L'eau du robinet est polluée aux PFAS - Nouvelle Page Santé

L’eau du robinet est polluée aux PFAS

J’ai écrit bon nombre de lettres sur la qualité de l’eau du robinet, et à chaque fois, les réactions de mon entourage sont mitigées.

On me dit que j’exagère, que l’eau potable est très surveillée, qu’il faut arrêter de voir le mal partout…

Ceux qui me disent et pensent ce genre de choses ne doivent pas s’être beaucoup penchés sur la question.

Si l’on se donne la peine d’éplucher la presse, on s’aperçoit que, tout récemment encore, le scandale des polluants éternels a refait surface.

Notamment parce qu’ils contaminent de façon inquiétante… l’eau du robinet.

Pourtant, on en parle régulièrement

Certains scandales sont bien dissimulés, mais celui-là revient régulièrement alimenter la presse.

Le journal Le Monde et une trentaine de médias européens viennent encore d’alerter sur les conséquences de la contamination de l’environnement par les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées, qu’on appelle aussi les « polluants éternels »)[1]

Cette pollution qui s’accumule inexorablement dans les sols, l’eau et la chaîne alimentaire, nous contamine quotidiennement.

On retrouve ces substances partout : dans les produits ménagers, l’ameublement, les textiles, certains adhésifs… et même dans les cosmétiques.

Ces polluants sont particulièrement persistants et difficiles à éradiquer car leurs molécules sont très stables du fait de la combinaison entre des atomes de carbone et de fluor.

Elles résistent à la lumière, se diluent à peine dans les graisses et l’eau, et ne sont pas biodégradables.

Voilà pourquoi on les appelle les « polluants éternels ».

L’étude française de biosurveillance Esteban montre qu’en 2019, la totalité des 744 adultes et 249 enfants testés présentaient des traces de ces polluants dans leur sang[2].

Leurs effets néfastes sur la santé sont bien connus[3] :

  • Un système immunitaire affaibli : c’est l’effet qui a été le plus clairement démontré par les études épidémiologiques.
  • Une augmentation des taux de cholestérol a été clairement liée à l’exposition aux perfluorés, selon plusieurs études.
  • Une atteinte hépatique : les perfluorés se concentrent dans le foie et peuvent perturber son fonctionnement.
  • Un déséquilibre hormonal : ces substances sont fortement suspectées d’être des perturbateurs endocriniens, avec des conséquences sur les hormones sexuelles, sur la fertilité, le métabolisme de la thyroïde et celui des lipides.

De l’eau polluée distribuée au plus grand nombre

Selon une enquête menée dans 30 communes par UFC-Que choisir et l’ONG Générations futures, l’eau du robinet est largement contaminée par les PFAS[4] (96% des échantillons présentaient des traces de substances perfluorées).

Ces polluants sont transportés par le ruissellement des eaux de pluie dans les rivières, les ruisseaux et les lacs, puis s’infiltrent dans le sol jusqu’aux sources d’eau souterraines pour finir par se retrouver dans notre eau potable.

Ce sujet est ce qu’on appelle un marronnier dans la presse (un sujet qui revient régulièrement sur la table), mais qui suscite peu de réactions de la part des pouvoirs publics.

La présence de TFA (acide trifluoroacétique), issu de la dégradation de pesticides et d’autres composés industriels, se révèle omniprésente.

Il a été détecté dans vingt-quatre des trente échantillons analysés, avec des concentrations records dans le Xe arrondissement de Paris, à Lille, et à Lyon.

Encore plus inquiétant : dans certaines régions, comme les environs de Rouen ou de Tours, les analyses ont révélé des « cocktails » impressionnants de polluants (jusqu’à onze PFAS différents relevés dans un seul prélèvement !).

Pas de solution convaincante pour le moment

Même si plusieurs pays ont commencé à réglementer l’exposition aux PFAS, le problème reste entier : les dispositifs actuels de filtration et de dépollution de l’eau du robinet ne les éliminent pas efficacement.

Les seules techniques qui fonctionnent sont l’absorption avec du charbon et l’osmose inverse.

Cependant, ces techniques sont chères et utilisent beaucoup d’énergie.

C’est bien là toute la complexité du problème.

De fait, il est nécessaire de prendre d’urgence le mal à la source.

C’est-à-dire : axer les efforts sur la réduction drastique de l’utilisation des PFAS dans les produits industriels.

Ce n’est pas gagné : les ONG alertent régulièrement sur les pressions des lobbys industriels dans les discussions européennes sur la restriction des PFAS.

Une multiplication de dérogations est prévue et cela diminuerait considérablement l’impact des mesures prises.

Une amélioration des systèmes de traitement de l’eau pour éliminer ces substances doit également être envisagée au plus vite.

En France, il fallait également revoir les normes établies car elles étaient bien plus souples que dans d’autres pays.

Depuis 2023, l’eau potable doit respecter une norme de 0,1 μg/L pour la somme de 20 composés PFAS retenus par l’Union européenne[5].

