Faut-il s'inquiéter de la multiplication des légumes hybrides ? - Nouvelle Page Santé

Faut-il s’inquiéter de la multiplication des légumes hybrides ?

Chers amis,

Si je vous dis qu’en revenant du supermarché ce matin j’ai trouvé des bimis et des kalettes pour le repas du midi, je pense que vous serez nombreux à vous gratter la tête en vous demandant de quoi je peux bien parler.

Eh bien, les kalettes sont un croisement entre le chou frisé et le chou de Bruxelles et les bimis, un croisement entre le brocoli et le chou chinois.

On en croquerait !

Mais est-ce bien raisonnable ?

        La nouvelle agriculture

Kalette et bimi sont ce qu’on appelle des hybrides.

Aujourd’hui, différents modèles agricoles coexistent pour le pire ou le meilleur.

D’un côté, l’agriculture biologique défend la biodiversité et le respect de l’environnement, de l’autre, les multinationales produisent des légumes à grande échelle pour répondre aux besoins des consommateurs, toujours plus nombreux et en quête de nouveautés.

C’est ainsi que des procédés tels que l’hybridation et les OGM ont vu le jour et s’imposent peu à peu comme étant la norme.

Mais de quoi parle-t-on au juste ?

Un hybride est le résultat du croisement entre deux variétés de la même espèce.

Ce type de croisement peut tout aussi bien avoir lieu dans la nature, sans intervention humaine, qu’en laboratoire.

A titre d’exemple, un hybride de tomate est le croisement entre deux sortes de tomates génétiquement différentes, chacune ayant des caractéristiques propres (résistance à une maladie, productivité, couleur, etc.).

À l’origine, le procédé d’hybridation concernait essentiellement le maïs et le blé.

C’est en 1948 qu’ont été introduits en France les premiers hybrides américains (du maïs), mais c’est à partir des années 70 que la méthode s’est largement étendue aux légumes et aux fruits.

Produire un OGM (Organisme Génétiquement Modifié) est tout à fait différent.

Car il s’agit là de modifier le patrimoine génétique d’un organisme vivant (plante ou animal) dans le but de lui conférer de nouvelles propriétés.

Ce type de manipulation n’a rien de naturel ; c’est l’homme qui joue à l’apprenti biologiste en forçant une espèce à accepter des gènes qui lui sont totalement étrangers.

Par exemple, une pomme pourrait se retrouver avec des gènes de pamplemousse pour lui permettre de mieux grossir ou d’être plus résistante aux attaques des insectes.

        Les hybrides, c’est mieux que les OGM ?

J’aurais tendance à dire oui car l’hybridation existe dans la nature depuis toujours.

Différentes espèces de fraises peuvent se croiser de façon tout à fait fortuite et naturelle.

Dans l’industrie agroalimentaire, la seule différence est que l’on utilise ce procédé pour obtenir des fruits et légumes qui combinent le meilleur de chaque espèce.

C’est une méthode ciblée, qui poursuit un but bien précis.

L’hybridation correspond à un croisement entre deux lignées pures (non croisées) pour donner un hybride de première génération (F1 pour First Filial Generation).

La structure génétique des plantes F1 possède alors deux caractères complémentaires.

On peut, par exemple, croiser une variété de grosse tomate verte (variété A) avec de petites tomates  rouges (variété B) pour obtenir de gros fruits rouges (variété hybride F1).

Concernant les OGM, c’est tout à fait différent.

Comme je l’ai dit précédemment, les espèces OGM ne peuvent apparaître spontanément dans la nature (elles sont en fait contre-nature si je puis dire) et elles sont sources de nombreuses inquiétudes quant aux risques potentiels qu’elles peuvent présenter pour la santé.

Je pense à la toxicité et aux allergies éventuelles, aux risques liés à la consommation d’animaux nourris aux OGM, à la diminution de la valeur nutritive des aliments, aux risques sur le long terme associés à la consommation d’aliments génétiquement modifiés.

Même si aucun risque n’a été clairement mis en évidence pour le moment, des organismes scientifiques, comme la Société Royale du Canada et la British Medical Association sont d’avis que les OGM devraient être davantage étudiés avant d’être mis en marché.

Sur son site, Greenpeace explique très bien toutes les problématiques liées aux OGM.

Vous pouvez y jeter un œil pour en avoir une idée plus précise[1].

Mais revenons à nos hybrides.

Sont-ils si inoffensifs que cela ?

        Le diable se cache dans les détails

On entend parfois que les hybrides sont stériles et que cela pose problème.

Ce n’est pas tout à fait vrai, mais ce n’est pas faux non plus.

Je m’explique : les hybrides sont la plupart du temps dégénérescents (et certains carrément stériles effectivement).

Cela signifie qu’au fur et à mesure des générations successives, la génération F2 ne sera plus dotée des mêmes qualités.

Les caractères intéressants comme le rendement ou la résistance à une maladie seront de moins en moins exprimés.

Seule la première récolte exprimera son plein potentiel en terme de rendement, de résistance, et de qualité (goût, forme, couleur, taille, etc.).

