Il y a quelques jours, je marchais dans la rue et j’ai capté, malgré moi, une bribe de conversation qui m’a fait sourire.
Une dame d’une cinquantaine d’années parlait au téléphone et s’enthousiasmait à propos d’une idée de repas.
« Ah oui, c’est une bonne idée ! Il y a longtemps que je n’en ai pas mangé, je vais faire ça ce soir ! »
Je ne sais pas de quel plat il s’agissait, mais ça avait l’air fameux !
Si cela m’a fait sourire, c’est que j’ai (malheureusement) trouvé cette conversation un peu décalée, un peu surannée.
Il est vrai qu’on a plutôt tendance à entendre les gens parler de la dernière série à la mode ou de leurs problèmes au travail que de recettes de cuisine.
Et vous ? Parlez-vous encore cuisine avec vos proches ?
Les sujets de conversation ont changé, non ?
Par curiosité, en rentrant chez moi, j’ai cherché sur le net quels étaient les principaux sujets de conversation aujourd’hui.
Voici le top cinq :
- Les enfants, la famille, les problèmes relationnels en général
- Les voyages
- Les films ou les séries
- La politique, l’actualité
- Le travail
La cuisine, les repas, les recettes ne font plus partie des sujets de conversation les plus prisés.
Rien non plus sur la santé dans le top 5.
Je me souviens pourtant que la génération de mes grands-parents, voire de mes parents, parlait presque tous les jours de cuisine.
On échangeait des recettes, on cuisinait en famille, on allait volontiers au marché et on prenait grand soin à choisir nos fruits et légumes, notre viande ou notre poisson.
La nourriture, les repas, occupaient une place importante dans notre quotidien.
C’est bien simple : ma grand-mère paternelle passait ses matinées au marché, puis dans sa cuisine.
C’était un rituel immuable.
De nos jours, soyons honnêtes, lorsqu’on rentre le soir du travail, on ouvre le frigo et on mange ce qu’on trouve.
Un savoir qui a tendance à se perdre
Pour illustrer mon propos, je vais vous raconter une anecdote qui m’a beaucoup peiné dernièrement.
Une des mes grand-tantes est malheureusement décédée l’année dernière et, en plus de sa grande culture et de sa gentillesse, elle cuisinait divinement bien.
On adorait aller manger chez elle.
C’était la garantie de passer un excellent moment autour d’un bon petit plat mijoté avec amour.
Il y a peu, en évoquant ces souvenirs avec ses enfants, je leur ai demandé s’ils avaient hérité des secrets de cuisine de leur mère.
La question les a surpris, et aucun n’avait pris la peine de sauvegarder ce savoir familial.
Chez nous, les recettes se sont toujours transmises de génération en génération, mais il semblerait que cette tradition soit en train de prendre fin.
Pourtant, les recettes de cuisine font partie du patrimoine familial.
Elles proviennent de nos racines, parfois variées et lointaines.
Elles sont riches de toute notre histoire.
Quel dommage de les laisser tomber dans l’oubli !
Cela est d’autant plus triste que ce n’est pas qu’une tradition familiale qui se perd, mais aussi un mode de vie, une façon de s’alimenter, qui dans bien des cas a beaucoup à nous apprendre pour le bien de notre santé.
Une enquête aux résultats contrastés
Pour savoir si ce que j’ai constaté dans ma propre famille était représentatif, je me suis référé à une enquête très intéressante réalisée en 2024 sur un échantillon de 1 058 personnes[1].
Les chiffres, même s’ils sont contrastés, sont moins alarmants que ce que je pensais.
C’est plutôt une bonne nouvelle !
Pour les points négatifs, il faut noter qu’aujourd’hui la transmission familiale est en perte de vitesse.
49% des interrogés trouvent leurs recettes en faisant une recherche rapide sur Internet, seulement 36% font appel à leurs proches.
61 % des plus jeunes (15-24 ans) ne connaissent que très peu de recettes de cuisine (une à cinq recettes).
C’est aussi vrai pour 45 % des interrogés.
44 % des jeunes mangent régulièrement des plats transformés[2].
9 Français sur 10 déclarent faire régulièrement leurs courses dans un supermarché, ce qui en fait le lieu d’achats alimentaires le plus fréquenté, loin devant les commerces de proximité ou les marchés.
Plus rassurant : 83 % d’entre eux jugent qu’il serait utile de développer l’information et l’éducation sur les produits alimentaires et la manière de les cuisiner dès l’école primaire.
Un chiffre qui est cependant moindre chez les jeunes (73%).