La recherche des PFAS et la conformité de l’eau à cette nouvelle norme sera systématiquement intégrée au contrôle sanitaire réalisé par les Agences Régionales de Santé à partir du 1er janvier 2026.

Nous n’y sommes pas encore…

Et dernier point : il faut savoir que les analyses se limitent à quelques PFAS, alors qu’il y en a plus de 5 000 !

Cela signifie qu’il y a probablement bien plus de substances nocives dans l’eau du robinet que ce que les analyses montrent.

Agir à notre niveau reste encore la meilleure solution

Voici quelques mesures préventives assez simples à mettre en place pour éviter de trop s’exposer aux PFAS:

  • Utilisez des systèmes de filtration pour l’eau que vous consommez (carafes, osmoseurs).
  • Prenez le temps de cuisiner avec des produits frais, de saison, locaux et bio. Vous éviterez ainsi les pesticides et autres ajouts qui empoisonnent la nourriture industrielle.
  • Cuisinez avec des matériaux sains : pyrex, acier inoxydable, fer, fonte, pierre à griller, plancha…
  • Débarrassez-vous des contenants en plastique (autant que possible).
  • Privilégiez les produits ménagers d’origine naturelle comme le bicarbonate, le savon noir, le vinaigre blanc.
  • Choisissez des cosmétiques composés uniquement d’ingrédients naturels.
  • Fuyez les parfums d’intérieur.
  • Évitez les revêtements de sol plastifiés, préférez le parquet naturel ou le carrelage.
  • Privilégiez l’étiquette A+ pour les peintures, matériaux et autres produits. Elle est apposée sur les moins polluants.
  • Pour vos vêtements, choisissez des fibres naturelles comme le chanvre, le lin ou le coton.

Saviez-vous que l’eau du robinet était empoisonnée par les PFAS ?

Pensez-vous, comme moi, qu’il faut prendre des mesures d’urgence ? Dites le moi en commentaires.

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F. JUILLARD
F. JUILLARD
1 mois il y a

Bonjour, je filtre l’eau que je bois tous les jours. J’ai choisi la gourde filtrante OKO. C’est un système issu de la Nasa qui peut filtrer plus de 99% des impuretés. Elle peut filtrer 400 litres ; ensuite, il faut changer le filtre. C’est la solution la plus pratique et la moins onéreuse que j’ai trouvé !

Meurice
Meurice
1 mois il y a

Merci Laurent pour cette note. Oui je sais bien grâce à tous vos messages de grande qualité que l’eau distribuée au robinet contient des polluants éternels. Bien sûr la solution est d’exiger l’arrêt de l’utilisation des polluants éternels mais en attendant la mise en l’application de ces restrictions, les mairies ou les distributeurs d’eau potable privés doivent mettre en place des osmoseurs grand format pour délivrer une eau au robinet de bonne qualité. Annie

JeanLouis
JeanLouis
1 mois il y a

Entièrement d’accord avec vous sur la nécessité de mieux se protèger et réduire les pesticides divers. Par contre, je suis incertain sur les analyses. D’une part, certaines normes se durcissent en préconisant des teneurs plus faibles en composants nocifs alors que d’autres deviennent plus libérales ! Mais aussi, les méthodes d’analyses se perfectionnent, permettant de détecter des teneurs plus faibles, et donc d’alerter les consommateurs sans que cela signifie nécessairement que les concentrations soient plus importantes que précédemment car autrefois les mesures fines n’étaient pas réalisables.

bourquin
bourquin
1 mois il y a

Bonjour, j’ai apprécié votre texte . Oui il faudrait que les autorités sanitaire et autres, réagissent très rapidement à ce problème d’eau pollué qui détruit la santé des personnes.

Anne Marie
Anne Marie
1 mois il y a

Oui je suis d’accord avec vous il faut prendre des mesures d’urgence car ont nous empoisonne avec toute ces substances

colliot
1 mois il y a

J’utilise pour filtrer l’eau une fontaine Berkey avec des filtres charbon (d’ailleurs interdits aux USA).
Est ce une bonne solution pour èliminer les PFAS ?

Clemencot
Clemencot
1 mois il y a

Je me suis installée à St Symphorien d ozon ,il y a 5 ans .je ne savais même pas qu’il y avait ces polluants dans mon eau du robinet !
Pourquoi la mairie n’informe pas ???
Aucunes préventions !
Nous buvions cette eau sans savoir qu’elle était polluée et que nous étions classés parmis les 3 villes les plus polluées de France !
On nous tue a petit feu

Christine Michel
Christine Michel
1 mois il y a

Bonjour, merci pour vos informations. Malheureusement, je pense que la partie est perdue d’avance . Nos gouvernants sont aux mains des lobbies. Ces derniers gouvernent le monde grâce à l’argent. Il n’y a plus que ça qui compte.
Vous continuez de vous battre, bravo

Houria
Houria
1 mois il y a

Merci pour toutes ses informations.evidemment qu’on attend les mesure d’urgences et qu’elles soient appliquées rapidement.n’oubliant pas que la santé n’a pas de prix et qu’une fois perdue c’est difficile de la retrouvée.
bon courage

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