Le rôle social des bains publics

Nous aimons tous passer un moment convivial avec des amis.

On se détend autour d’un bon repas ou d’un verre, on se raconte nos vies, on se réconforte, on rit.

Ces moments sont aussi indispensables à notre santé qu’une alimentation saine.

Pourtant, la solitude est l’un des fléaux de la société moderne.

La pandémie de Covid, les réseaux sociaux, le télétravail ou encore l’actualité anxiogène nous incitent de façon pernicieuse à nous replier sur nous-mêmes.

Ce n’est pas qu’un constat personnel, différents baromètres dressent un tableau inquiétant de la situation^[1], ^[2].

Une société de plus en plus repliée sur elle même

La proportion de personnes souffrant de solitude chronique n’est jamais redescendue à son niveau d’avant la pandémie de Covid (17 % contre 13 % en 2018).

Les personnes âgées sont celles qui en souffrent le plus.

750 000 d’entre elles seraient concernées en 2025, soit + 42 % en 4 ans, et + 150 % en 8 ans !

Avec le vieillissement de la population, ce chiffre pourrait grimper à 1 million d’ici 2030, alertent Les Petits frères des pauvres^[3].

Si les personnes âgées souffrent le plus de la solitude, les jeunes, longtemps absents des statistiques, commencent à être identifiés comme étant aussi largement touchés.

Nos téléphones portables sont devenus nos principales sources d’échanges et de distraction, nous sommes ainsi de moins en moins nombreux à sortir de chez nous tous les jours (seulement 52%) et à voir nos amis régulièrement (41%).

Les différentes enquêtes montrent également l’existence d’une solitude sociale profondément ancrée : 31% des catégories modestes et pauvres sont touchées, contre seulement 11% des catégories aisées.

24% des célibataires déclarent souffrir de solitude contre 13% des personnes en couple.

Si la solitude choisie peut s’avérer bénéfique, la solitude subie n’apporte rien de bon. Nous avons besoin de liens sociaux forts.

À mon sens, ils sont même devenus plus indispensables que jamais dans une société qui se fracture, où l’autre devient potentiellement l’ennemi, et où l’individualisme gangrène nos comportements.

Des conséquences qui peuvent être graves

Vous vous en doutez, c’est surtout la santé mentale qui est atteinte en cas de solitude chronique.

76% des personnes se sentant seules se déclarent malheureuses, un chiffre plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale (34%).

74% affirment se sentir inutiles (contre 38% pour l’ensemble des Français), deux tiers (67%) des personnes isolées déclarent se dévaloriser fréquemment ou avoir une mauvaise image d’elles-mêmes.

Et comme si cela ne suffisait pas, la solitude a aussi des conséquences physiques bien réelles^[4]: réduction de l’activité physique (avec ce qui en découle : prise de poids, maladies cardiovasculaires, etc.), une diminution du bien-être et une santé physique plus fragile.

Il a été démontré que la solitude chez les personnes âgées entraîne une augmentation des symptômes dépressifs, une altération des performances cognitives, la progression de la démence, et favorise de multiples pathologies.

Il a été également démontré que l’isolement et la solitude étaient tous deux associés à une mortalité accrue.

À noter que près de la moitié des personnes isolées sont des consommateurs réguliers d’antidépresseurs (46%) ou d’anxiolytiques (46%), contre respectivement 27% et 28% pour l’ensemble de la population.

65% des personnes chroniquement seules ont envisagé de mettre fin à leurs jours, soit plus du double de la moyenne nationale (32%).

Quel triste constat.

Mettre fin à la spirale infernale

Heureusement, il existe de nombreux moyens de rompre la solitude. L’essentiel étant de faire le premier pas, aussi infime soit-il.

Se forcer à sortir de chez soi au moins une fois par jour reste le plus accessible.

Aller boire un café tous les matins au bar du coin est un excellent moyen de voir régulièrement les mêmes têtes, de bavarder un peu avec les serveurs.

Peu à peu, quelques liens peuvent se créer.

J’ai moi-même rencontré un de meilleurs amis en allant écrire et prendre mon petit déjeuner tous les jours dans un salon de thé près de chez moi.

S’inscrire dans une association est aussi un bon moyen de rencontrer des personnes ayant les mêmes centres d’intérêts.

Tous les villages, villes, ou bourgs de France et de Navarre ont un club de jeu, une association sportive, caritative ou musicale.

Renseignez-vous, et surtout tentez l’expérience, de bonnes surprises vous attendent à coup sûr !

Hormis ces quelques idées lancées à la volée, je vais faire un focus sur une solution qui permet en plus de prendre soin de sa santé.

