits chimiques environnementaux3.
Le magazine 60 millions de consommateurs en a trouvé dans les 6 références de tampons testées, dans 6 références de serviettes hygiéniques sur 9 et dans 4 marques de protège-slips sur 7 !
Autre point à améliorer : la composition des protections intimes est souvent bien difficile à connaître.
La moindre des choses serait que la liste de tous les composés d’un tampon ou d’une serviette figure sur les emballages, afin que les femmes puissent choisir leurs protections en toute connaissance de cause.
L’exception des coupes menstruelles
Seules les coupes menstruelles semblent échapper à la contamination généralisée par des substances controversées.
Elles représentent, qui plus est, une véritable alternative écologique et économique aux tampons et autres serviettes hygiéniques jetables. Elles sont réutilisables et durent entre 3 et 5 ans en moyenne.
N’oublions pas qu’un tampon ou une serviette met de 400 à 450 ans pour se décomposer totalement.
La coupe menstruelle se présente sous la forme d’un petit entonnoir de différentes tailles, pour s’adapter à la variété des flux menstruels.
Elle se place à l’intérieur du vagin, à la manière d’un tampon.
La différence est que la coupe va recueillir le sang menstruel au lieu de l’absorber.
On peut la laisser en place pendant 4 à 6 heures maximum, selon l’intensité du flux.
De par sa composition, la coupe menstruelle est hypoallergénique, et donc particulièrement adaptée aux femmes qui ne supportent pas les tampons et les serviettes du fait d’irritations ou de mycoses à répétition.
De plus, quand la coupe menstruelle est utilisée dans des conditions d’hygiène adéquates, elle ne perturbe pas la flore vaginale.
Vous pouvez maintenant en trouver facilement dans les magasins bio, en parapharmacies et pharmacies ou sur les sites de marques spécialisées.
Vérifiez tout de même au moment de vous lancer qu’elles ne contiennent pas de colorant et qu’elles sont biocompatibles selon les normes en vigueur (USP Class VI / ISO 10993).
Gare au syndrome de choc toxique !
On en parle peu mais les coupes comme les tampons, s’ils sont mal utilisés, peuvent engendrer des infections, voire un choc toxique grave causé par la libération dans le sang d’une toxine (la TSST-1) produite par une bactérie, le staphylocoque doré.
Les premiers symptômes, de type grippal, apparaissent dans un délai de 3 à 5 jours après la contamination.
La toxine se diffuse progressivement dans le corps et finit par atteindre différents organes (foie, reins, systèmes nerveux et sanguin).
On peut alors assister à de graves complications pouvant aller jusqu’au décès.
Ce syndrome est favorisé par l’utilisation prolongée (plus de 6 heures d’affilée) d’une protection intime interne.
Le lavage des mains, que ce soit avant ou après le changement de protection, est donc indispensable.
Sans oublier le nettoyage de la coupe après chaque utilisation.
Après l’avoir vidée dans les toilettes, il est très important de la laver avec un savon doux ou à minima à l’eau chaude avant de la réinsérer.
Après ou juste avant vos menstruations, n’oubliez pas de stériliser votre coupe (et également avant toute première utilisation).
Vous pouvez soit la plonger 7 minutes dans une casserole d’eau bouillante, soit utiliser, selon les marques, une boîte dédiée allant au micro-ondes.
Si je vous donne ces recommandations, c’est que les notices d’utilisation des protections internes préconisent une durée de port maximale de 4 à 8 heures, or ces recommandations semblent peu suivies par la majorité des utilisatrices.
Par exemple, selon l’Anses, 79 % d’entre elles déclarent garder leur tampon toute la nuit.
Quant aux coupes, près de 30 % des femmes avouent la garder toute la journée sans la vider.
Afin de limiter les risques, pensez à bien respecter les recommandations d’utilisation propres à chaque protection.
Soyez attentive au temps de port des tampons et des coupes, mais également au pouvoir absorbant du tampon qui doit être adapté au flux menstruel pour être changé dans les temps.
Deux solutions saines et écologiques
1. Les serviettes hygiéniques lavables
Ce sont des protections intimes réutilisables (lavables) absorbant le flux.
Elles sont généralement réalisées dans des tissus biologiques, elles ne contiennent aucun produit toxique qui pourrait être en contact avec les muqueuses.
2. La culotte menstruelle
Elle s’apparente, quant à elle, à un sous-vêtement absorbant qui remplace les serviettes hygiéniques.
Elle est réalisée avec plusieurs fines couches de matériaux absorbants, sans nanoparticules ou produits dangereux, elle peut être utilisée jusqu’à 12 h.
Elles sont en général plus fines qu’une serviette hygiénique : moins de 2 mm d’épaisseur et présentent donc un certain confort.
Et vous, supportez-vous les protections hygiéniques du commerce ? Quel choix avez-vous fait en matière de protection menstruelle ?
Je suis très curieux de lire vos commentaires sur ce sujet trop peu abordé et qui concerne pourtant toutes les femmes pendant près de la moitié de leur vie !
