Il n’y aura que 3 000 places.
Pourquoi 3 000 ? Personne ne le sait, il fallait bien choisir un chiffre pour mener l’expérimentation thérapeutique du cannabis en France.
Mais on sait enfin comment elle va se dérouler.
Des règles très strictes, et sous contrôle de médecins spécialistes
Il a fallu le temps.
Le 10 septembre 2018, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) a créé un comité spécial destiné à “évaluer la pertinence et la faisabilité de la mise à disposition du cannabis thérapeutique en France”.
Ce comité s’est réuni plusieurs fois en 2018 et 2019. Si vous voulez voir comment fonctionne un comité d’experts, l’ANSM a eu l’heureuse idée de mettre sur YouTube l’intégralité des séances de travail de ce comité “chanvre thérapeutique”[1].
Le 15 mai 2019, ce comité a rendu ses conclusions, favorables à une expérimentation de l’usage du chanvre thérapeutique, et l’Agence nationale de sécurité du médicament a donné son feu vert en juillet 2019.
Le vendredi 25 octobre, l’assemblée nationale a approuvé à son tour une expérimentation pour deux ans. Car, s’agissant d’un produit classé stupéfiant, même une expérimentation doit être inscrite dans la loi[2].
Et le 22 janvier 2020, l’ANSM a défini le cadre pratique dans lequel cette expérimentation va se dérouler, lors de la première journée d’audition de la mission d’information parlementaire sur le cannabis lancée à l’Assemblée nationale.
Elle ne démarrera qu’en septembre 2020. Eh oui, plus de deux ans de débats administratifs et politiques simplement pour démarrer une expérience.
Uniquement sur ordonnance, uniquement en dernière intention
Quels patients, quand et comment, pourront avoir accès au chanvre thérapeutique ?
Si vous souffrez de douleurs chroniques, d’une sclérose en plaques, d’une fibromyalgie, ou si votre traitement oncologique provoque des effets secondaires graves, vous avez peut-être entendu dire que le chanvre thérapeutique, l’usage médicinal du cannabis, est très efficace contre certaines douleurs.
Mais vous ne pourrez pas tous faire partie des 3 000 patients. Les conditions édictées par l’ANSM sont extrêmement restrictives.
La liste des situations dans lesquelles le chanvre pourra être utilisé est la suivante :
- certaines formes d’épilepsies sévères et pharmacorésistantes ;
- les douleurs neuropathiques ;
- les soins apportés dans le cas de traitements oncologiques, en cas d’effets secondaires de chimiothérapie ;
- la spasticité (des contractions musculaires involontaires et très douloureuses) dans la sclérose en plaques ;
- dans le cadre de soins palliatifs.
L’expérimentation sera menée dans des centres hospitaliers de référence pour les pathologies concernées, dont on attend encore la désignation.
L’accès au chanvre se fera sur la prescription d’un médecin. Une prescription initiale sera effectuée par un spécialiste, neurologue ou médecin de la douleur notamment. Les patients se fourniront une première fois en pharmacie hospitalière puis pourront renouveler leurs traitements en pharmacie de ville.
Le chanvre ne pourra être prescrit qu’en dernière intention, c’est-à-dire si tous les autres traitements autorisés ont échoué.
Ces conditions d’ordonnance et d’administration sont très proches de celles adoptées par l’ANSM en 2015 lors de l’autorisation de mise sur le marché du Sativex, seul médicament au cannabis autorisé à ce jour en France[3] :
- restriction aux seuls malades de la sclérose en plaques, pour le traitement de la spasticité des patients adultes résistants à d’autres traitements ;
- prescription réservée aux neurologues et aux médecins rééducateurs hospitaliers, mais renouvellement possible chez un généraliste.
Les patients concernés seront naturellement suivis pendant les deux années de cette expérimentation, et un nouveau comité spécial sera chargé d’établir une synthèse recommandant de généraliser cette expérimentation, ou pas, à l’issue des deux années.
Concrètement, comment faire si vous voulez tester cette nouvelle approche thérapeutique ?
Si votre pathologie figure dans la liste, adressez-vous sans tarder à votre médecin, pour qu’il se mette en contact avec le centre de référence vous concernant, dès qu’ils seront désignés.
Du chanvre gratuit, mais suisse ou néerlandais
Le chanvre administré dans le cadre de l’expérimentation française le sera sous forme d’huile, de fleurs séchées, voire de tisanes. La voie respiratoire (diffusion ou fumée) a été écartée .
Les posologies pourront intégrer des rapports variables entre les deux principes actifs parmi les plus intéressants identifiés à ce jour dans le chanvre, le THC (tétrahydrocannabinol) et le CBD (cannabidiol). Le but est ainsi d’ouvrir la porte à une gamme de produits plus large, sans se limiter arbitrairement à des concentrations trop restrictives de l’un ou l’autre des deux composants actifs.
À noter que le chanvre lui-même sera gratuit pour les patients retenus dans le cadre de l’expérimentation.
À noter aussi qu’il proviendra probablement de l’étranger. En effet, la législation française interdit la culture des plants contenant des taux supérieurs à 0,2 % de THC. Ce seuil n’ayant pas été retenu pour l’expérimentation, la plupart des ordonnances risquent de concernent des produits aujourd’hui interdits en France… mais qui sont autorisés et produits à l’étranger.
Car ce n’est pas comme si nous étions les premiers à tester les bienfaits thérapeutiques du cannabis.
