J’ai toujours été réticent à conseiller les huiles essentielles en cas de cancer.
Lorsqu’un de mes proches s’est retrouvé sous chimio, mon impuissance à l’aider me désespérait au plus haut point.
J’aurais tellement voulu lui apporter ne serait-ce qu’un peu de soulagement.
Je me suis donc tourné vers quelqu’un de compétent en qui j’ai toute confiance : mon naturopathe.
Voici ce que j’ai retiré des informations qu’il a partagées avec moi.
Cancer et remèdes naturels : la prudence s’impose
Je vais commencer par une mise en garde, car on ne le fait jamais assez : les remèdes naturels, quels qu’ils soient, n’ont pas pour vocation de soigner le cancer.
Ils ne sont pas pour autant inutiles, car ils peuvent accompagner très efficacement les traitements allopathiques.
Par exemple, ils peuvent soulager certains symptômes de la maladie ou les effets secondaires provoqués par les traitements destinés à la guérir.
Ils peuvent aussi agir en synergie avec ces traitements et en augmenter l’efficacité.
Sur ce point, vous verrez à la fin de ma lettre que de belles avancées sont à venir en ce sens.
En revanche, n’espérez pas guérir d’un cancer uniquement avec des plantes, un jeûne ou je ne sais quelle chimère.
Je vais être clair : ceux qui vous disent cela vous mentent.
Et tant pis si je me fais des ennemis.
Les huiles essentielles qui peuvent aider durant les traitements
Les traitements contre le cancer (chimiothérapie, radiothérapie) sont très agressifs.
Ils détruisent les cellules malades mais aussi les cellules saines, et provoquent de nombreux effets indésirables comme les nausées ou la fatigue.
Les huiles essentielles sont précieuses pour aider à passer ce cap difficile.
Elles peuvent permettre de réduire ces sensations désagréables, mais aussi de calmer l’anxiété, les tensions musculaires ou les troubles du sommeil que l’on connaît souvent lorsqu’on est atteint de cancer.
On les utilise principalement en diffusion, par voie orale et/ou en massage doux.
Voici quelques solutions pour soulager les principaux effets secondaires.
Soulager la mucite
Beaucoup de traitements anticancéreux provoquent des irritations et des lésions de la bouche, que l’on englobe sous le terme de mucite (aphtes, ulcérations au niveau de la bouche et de la gorge).
L’huile essentielle de laurier noble (Laurus nobilis) est fréquemment utilisée en accompagnement des traitements contre le cancer[1], car elle est anti-inflammatoire et antalgique.
Il suffit de mettre une goutte dans une cuillère à café d’huile végétale et de bien faire circuler ce mélange dans la bouche avant d’avaler (ou de recracher si le goût vous écœure).
On peut aussi mettre deux gouttes dans un verre d’eau tiède additionné d’une cuillère à café de bicarbonate de soude. On peut alors effectuer un bain de bouche avec ce mélange trois à quatre fois par jour.
Cette huile est vraiment précieuse, car elle cible bien des problématiques liées à la chimiothérapie et au cancer lui-même.
Ainsi, elle est également efficace contre les douleurs, qui sont fréquentes dans cette maladie.
Les auteurs de l’étude à laquelle je renvoie assurent même qu’elle aurait une action antalgique comparable à celle de la morphine !
Il est recommandé d’en prendre deux gouttes sur un support destiné à la voie orale, trois fois par jour pendant sept jours.
Cette huile essentielle est également excellente pour retrouver le moral en cas de découragement. Pour cela, la respirer suffit, mais une petite cure par voie orale est possible.
Les huiles essentielles qui boostent le corps et l’esprit
Sur un mouchoir, quelques gouttes d’huile essentielle de pin sylvestre ou de menthe poivrée permettent de contrer la fatigue, tandis que les huiles essentielles de lavande fine, d’orange douce ou d’encens oliban aident à garder le moral.
Pour une détente optimale, un massage doux de la plante des pieds avec de l’huile essentielle de lavande diluée dans un peu d’huile d’abricot (ou autre) est absolument divin ! Pensez-y.
Soulager les nausées
C’est l’un des effets secondaires les plus courants – et les plus désagréables.