Autres chiffres plutôt rassurants : 30 % des interrogés déclarent cuisiner des légumes frais tous les jours ou presque, et 51% plusieurs fois par semaine.
Cela pourrait être beaucoup mieux, je vous l’accorde, mais pour tout dire, je m’attendais à pire…
Enfin, près de 2/3 des Français déclarant cuisiner ou participer à la préparation des repas estiment que c’est davantage un plaisir qu’une obligation.
Voilà une nouvelle qui réchauffe le cœur !
Un impact énorme sur notre santé
Le plaisir de partager un bon repas, que l’on a cuisiné soi-même, est déjà en soi une récompense pour le cerveau et donc pour notre santé morale.
Prendre le temps de cuisiner à la maison est un excellent moyen de renforcer les liens sociaux.
La préparation et le partage des repas sont des moments de convivialité précieux, que ce soit en famille ou entre amis.
À ce sujet, Perla Servan-Schreiber a des mots très justes dans son livre à succès Les recettes de ma vie, 300 recettes, 300 récits aux éditions Flammarion.
Je la cite avec grand plaisir :
« Lorsqu’on partage un repas en famille ou avec des amis, on se réconcilie avec soi-même tout en se rattachant à ce qui est essentiel et vital : l’amour et le plaisir. »
De plus, nous savons maintenant de façon certaine que l’alimentation est un facteur déterminant en matière de santé globale.
Une mauvaise alimentation favorise l’apparition et le développement de la plupart des maladies chroniques les plus fréquentes aujourd’hui.
De nombreux travaux ont montré l’impact de l’alimentation dans la survenue de certains cancers, des maladies cardiovasculaires, de l’obésité, de l’ostéoporose, ou encore de troubles métaboliques comme le diabète de type 2 ou l’hypercholestérolémie.
Les maladies inflammatoires auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), ou encore les allergies et la dépression sont également largement favorisées par l’alimentation.
Quelque chose me dit qu’il est donc préférable de se fier à la recette du bœuf bourguignon de mamieplutôt qu’à celle d’une marque quelconque de supermarché…
Pour finir, je donne de nouveau la parole à Perla Servan-Schreiber qui résume si bien le message que je souhaitais vous transmettre aujourd’hui dans cette lettre.
Voici ce qu’elle dit à propos de son livre :
« Je partage ici ma bibliothèque culinaire nourrie par ma culture, mes voyages, mes inspirations, mes rencontres, toutes animées par le plaisir de la transmission. Oui, je cuisine chaque jour, par goût, par héritage, par amour, parce que ça me fait du bien, que ma curiosité reste en éveil et ma table toujours pleine. Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? »
Et vous, que mangez-vous ce soir ?
Avez-vous hérité de la tradition familiale en matière de cuisine ?
Je fais partie des personnes qui aiment cuisiner des plats simples comme des tajines de légumes et de poissons, des légumineuses-j’adore les pois cassés!- et j’ai très souvent fait participer mes enfants à la préparation des repas. Mon fils et ma fille apprécient les bons repas, ils cuisinent un peu, mais ils ont la chance d’avoir des conjoints qui aiment aussi cela et cuisinent encore plus! Ma fille en particulier a un conjoint qui cherche à être autonome (poulailler, potager, verger), il fabrique son cidre. La nourriture est une source de plaisir pour lui. Il mange cependant un peu trop… Lire la suite »
Bonjour, il est vrai que parler cuisine fait ringard, pour les jeunes ! Mais bien manger, sainement, est la clef pour éloigner les maladies ! Quel dommage que nos jeunes ne prennent pas le temps de choisir leurs légumes et leurs viandes ou poissons et de les cuisiner ! Car cuisiner apporte, outre la nourriture du corps, une détente, un bien être total ! Une véritable séance relaxation !
Ce soir au menu c’est Caponata Sicilienne maison, riz basmati et jambon cru.
Demain ce sera certainement du sauté de porc à la Thaïe (fait maison aussi).
Après il me restera du giraumon (genre de potiron), du poireau, des champignons frais locaux et des courgettes à cuisiner, mais je ne sais pas encore comment.
Bon appétit
Bjr , ma mamy faisait une fricassée de patate , une tuerie . Ma maman, sa fille ne sa sachant pas faire cuire un œuf et n’ayant rien appris de sa mère , faisait très bien à manger et malheureusement je ne me suis jamais intéressé à faire de la cuisine . Et pourtant j’adore manger . J’espère que ma fille fera mieux que moi .