Pour ne parler que de nos proches voisins, en Suisse, chaque médecin peut soumettre des demandes d’autorisations exceptionnelles à l’Office fédéral de la santé publique. S’il veut continuer à prescrire du cannabis après 6 mois, le médecin doit présenter les résultats du traitement[4].
Les indications visées sont plus larges que dans l’expérimentation française : la spasticité, les douleurs, les nausées, le manque d’appétit, mais aussi l’autisme, la maladie de Parkinson ou Alzheimer, certains cancers ou les soins palliatifs.
Les médicaments concernés sont le Sativex, et des préparations magistrales, avec un ratio CBD/THC est variable.
En 2017, il y a eu 3 000 autorisations accordées, et dans 40 % des cas, les traitements sont prolongés après 6 mois, ce qui souligne une certaine efficacité.
En Allemagne, depuis mars 2017, tous les médecins peuvent prescrire des fleurs et des extraits de cannabis pour toute indication en cas d’échec des protocoles habituels[5].
Les indications les plus fréquentes sont la douleur, la sclérose en plaques, la dépression et la spasticité. 61 % des prescriptions concernent les douleurs chroniques, 7 % le cancer et 7 % les soins palliatifs.
Fin 2018, près de 14 000 patients recevaient des médicaments à base de cannabis.
L’Allemagne comptant 82 millions d’habitants, et la France 67, on peut imaginer que ce sont bien plus de 3 000 personnes qui en France pourraient avoir besoin du chanvre thérapeutique.
P.S. : Le geste simple que vous pourriez faire aujourd’hui ?
Si vous voulez en savoir plus sur la différence entre le cannabis qui se fume, et qui est interdit, et les vertus du chanvre thérapeutique, vous pouvez regarder ce reportage de C’est pas Sorcier.
Bonjour ; je suis epileptique et je ne suis pas resistante aux medicaments. Je voudrais juste en prendre le moins possible. Je ne comprends pas du tout cet article étant dinné qu il y a des boutiques a Paris ou je peux m appeovisionner en Huile de CBD a differents pourcentage. Ke vaus dailleurs en commander par internet.. quelle est la difference avec le produit dint vous parlez ?? juste qu il n a pas eté approuvé par l administation française du medicament .? parce que ces boutiques sont ouvertes avec pignon sur rue ds le centre de Paris donc… Lire la suite »
Bonjour Stéphanie et merci pour votre question
Actuellement les produits contenant du THC sont interdits en France, et ceux contenant du CBD sont tolérés si la teneur est inférieure à 0,2%. Ces restrictions ne s’imposeront pas au chanvre thérapeutique.
Si vous voulez voir le détail de la réglementation (à cette date, cela pourrait changer) voir :
https://www.drogues.gouv.fr/actualites/cannabidiol-cbd-point-legislation
Très cordialement
Re: Et si les anciennes civilisations détenaient les clés pour combattre nos maladies modernes ? Bonjour Monsieur Forge, D’abord, je vous remercie de vos lettres intéressantes et marquées parfois d’une singularité dans la démarche informative. Cependant, il est un point que vous avez partagé dans cette lettre avec certains journalistes sur la façon de proposer un abonnement! Je trouve qu’il n’est pas juste de présenter progressivement, minutieusement et allèchement un magnifique livre de santé naturelle pour finalement en subordonner l’acquisition à une condition d’abonnement. Pas d’abonnement, pas de livre; restriction de marketing. Même si vous mentionnez adroitement dans votre lettre… Lire la suite »
en souffrance depuis des années, suite à un très grave accident vertébral, je commande ce médicament par internet à un organisme européen autorisant cette médication naturelle et sans risque. cette auto médication me permets de vivre mieux depuis presque un an. Pauvres français !
Bonjour
Je suis en dépression sévère depuis 6 ans.
Aucun médicament ne m offre le confort que je mérite.
Je pense que le chanvre médical serait très bien pour me sortir d une impasse.
Véro
Bonjour, Je vis à Dublin, en Irlande le chanvre (Cannabis sativa) est cultivé depuis des années sous licence pour des besoins divers dont thérapeutiques. Allez sur cette page https://hempture.ie/shop/ vous trouverez une multitude de produits bio qui en contient, du chocolat à l’huile de table et à la tisane, certains sont vendus comme compléments alimentaires. Le CBD avec une teneur en THC inférieure à 0,2% est en vente libre en magasins santé et pharmacies. Plusieurs compagnies proposent des produits en vente via leurs sites webs. Il est temps que la France se réveille; voir légal status en Irlande : https://www.fsai.ie/faq/cbd_oils_and_hemp_oils_legal_status.html.… Lire la suite »
Bonjour, j’en prends en tisane le soir pour les spasmes ,j’ai une sclérose en plaques et pour moi ça fonctionne
Bonjour je m’appelle Marie-France MARTIN, vous dites que depuis 2015 le Savitex est autorisé en France. À moins d’avoir mal compris. Non ce n’est pas le cas mon médecin de la douleur qui me suit pour une fibromyalgie sévère ne peut pas me le prescrire justement il m’a dit qu’il faisait partie de l’expérimentation qui va avoir lieu. Mais les fibromyalgie ne sont pas prioritaires. Il m’a fait un bien une ordonnance mais pour aller me le procurer en Belgique j’habite dans le nord en toute illégalité et à mes frais environ 350 € le médicament sans compter le transport… Lire la suite »
Bonjour Marie-France
Le Savitex est autorisé en France mais pas distribué, à cause de désaccords sur son prix. La seule solution est souvent de se le procurer à l’étranger, hélas.
Très cordialement