Pour le surmonter, deux huiles sont incontournables : l’huile essentielle de citron (Citrus limonum) et l’huile de menthe poivrée (Mentha piperita).
Commencez par celle de citron (elle soulage dans la plupart des cas).
Prenez deux à trois gouttes, deux à trois fois par jour, par voie orale, sur un comprimé neutre ou dans un peu de miel.
Le simple fait de la respirer soulage également.
Si cela ne suffit pas, tournez-vous vers l’huile essentielle de menthe poivrée. On l’utilise en massage en déposant deux gouttes sur le poignet. Il est aussi possible de la respirer en versant quelques gouttes sur un mouchoir.
Attention : l’huile essentielle de menthe est à proscrire en cas de cancer cérébral.
Les huiles essentielles qui renforcent le système immunitaire
Si vous souhaitez approfondir le sujet des huiles essentielles qui accompagnent au mieux les patients atteints de cancer, je vous conseille le livre du Docteur Anne-Marie Giraud, chez Quintessence : Huiles essentielles et cancer : approche thérapeutique innovante et naturelle.
On y apprend que l’un des mécanismes naturels de lutte contre les tumeurs malignes est la destruction des cellules cancéreuses par des cellules spécifiques de notre système immunitaire : les cellules NK.
Or, certaines huiles essentielles ont la capacité de stimuler les propriétés de ces cellules. C’est le cas de l’huile essentielle de clou de girofle (Syzygium aromaticum), l’huile essentielle d’ail (Allium sativum) ou celle de ravintsara (Cinnamomum camphora).
Les deux premières sont assez puissantes et nécessitent des précautions ; le Docteur Giraud recommande d’utiliser plutôt celle de ravintsara.
Elle peut se prendre par voie orale : trois gouttes, deux à trois fois par jour, durant la période de chimiothérapie.
Les huiles essentielles qui détruisent les cellules cancéreuses
Nous entrons là dans une problématique d’une autre dimension.
Malheureusement, si beaucoup d’études in vitro ou sur des animaux se sont révélées prometteuses, aucune n’est vraiment probante chez l’Homme (pour le moment – ne perdons pas espoir !)
Parmi elles, on peut citer : la matricaire (Matricaria chamomilla), la lavande vraie (Lavandula vera), le curcuma (Curcuma longa), ou encore l’ail (Allium sativum) .
Des composés que l’on trouve dans les huiles essentielles comme le limonène, le géraniol, l’eugénol, le carvacrol ou les composés soufrés provoquent la mort des cellules cancéreuses ou inhibent leur prolifération, mais aucune application concrète n’est encore d’actualité.
Voilà pourquoi, à ce jour, il ne faut pas compter sur les huiles essentielles pour guérir le cancer.
Huiles essentielles et cancer hormono-dépendant : ce qu’il faut savoir
Dans les cas de cancers hormono-dépendants tels que le cancer du sein, le cancer de la prostate, de la thyroïde ou encore le cancer de l’utérus, l’utilisation des huiles essentielles nécessite une attention particulière.
Ce type de cancers est étroitement lié aux hormones comme les œstrogènes ou la progestérone.
Or, certaines huiles essentielles possèdent des molécules qui miment ces hormones (« œstrogène-like » ou « progestérone-like »), pouvant potentiellement stimuler la croissance des cellules cancéreuses.
Elles sont donc absolument déconseillées.
Voici une liste des huiles essentielles à éviter en cas de cancer hormono-dépendant, que ce soit en prise interne, en application externe ou même par inhalation :
- Anis (Illicium verum)
- Ravensare anisé (Ravensara anisata)
- Ciste (Cistus ladaniferus)
- Camomille matricaire (Matricaria chamomilla)
- Cajeput (Melaleuca cajuputi)
- Cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica)
- Céleri (Apium graveolens)
- Criste marine (Crithmum maritimum)
- Cyprès de Provence (Cupressus sempervirens)
- Eucalyptus globulus (Eucalyptus globulus)
- Fenouil (Foeniculum vulgare)
- Genévrier (Juniperus)
- Lavande aspic (Lavandula latifolia)
- Menthe poivrée (Mentha piperita)
- Myrte Rouge (Myrtus communis)
- Niaouli (Melaleuca quinquenervia)
- Patchouli (Pogostemon cablin)
- Romarin à verbénone (Rosmarinus officinalis CT verbénone)
- Sauge sclarée (Salvia sclarea)
- Sauge officinale (Salvia officinalis)
- Tanaisie (Tanacetum vulgare)
- Thym à thujanol (Thymus vulgaris CT thujanol)
- Verveine odorante (Lippia citriodora)
Le pamplemousse peut également interagir avec les traitements, il est donc déconseillé lui aussi.