Faire d’une pierre deux coups ! Chouette non ?

Savez-vous que les hammams, les saunas, les onsens, ou encore les bains publics attirent de plus en plus une clientèle en quête de liens sociaux ?

J’aime particulièrement cette idée car elle relève de la tradition.

De la Grèce antique à nos jours, ces lieux de détente et de rencontre ont perduré et sont même restés très populaires dans de nombreux pays comme en Finlande ou en Turquie.

Additionnez hygiène, détente, lien social et parenthèse hors du temps, vous obtenez une activité qui prend soin du corps et de l’esprit.

Un retour à la tradition qui fait du bien

Dans de plus en plus de grandes villes, on voit renaître des complexes de bains publics proposant divers services.

Ces endroits à la mode attirent une nouvelle clientèle : trentenaires solitaires, cadres stressés, sportifs en relâche, mais aussi touristes désireux de faire de nouvelles rencontres…

Ce sont quelques heures de détente et de bien-être souvent salvatrices dans nos vies à cent à l’heure.

Si les bains redeviennent à la mode, ce n’est sans doute pas un hasard, comme le dit un des propriétaires de ces établissements : « Les clients viennent peut-être pour la tendance bien-être, mais ce qui les fait rester, c’est le social. »^[5]

L’atout principal des établissements de bains est qu’on y fait des rencontres loin des conventions et des inégalités sociales (tout le monde est en maillot de bain, avec une serviette ou même nu).

Dans ces conditions, nouer le dialogue est beaucoup plus simple que dans d’autres contextes.

L’atmosphère détendue qui règne dans un spa, un hammam ou un jacuzzi favorise la communication ouverte et sincère.

On s’extirpe purement et simplement d’une société froide et impersonnelle pour une entrer dans une communauté plus intime, plus détendue, moins attachée aux apparences.

Il faut se souvenir que durant l’Antiquité, ces lieux de rencontre jouaient un rôle social majeur. Ils étaient tout aussi importants et vivants que le forum.

C’était un microcosme avec ses propres normes, valeurs et règles.

Hommes et femmes s’y rendaient pour s’y laver et s’y relaxer, mais aussi pour échanger les informations qui circulaient à cette époque essentiellement de bouche à oreille.

On y faisait des affaires, on y nouait des alliances, cette dimension était d’une grande importance.

Aujourd’hui, le hammam et le sauna ont gardé cet aspect social dans les pays du bassin méditerranéens et en Scandinavie.

Dans notre société moderne où les interactions sociales se vivent à travers les écrans, il est vraiment salvateur de créer des espaces de convivialité où les relations humaines peuvent se développer et se renforcer, loin de la technologie.

Des bénéfices indéniables

Se rendre régulièrement dans les bains apporte un bien-être dont il serait dommage de ne pas profiter par timidité ou manque de confiance en soi.

Croyez-moi, le plus dur est de franchir la porte la première fois.

Une fois cet écueil surmonté, on prend très vite ses marques et aller au sauna ou au hammam devient rapidement aussi banal que d’aller faire ses courses.

Les bienfaits sont immédiats :

• Réduction du stress et de l’anxiété grâce à la chaleur qui favorise la libération d’endorphines ;
• Amélioration du sommeil ;
• Création de nouveaux liens sociaux bénéfiques pour la santé mentale ;
• Évacuation des toxines ;

Pour rappel : le sauna se déroule dans une atmosphère de chaleur plutôt sèche, tandis que le hammam se déroule dans une atmosphère humide.

Le sauna stimule surtout les glandes sudoripares, ce qui le rend particulièrement efficace pour éliminer les déchets de type « cristaux » de l’organisme (urée, acide lactique, etc.).

En cas d’arthrite, d’inflammations diverses, de problèmes articulaires, de pathologies de la peau à réaction sèche (eczéma sec, par exemple), il sera extrêmement bénéfique.

Le hammam, lui, stimule plutôt les glandes sébacées.

Il permet de se débarrasser des déchets de type « colles ».

Ces déchets provoquent un encombrement des voies respiratoires et les problèmes de peau suintants.

Si vous êtes sujet à la toux grasse, à la peau brillante, aux points noirs, aux cheveux gras, aux leucorrhées, préférez le hammam au sauna.

Attention, les séances de sauna et de hammam ne conviennent pas aux personnes qui souffrent de pathologies cardiaques ou d’hypertension.

Il en va de même pour les personnes qui souffrent de problèmes de circulation et de soucis respiratoires.

Pensez à bien vous hydrater avant et après chaque séance !

Souffrez-vous de solitude ?

Seriez-vous tenté par l’antique tradition des bains pour nouer des liens sociaux ?