Une seule solution s’offre alors au cultivateur : racheter des graines hybrides F1, généralement plus chères que les graines non hybrides (ce qui fait les affaires des géants de la semence et de l’agro-alimentaire).

Il est possible de “stabiliser” un hybride, me diront les plus calés d’entre-vous.

Certes, mais il faut faire un long et pénible travail de sélection en éliminant,  à chaque génération, tous les individus qui n’ont pas l’ensemble des caractéristiques souhaitées.

A chaque production, la proportion d’individus éliminés va certes diminuer, mais il faut tout de même 8 à 10 générations pour stabiliser un fruit ou un légume hybride !

Et ce n’est qu’au bout de 8 à 10 ans (autant dire une éternité), qu’on dispose enfin de suffisamment de semences stabilisées.

Voilà pourquoi les variétés hybrides rapportent énormément d’argent aux semenciers :  parce que l’agriculteur se retrouve dépendant de ce dernier pour obtenir des graines F1 et qu’il ne se gêne pas pour fixer des prix élevés.

Depuis les vingt dernières années, les semences potagères hybrides F1 inscrites au Catalogue Officiel[2] sont passées de 20 à 80 %.

Pour les espèces telles que le maïs ou le tournesol, c’est quasiment 100 % !

Or seulement trois grandes sociétés contrôlent 60 % du marché mondial des semences (Monsanto, DuPontDow et Syngenta).

À force de lobbying dans les couloirs du ministère de l’Agriculture ou du Parlement européen, ils sont parvenus à faire de ces variétés hybrides la norme…

        Quelles conséquences pour le consommateur  ?

Si les hybrides possèdent indéniablement des qualités, ils ne sont pas pour autant la panacée pour les consommateurs.

Si l’on compare les produits récoltés sur des plantes hybrides à ceux récoltés sur des non hybrides, cela se traduit chez l’hybride par :

  • Une plus grande teneur en eau, ce qui donne des fruits et légumes sans saveur.  Évidemment, le prix que vous payez comprend bien entendu cette teneur en eau…
  • Une conservation moins longue.
  • Une plus grande teneur en molécules simples, moins intéressantes pour la santé. Les produits hybrides sont en fait semblables à des produits immatures qui n’auraient pas eu le temps de mûrir et de se charger en bons nutriments.
  • Par conséquent, une plus faible teneur en molécules complexes : protéines, polysaccharides (sucres lents ), vitamines, huiles essentielles…

Les semences hybrides germent et se développent généralement plus vite, mais il faut pour cela qu’elles trouvent ce dont elles ont besoin pour pousser.

Bien souvent, l’eau et les nutriments présents en quantité normale dans le sol ne suffisent pas.

Résultat : les agriculteurs ont plus volontiers recours à une irrigation excessive et aux engrais solubles immédiatement disponibles pour la plante.

Voilà pourquoi les variétés hybrides sont en général destinées à l’agriculture intensive plutôt qu’à une agriculture biologique soucieuse de la qualité et de la nature.

Toutes les plantes hybrides se caractérisent aussi par leur grande homogénéité de forme et de calibre.

Cela permet à l’agriculteur d’avoir davantage recours à la mécanisation, en particulier au moment de la récolte.

Ce qui confère encore à ces variétés un avantage pour les grosses productions standardisées destinées à la grande distribution.

Vous l’aurez deviné, tous ces jolis fruits et légumes qui semblent si appétissants et originaux ne sont en réalité que des leurres pour aguicher le consommateur.

Tournez-vous plutôt vers les petits producteurs locaux ou les fruits et légumes bios.

Vos carottes seront peut-être un peu biscornues et d’une couleur moins vive mais vous profiterez pleinement de leur saveur et de leurs bienfaits pour la santé !

N’hésitez pas à me laisser un commentaire.

A bientôt,

Laurent des éditions Nouvelle Page

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Sources :

Merci de ne poser aucune question d’ordre médical, auxquelles nous ne serions pas habilités à répondre.

En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que les éditions Nouvelle Page pourront l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.

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Mhurtel
Mhurtel
1 mois il y a

Bonjour. Lettre très intéressante, merci à vous.
Pouvez-vous me confirmer : les nectarines et les brugnons sont donc des hybrides stabilisés ? Merci d’avance

groetz
groetz
1 mois il y a

article très intéressant merci pour l’info

Bruno
Bruno
1 mois il y a

Bonjour Laurent, le croisement des variétés s’est fait dans la nature depuis que la vie sur terre existe. Cela à permis l’adaptation aux évolutions des conditions environnementales. Pour nous ce qui est le plus visible le mulet ou le bardot par exemple entre cheval et âne, mais qui reste stérile. Les moines ont également expérimenté des croisements pour les plantes sans que cela soit contre nature sinon il n’y avait pas de production, voir les clémentines du frère Clément. Comme pour mieux déstabiliser ceux qui suivent, « on » ne dit plus croisement mais hybridation. La multiplication des termes et la modification… Lire la suite »

Joëlle
Joëlle
1 mois il y a

Merci Laurent pour ces informations nous permettant de se nourrir en conscience

Chantal
Chantal
1 mois il y a

Bonjour, le bonheur d’avoir son jardin potager et de cultiver des variétés anciennes. Chantal

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