Cette liste n’est pas exhaustive. Il vous faudra systématiquement demander l’avis de votre médecin si vous souhaitez utiliser une huile essentielle et que vous souffrez d’une pathologie hormono-dépendante, quelle qu’elle soit.
Une avancée majeure
Jusqu’à présent, les huiles essentielles ne sont donc utiles qu’en accompagnement des traitements conventionnels.
Pourtant, la recherche a montré qu’elles pourraient être, potentiellement, de précieuses alliées, y compris pour soigner les patients.
Le problème qui se pose est que les substances actives ne sont pas suffisamment biodisponibles pour agir en profondeur et détruire les cellules cancéreuses.
La bonne nouvelle, c’est qu’on a trouvé le moyen de les encapsuler, et qu’il est désormais possible de les administrer sous forme de nanoparticules.
Des médicaments à base d’huiles essentielles, ou à base de plantes, pourraient donc voir le jour en cancérologie dans les années à venir.
De plus, la co-encapsulation d’huiles essentielles avec des médicaments anticancéreux classiques, dans des nanoformulations destinées à obtenir un effet synergique, semble également être une piste prometteuse[2] pour de futurs traitements.
J’ai eu un cancer hormono-dépendant il y a 13 ans et depuis je me fais des piqûres d’Iscador 1 à 3 fois par semaine selon la prescription du médecin chez lequel je fais des contrôles réguliers. Cette substance mise au point par les Anthroposophes est tirée du gui (sapin, pommier, etc..) et a pour but de renforcer le système immunitaire. En Suisse, ce produit est remboursé par l’assurance-maladie de base
Grand merci pour le soin mis à nous ouvrir le regard sur les huiles essentielles qui sont si précieuses. Une réflexion sur le cancer : Il y a différents types de cancers selon les organes atteints mais aussi le degré atteint, selon que l’état général est touché. ou non, aussi selon l’âge du patient. Souvent il y a urgence et les protocoles conventionnels sont au premier plan. Mais il vaut la peine de chercher à découvrir qui est le malade chez qui s’est développée la maladie cancéreuse, autrement dit sur quel terrain propice elle a pu s’ancrer. Quels sont les… Lire la suite »
Merci Laurent pour cet article très intéressant. J’avais lu que les HE d’encens et de santal pouvaient aussi détruire les cellules cancéreuses. Mais, si j’avais un cancer, bien que grande utilisatrice des HE, je me tournerais plutôt vers un autre remède naturel, à savoir, les amandes d’abricots amers. Elles doivent être redoutablement efficaces et, de ce fait faire très peur à Big Pharma. La preuve en est que, il y a une dizaine d’années, il était écrit sur les paquets qu’il fallait en consommer une pour 10 kg de poids. Quelques années plus tard, il ne fallait pas dépasser 3… Lire la suite »
Merci Catherine pour votre commentaire et votre lien que je vais consulter avec grand intérêt ! Prenez soin de vous. Laurent
Utilisatrice convaincue des huiles essentielles au quotidien depuis longtemps, c’est avec grand interêt que j’ai lu votre lettre. Je suis concernée par un cancer du sein avec hormonothérapie et la pharmacienne m’a avisée d’éviter, en dehors d’un simple usage culinaire, un grand nombre de substances naturelles, plantes ou HE, certaines à cause effectivement de leur effet « oestrogene-like » mais la plupart car elles inhibent ou induisent le CYP 3A4 qui dégrade le médicament que je prends au niveau du foie. Cela aurait pour effet soit d’augmenter les effets secondaires, soit de diminuer l’efficacité du médicament. Vous pouvez imaginer ma déception de… Lire la suite »